Il faudra donc se pencher sur les différents aspects de la problématique, à la fois au niveau économique et culturel ou religieux, thèmes les plus fréquemment avancés, mais aussi à des niveaux plus inavoués, voire politiquement incorrects; à chaque fois, il faudra établir si l'argument avancé milite en faveur ou contre l'adhésion de la Turquie, et comprendre pourquoi ce pays a été le seul à ne pas avoir de date fixe quant à son adhésion (à la différence des douze autres candidats), lors du sommet de Copenhague de Décembre dernier...
[...] Ainsi, la Turquie sert un peu de modèle face à son voisin iranien, c'est un pays musulman mais pas un Etat musulman. Beaucoup d'habitants sont laïcs et l'islam y est traditionnellement modéré et tolérant. La religion est une affaire privée en Turquie. Istanbul n'a jamais été Islam-bul comme ironisent certains, mais au contraire la ville de toutes les minorités et diasporas. Toutefois, rester sur ce constat serait erroné car, comme dans d'autres endroits, le vernis de l'étatisme puissant craque sous la pression des partis religieux, de la même manière que pour les partis Baas, Fatah, ou nassérien. [...]
[...] Mais si l'adhésion sert les intérêts de la Turquie, quel intérêt a l'Europe à l'accueillir ? Les avantages pour l'Union Il est évident que si les avantages pour l'Union ne sont pas économiques (hormis un vague espoir d'envol du marché turc), il faut les chercher, s'ils existent, dans d'autres secteurs. Ces autres secteurs dépassent l'économie stricto sensu et font appel à la prospective sur le long terme. Au niveau géopolitique et stratégique, il est évident que la Turquie pourrait servir de tête de pont, elle qui a toujours été un Carrefour, entre l'Occident et l'Orient. [...]
[...] Pour Claude Allègre, "la Turquie, ce n'est pas l'Europe. La Turquie n'a jamais fait partie de l'Europe, pas plus d'ailleurs que Constantinople. Constantin était un empereur d'Orient".Il ajoute: "Dans la définition des entités politiques, la géographie, l'Histoire et la culture sont déterminantes. Il existe une culture européenne, il n'existe pas de culture européano-turque". Pourtant, la Turquie et ceux qui la soutiennent n'hésitent pas à mettre en avant la longue tradition européano-turque: l'amitié qui liait Soliman le Magnifique à François Ier , avec la Pologne ou la Hongrie de puis le XVème siècle, les relations avec l'Italie par le biais des vénitiens dès 1381, avec l'Angleterre depuis 1583, avec les Pays-Bas depuis 1612, avec le Danemark depuis 1756, l'Espagne depuis 1783, la Finlande depuis 1924, le Portugal depuis 1931, etc . [...]
[...] Chirac avait annoncé qu'on ne pouvait importer de conflits en Europe, et à la Convention, un consensus régnait à propos de la nécessaire résolution des conflits comme préalable à l'entrée de la Turquie ou de Chypre dans l'Union). Des dialogues entre MM. Clerides et Denktash laissaient présager d'un règlement prochain mais la situation est aujourd'hui au point mort, on sent qu'Ankara n'est plus motivée. Le plus inquiètent étant que l'Union s'était engagée à ne pas employer la force contre un membre de l'OTAN. [...]
[...] Par ailleurs, si la Turquie est une plaque tournante, ce n'est pas uniquement de clandestins. Pierre Hassner révèle le rôle croissant de la Mafia turque[7], la complicité de l'Administration, la corruption des élites, le noyautage de l'industrie pornographique et le trafic gigantesque de drogue. L'économie informelle représenterait entre 20 et du PIB turc, la Turquie serait responsable du transit et de la transformation de de l'héroïne consommée en Europe grâce à ses nombreux laboratoires clandestins. La drogue aurait généré un profit de 25 millions de dollars en 1995 pour 37 millions en 1996 et ce chiffre va croissant[8]. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture