Europe: intégration et fragmentation

Résumé du document

Les événements de 1989-1991 mettent fin à la Guerre froide ; avec le bloc soviétique disparaît ce qui structurait jusqu'alors l'Europe : l'affrontement de deux idéologies antagonistes. Nous montrerons dans une première partie que le nouvel espace européen est travaillé par deux mouvements divergents d'intégration et de fragmentation, pour voir ensuite que cette nouvelle architecture européenne fait de l'intégration de l'Autre Europe le défi majeur auquel il va falloir répondre, si l'on veut éviter une contamination de l'Ouest par l'Est

Extraits

[...] Des difficultés économiques qui renforcent l'hétérogénéité de la région La transition s'est soldée par une baisse du PIB de 20 à 30% selon les pays l'ouverture sur l'Ouest a provoqué une forte hausse des importations, tandis que la dissolution du Comecon privait les exportations de leurs principaux débouchés. L'inflation a sapé les pouvoirs d'achat ; le chômage, jusqu'alors inconnu, a ravagé les sociétés. Face à cette situation économique extrêmement difficile, les PECO ne sont pas tous égaux. E et P Mietkowsk2 distinguent ainsi " trois Europes de la transition " 2 Economies et géopolitiques à l'Est, Politique étrangère - le " triangle de Visegrad tout d'abord, dont le processus de stabilisation macroéconomique est achevé, et qui a mis en place l'essentiel des réformes systémiques. [...]

[...] Pour cela, il convient au contraire de propager l'intégration d'Ouest en Est, dans une nouvelle Europe devenue, selon la formule de V.Havel, celle des " vases communicants Pour paraphraser Harold Nicholson, il faut " européaniser les Balkans si l'on veut éviter la balkanisation de l'Europe II. Le défi de l'intégration Le futur visage de l'Europe dépend donc en grande partie de la façon dont seront associés les PECO. Plusieurs mécanismes d'intégration sont en effet envisageables. Nous verrons tout d'abord quelles sont les limites des projets d'intégration locale ou régionale (au niveau de la Mitteleuropa. [...]

[...] - Bulgarie, Roumanie et Etats baltes sont en retard par rapport au premier groupe : le processus de stabilisation et les réformes sont entamés, mais restent inachevés. La Slovaquie se situe entre ces deux groupes, car si elle a bénéficié des réformes commencées avant sa sécession de la Fédération tchécoslovaque (1992), elle est aujourd'hui confrontée à de graves difficultés et suit un programme d'ajustement structurel sous la tutelle du FMI. - Enfin, les anciennes Républiques de l'URSS (Biélorussie, Ukraine et Moldavie) n'ont pas procédé à de véritables réformes. [...]

[...] Cependant, les insuffisances de l'OTAN et des Etats-Unis apparaissent également évidentes. L'expérience bosniaque a mis en lumière le caractère très volatil de l'engagement américain. En effet, dans un nouveau contexte mondial où la." géoéconomie " prime sur la géopolitique, les Etats-Unis revoient leur engagement en Europe selon des considérations de politique intérieure (coût d'interventions que ne justifie plus l'existence de l'ennemi commun, rivalité économique avec l'Europe), et la vitalité de l'OTAN se ressent très fortement de ces réticences. Pour la gestion future d'autres crises périphériques à l'Europe, qui n'impliquent pas de menace directe sur les territoires des membres de l'OTAN, l'Amérique semble ainsi devenue un allié aléatoire et inconstant. [...]

[...] De la part de l'Alliance atlantique tout d'abord : non seulement la Russie s'oppose catégoriquement à l'extension de l'OTAN sur son flanc occidental, mais l'opinion et le Congrès américain sont aussi très méfiants. De plus, l'organisation estime elle-même que les enjeux de sécurité en Europe sont trop divers, et que les PECO ne sont pas encore en mesure d'assumer les responsabilités d'une adhésion. La proposition alternative d'un " partenariat pour la paix n'apparaît aux PECO que comme un pis-aller. Pour l'UE, l'idée que son " élargissement " à l'Est ne pourra se faire qu'au détriment de son " approfondissement " politique explique en grande partie les atermoiements. [...]