Parler d'une Europe unie, c'est poser le problème de l'identité européenne. Pour que l'Europe puisse être unie, il faut pouvoir la définir, lui donner corps. C'est en quelque sorte ce à quoi tendent, progressivement, l'extension et la formation de l'Union européenne telle qu'elle s'exprime aujourd'hui. Mais l'Europe ne se confond pas avec, ne se limite pas à l'Union européenne et à sa construction. L'Europe doit se comprendre comme étant un vaste continent à l'héritage plus ancien et au devenir vraisemblablement plus durable que ceux de l'Union elle-même. Pourtant, on pourrait considérer que la construction européenne, telle que nous la connaissons depuis la fin du vingtième siècle, agit comme le révélateur d'une identité européenne voilée. Ainsi, l'Union européenne servirait en quelque sorte à la concrétisation et à la délimitation d'une géographie demeurée floue.
Si elle n'est pas dénuée d'intérêt, cette vision nous met face à un second problème : celui des limites à donner à la réalisation d'une Europe construite et unie. En ce sens, les premiers élargissements de la Communauté, puis de l'Union européenne ne posèrent pas de problèmes identitaires particuliers. Si discussions il a pu y avoir, elles se sont focalisées essentiellement sur des questions tenant à l'avancement économique et au devenir politique des Etats peu à peu intégrés.
Ce n'est que récemment, avec la reprise d'une dynamique d'élargissement vers l'Est, et avec les questions que pose toute ouverture au bassin méditerranéen, que la problématique des frontières-limites d'une Europe unie s'est à nouveau posée. Où s'arrête l'Europe ? Et par conséquent, où doit s'arrêter l'Union européenne pour être viable, efficace ?
De très nombreuses réponses ont été apportées à ces questions. Chaque domaine d'étude, historique, philosophique, littéraire, économique, a pu proposer sa vision de ces bornes. Et c'est précisément la très grande diversité de ces réponses qui nous amène à nous demander si, en fin de compte, l'Europe a bien des frontières. Ou plutôt, comment penser l'articulation entre frontières culturelles et frontières politiques à l'avenir comme dans le passé ?
[...] En effet, en ce qui concerne l'avancement économique de ces pays, il est assez proche de celui des Douze pour ne pas constituer un point d'accroc. Les débats se concentrent essentiellement sur des questions relatives à la subvention de l'agriculture et à la pêche dans les eaux nordiques. De plus, quelques problèmes relatifs à des exceptions nationales sont posés, notamment en matière de santé publique. Mais aucun de ces points ne constitue un véritable risque de rupture lors des négociations. [...]
[...] Plus problématique fut l'élargissement du 1er mai 2004. Une dizaine d'années après la formation d'une Europe des Quinze, l'UE intègre dix nouveaux membres en un même mouvement d'extension vers l'Est. Un premier problème se pose, qui est celui du niveau de développement économique nécessaire à l'intégration de ces pays issus de la tutelle soviétique. Après une période d'un peu plus de dix ans de thérapie de choc la plupart d'entre eux ont rejoint une logique de marché relativement efficace. Mais bien plus que leur niveau de développement, c'est leur dynamisme qui attire les Quinze. [...]
[...] Depuis la signature, le 25 mars 1957, du traité de Rome instituant la Communauté Economique Européenne l'Europe en tant que formation unitaire a connu cinq élargissements successifs. Le premier, et peut-être le plus problématique, eut lieu en 1973 et consacra l'entrée du Royaume- Uni, de l'Irlande et du Danemark dans la CEE. Cet élargissement fut rendu possible par le remplacement au pouvoir en France du général de Gaulle par son successeur, Georges Pompidou. En effet, jusqu'à la fin des années 1960, la personne du général de Gaulle s'était vigoureusement opposée à l'intégration du Royaume-Uni dans l'Europe communautaire. [...]
[...] Si discussions il a pu y avoir, elles se sont focalisées essentiellement sur des questions tenant à l'avancement économique et au devenir politique des Etats peu à peu intégrés. Ce n'est que récemment, avec la reprise d'une dynamique d'élargissement vers l'Est, et avec les questions que pose toute ouverture au bassin méditerranéen, que la problématique des frontières limites d'une Europe unie s'est à nouveau posée. Où s'arrête l'Europe ? Et par conséquent, où doit s'arrêter l'Union européenne pour être viable, efficace ? [...]
[...] Il est ainsi concevable de définir la géographie d'une Europe unie en échappant à la problématique culturelle qui hante aujourd'hui les discussions relatives aux élargissements à venir. La réflexion de Pierre Manent sur le sujet peut d'ailleurs nous éclairer ; lui qui avance que seule une Europe politique peut produire cette culture européenne que l'on cherche aujourd'hui a priori. Ainsi, la logique veut que l'on détermine les frontières de l'UE sur la base de critères politiques, et ce n'est qu'alors que l'identité européenne apparaîtra sans ambiguïtés. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture