Les frontières de l'Union Européenne

Résumé du document

C'est au suédois Rudolf KJELLEN que l'on attribue la paternité du concept de géopolitique, concept qui a vocation à analyser l'Etat comme s'il s'agissait d'un être vivant. La géopolitique porte donc sur l'étude des liens entre l'espace et le territoire politique en dégageant des enjeux de puissance comme le contrôle des détroits ou une volonté de maîtrise du territoire extranational. Dans ce cadre, le concept de frontière comme limite entre les territoires est central. Du « Lebensraum » de Friedrich RATZEL, tristement précurseur de l'espace vital tel que le concevait Adolf HITLER, au « Rimland » de Nicolas John SPIKMAN la frontière se démarque comme étant une projection dans l'espace de la volonté géopolitique de domination ou de maîtrise du territoire. Cependant, « si nous voulons bien comprendre les lignes frontalières de la politique actuelle, nous devrons faire appel à l'ensemble des frontières linguistique, raciale, culturelle, religieuse et économique » (Friedrich RATZEL, La Géographie politique, 1897). Ainsi une frontière n'est pas que politique ou juridique, elle peut aussi être culturelle ou économique.

Extraits

[...] Enfin, la Turquie est historiquement européenne. A la mort de Soliman II au 16ème siècle, les frontières ottomanes s'étendent jusqu'au nord de Budapest. Le problème turc est néanmoins bien plus profond que cela. Malgré les nombreux efforts faits par le Parti de la Justice et du Développement (AKP, islamistes modérés) comme la reconnaissance officielle de la langue kurde, la Turquie reste stigmatisée par les pays membres de l'UE. A tel point que le sentiment europhile a baissé de 7 points parmi la population turque entre 2005 et 2006. [...]

[...] Friedrich RATZEL a bien montré qu'une bonne frontière repose avant tout sur un consentement mutuel ce qui n'est pas encore le cas en Europe. L'enjeu géopolitique de cette dernière se trouve dans sa capacité à pouvoir concilier les différentes idées de ses membres afin de dégager clairement des frontières, c'est-à-dire à achever sa construction politico-économique. Quelles frontières veut- on en Europe ? Le Royaume-Uni veut-il réellement voir disparaître les frontières de son outlying island (expression chère au géopoliticien MAC KINDER pour désigner les territoires isolés du Heartland ? [...]

[...] Les frontières de l'UE ne sont donc pas du tout les mêmes suivant que l'on considère l'UE comme un marché ou comme un potentiel Etat-Nation. C'est face à cette contradiction que l'Europe doit faire face aujourd'hui et c'est en partie pour cela qu'elle est en crise. Effectivement, comment obtenir un consensus de 27 pays si différents sur un tel dilemme ? Il est clair que la mondialisation est pour beaucoup à l'origine de l'ambiguïté des frontières de l'UE, mais c'est à cette dernière de faire son choix afin de résoudre ses contradictions. [...]

[...] L'ambiguïté des frontières de l'Union Européenne : les contradictions des limites de son espace A. Les contradictions des limites institutionnelles de l'UE avec ses limites culturelles et linguistiques Des frontières culturelles et linguistiques fortes Selon Jacques LEVY dans Europe, une géographie, l'ambiguïté des frontières européennes provient du fait qu'il existe une opposition assez forte entre les frontières institutionnelles de l'Europe et ses frontières culturelles et linguistiques. En effet, alors que la construction européenne tente au moins en théorie de créer un espace uniforme, les frontières culturelles sont là pour durer. [...]

[...] En effet, elle peut être un atout crucial au Moyen-Orient et dans le monde arabo-musulman même si au sein de celui-ci elle est peu aimée du fait de son impérialisme historique. L'intégrer serait le symbole de l'ouverture de l'UE. De plus, est européen qui se sent européen et, en 2005, l'opinion publique turque est favorable à à un élargissement. La Turquie a exprimé pour la première fois son désir d'être européenne en 1963 et l'a ré exprimé de nouveau en 1987 après le retour de la démocratie. [...]