1945, le continent européen est dévasté par six longues années de guerre, tout a été mis à feu et à sang, les bilans humains et matériels sont catastrophiques, les dirigeants des différents Etats doivent trouver au plus vite une solution pour remettre sur pied cette partie du monde. Emmanuel Todd parlera même « d'inventer l'Europe ».
Cette idée va s'imposer de plus en plus dans les esprits des hautes sphères autour essentiellement de la notion d'unité. Mais la question qui revient sans cesse est « comment faire ? ». Quelle forme privilégier face aux nombreuses diversités culturelles qui s'entremêlent sur le territoire européen ? Les Etats-nations ont à l'époque des pouvoirs et une souveraineté bien implantés et ces derniers ne veulent pas en être destitués. Pourtant ces pouvoirs vont apparaître comme un obstacle à la construction européenne, qu'à l'époque, on veut plus puissante, voire supranationale. C'est de cette constatation que l'idée d'Europe par la région prend toute son importance. Selon George Vandersander, « la relation entre les régions devient alors paradoxales ». L'Europe par la région serait ainsi plus importante que l'Europe par les Etats puisqu'il y aurait un développement de politique régionale beaucoup plus actif, dans le but de combler les inégalités de l'époque justement à l'intérieur même des Etats et entre eux.
Si nous prenons le mot « région » au sens littéral, cela signifierait une étendue marquée par une même unité quelle qu'elle soit (c'est-à-dire administrative, politique ou par la nationalité). Dans l'esprit de chacun, cela revoit à l'image de la région en tant que découpage à la française, or à l'époque en France ces dernières n'existaient pas encore, il faudra en effet attendre 1982 pour voir un tel découpage sur notre territoire.
Ainsi il convient de s'interroger sur ce à quoi fait référence l'expression « l'Europe par la région » ? À quel principe cela renvoie-t-il ?
L'Europe par la région peut à l'époque être vue comme une entité à l'intérieure de l'Etat, une sorte de collectivité territoriale à laquelle les fédéralistes accordent une grande importance dans leur vision de construction européenne (I), mais l'Europe par la région entre 1949 et 1956 correspond aussi à la naissance de la perception de l'Europe en tant qu'une seule et même région du monde qui va prendre part aux grandes décisions, un long chemin vers l'Europe (II).
[...] Une véritable saga d'auteurs favorables à l'Europe par la région se met en place. En 1947, Denis de Rougemont énuméra les principes du fédéralisme tel qu'il le concevait. Selon lui, il faut s'inspirer du modèle suisse et sauvegarder les minorités. Une fédération, disait-il, se forme de proche en proche par le moyen de personnes et des groupes et non point à partir d'un centre Cet auteur voit à travers la région ni trop grande comme l'Etat ni trop petite comme la commune, l'entité à partir de laquelle doit se construire une Europe fédérée. [...]
[...] Leur mission est principalement économique. Jean-Maurice Martin explique que ce bureau ouvre de nouvelles perspectives à la construction européenne sous l'angle de l'aménagement du territoire européen. La seconde est l'Union fédéraliste des communautés et des régions européennes qui veut promouvoir la liberté des régions par leurs ethnies au travers de ses spécificités ce qui contraindrait l'Etat à se décharger de certains de ses pouvoirs qui entraveraient les libertés régionales. Pour un autre auteur, Alexandre Marc, il apparaît une nouvelle forme de fédéralisme qui place aussi la région au centre des décisions de l'Europe. [...]
[...] La même justice pour une même partie d'un continent. A partir de là, la justice va devenir le centre des relations tant individuelles que collectives en Europe. De plus, elle garantit à tous ses Etats membres la même sécurité. Bien que la Cour soit un organe supranational, les Etats en ont moins peur, car elle n'est en rien une autorité politique, et quelque part c'est aussi une façon de les habituer malgré tout à l'idée d'une Union européenne au sens que nous connaissons aujourd'hui. [...]
[...] De la théologie, elle finira par être économique. Des échanges spirituels, dont elle est née, cette région va devenir l'Europe des échanges matériels juste après avoir été l'Europe des échanges intellectuels. Cette partie du monde aurait pu à de nombreuses reprises s'écrouler et ne jamais se relever, mais au contraire à chaque fois, elle renaît de ses cendres et devient plus forte, bien que certains critiques y voient plus une dégradation. La guerre est finie, mais le territoire est ruiné, vide. [...]
[...] Les partis et le mouvement qui penchent de ce côté ont été directement influencés par la doctrine de Prudhon qui avait lancé les prémices de cette explication. Le régionalisme politique constitue en quelque sorte l'école du fédéralisme pour les nations comme pour les individus. Le régionalisme ne peut demeurer un état définitif : le fédéralisme constitue l'épanouissement suprême du régionalisme, qui n'est en définitive qu'un Etat transitoire. Le régionalisme n'est pas non plus l'autonomisme. Le régionalisme établit une distinction fondamentale entre uniformité et unité. Le régionalisme c'est l'unité nationale. [...]
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