L'Union Européenne est un espace qui se construit par le démantèlement progressif de toute une série de barrières visant à libérer la circulation des marchandises (traité de Rome), la circulation de capitaux, la circulation des hommes. L'idée est de créer un espace de libre circulation en libérant toutes les formes de frontières.
Au fur et à mesure où l'espace européen se décloisonne, on voit s'ériger des murs, ils ne sont pas orientés à la population européenne, mais à ce qui n'est pas européen.
Il s'agit de questionner la fonction de ses murs. Selon Michel Foucher, il existerait 17 murs internationaux en construction ou construits, mis bout à bout ils auraient une longueur de 7.500 km, avec les projets de murs on passerait à 18.000 km. C'est un phénomène en plein essor datant des années 2000.
La construction des murs n'est pas un phénomène nouveau, par exemple la muraille de Chine, le mur d'Hadrien… Ces murs avaient une fonction défensive au sens militaire du terme.
[...] Le mur définit des catégories dangereuses qu'il faut se protéger, nos murs ont des effets stigmatisants. Les murs ont une double orientation : orienter géographiquement la face extérieure du mur diriger vers un Autre, il s'adresse à un Autre qu'il construit lui-même, orientation politique, car une manière de pensée une relation à un Autre. Il définit la légalité c'est-à-dire ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas. Toute loi comporte sa transgression, le mur est porteur de ce désir. Le mur définit un pouvoir. [...]
[...] Quel est le sens politique de ces murs contemporains ? Ils n'ont aucune ambition d'arrêter les invasions ennemies, d'empêcher les ressortissants du pays à sortir. Ils ont une autre fonction : enfermer dehors les indésirables pour cela le mur fabrique des catégories dangereuses : constitue une relation complètement inégale dans la mesure où un État prend la décision de définir le profil du suspect, de celui considéré comme dangereux et que l'on ne veut pas voir sur le territoire national. [...]
[...] Dans le marché mondial de la sécurité, un segment spécifique : les murs. Il ne faut pas penser les murs de manière isolée, mais en relation avec d'autres dispositifs qui trient les flux et contrôlent les mouvements. Ces murs fonctionnent avec des check point, centres de rétention, des prisons : le mur n'est qu'un élément d'un dispositif plus large et plus complexe. L'élément essentiel : le check point c'est-à-dire le lieu de passage, car on s'arrête et on trie. La barrière n'est pas une pièce maitresse, car elle peut être contournée, c'est un obstacle. [...]
[...] C'est ainsi que la fonction de ses murs n'est pas uniquement d'arrêter le clandestin, mais arrêter le terrorisme islamique : objectif de protéger l'Europe. Ils n'ont pas à lutter contre une forme de violence localisée contre l'État, ils sont là pour rassurer, donner le sentiment que les gouvernants luttent contre la dilution supposée de l'identité nationale. Ils sont construits avec justification. Ces murs se développent dans le cadre d'un paradoxe. En effet, ils sont censés arrêter la libre circulation des hommes dans un contexte de flux généralisés. Pourquoi les États construisent-ils des murs ? [...]
[...] Nos gouvernants estiment que nos forces sont inefficaces pour la sécurité. Ils ont donc recours aux murs pour renforcer leur contrôle. Les États s'engagent dans une logique de blindage de territoire. Quand on compare les murs, ils sont différents au niveau technique, il y a des murs plus ou moins élaborés : le mur de Chypre simple rangée de barbelés, le mur de Ceuta-Melilla est plus complexes au niveau technologique La comparaison de ces murs est difficile, mais pas impossible, on utilise les caractéristiques politiques et juridiques au lieu des caractéristiques techniques. [...]
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