L'euroscepticisme : la difficile question identitaire

Thèmes abordés

Euroscepticisme, question identitaire, UE Union Européenne, Brexit, UKIP, extrême-droite, identité européenne, traité de Maastricht, supranationalité, nationalisme, doctrine économiciste, mondialisation, construction européenne

Résumé du document

L'euroscepticisme. Un terme que tout le monde connaît, que l'on soit expert de l'UE ou géopolitologue en herbe. Un terme qui déchaîne les passions, divise les partis politiques, déchire les nations. Un terme qui revient à chaque élection européenne et présidentielle. Un terme diabolisé qui fait débat, fil directeur de certains programmes nationalistes. Qu'il fascine ou qu'il fasse peur, il ne laisse personne indifférent. Si l'intégration européenne a accouché du modèle de supranationalité le plus abouti du monde, elle peine à convaincre la totalité des peuples européens. Ces derniers, s'ils ne comprennent pas le fonctionnement des institutions européennes et leurs actions, se sentent dépassés par la bureaucratie européenne. Devant ce désarroi, les partis eurosceptiques s'attaquent à l'UE dans tous les domaines : économique, monétaire, diplomatique, souveraineté… À travers ces discours nationalistes revient constamment la difficile question identitaire.

Extraits

[...] Et par conséquent de son indépendance. L'impuissance de l'UE à fédérer les peuples autour d'un projet européen On considère souvent que la montée de l'euroscepticisme est la conséquence de la faible existence d'une identité européenne, celle-ci ne pouvant rivaliser avec les identités nationales. La construction d'une union politique ne peut se faire sans le consentement des peuples et de leur identité. Elle doit donc abandonner cette image libérale pour se rapprocher des peuples et inspirer confiance. Aujourd'hui l'Union européenne est encore fragile et manque de force de conviction. [...]

[...] Qui connait le solde net de la contribution française au budget européen ? Par contre, parlons d'identité et les passions s'enflamment. Jeunes, vieux, cadres, ouvriers, tout le monde comprend. Les dirigeants européens hésitent sur un certain nombre de problèmes et n'osent pas s'y atteler. Ce qui rend le projet européen bancal à propos des enjeux cruciaux pour son avenir. Il se pose notamment la question d'une intégration renforcée au détriment d'un élargissement et inversement. Les récents événements tendent à prouver que la défiance voire le rejet envers l'Union européenne n'a jamais été aussi forte. [...]

[...] L'euroscepticisme est donc la conséquence de l'absence d'une identité européenne claire, celle-ci ne pouvant rivaliser avec la force des identités nationales. Il est donc nécessaire de s'interroger sur la légitimité d'une identité européenne (Partie et la manière dont l'euroscepticisme se sert de la question identitaire pour toucher les peuples en manque de repères (Partie II). I. La construction et la légitimité d'une identité européenne Les attributs de l'identité L'identité est un concept majeur des sociétés. C'est une notion difficile à traiter par la diversité des domaines qu'elle implique. [...]

[...] Avec les mouvements migratoires sud-nord et le renforcement du multiculturalisme, l'ethnicité peut difficilement servir de base. En effet, définir une ethnie comme base d'une identité européenne reviendrait à exclure toute une partie de la population européenne d'origine extraeuropéenne. En ce qui concerne l'identité culturelle, on pourrait la trouver dans le christianisme. La Chrétienté a façonné l'Europe en une communauté unie par la religion. Avec la Réforme protestante du 16e, les guerres de religion et le schisme d'Orient et d'Occident, l'union religieuse a volé en éclat. [...]

[...] L'euroscepticisme, notamment à travers la question identitaire, est le symbole de la crise de légitimité que traverse l'Union européenne. Celle-ci est incapable de réunir les peuples européens dont l'implication est nécessaire à son aboutissement. Avec la sortie de la Grande-Bretagne, principalement basée sur le discours souverainiste et identitaire de UKIP, il est nécessaire de s'interroger sur ses fondations. La vitesse d'intégration n'est-elle pas trop rapide par rapport au changement des mentalités et à la prise de conscience des peuples de l'existence d'une identité européenne ? [...]