Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe est dévastée. Le bilan matériel et humain est terrible. De plus son influence et sa prépondérance dans les affaires du monde est définitivement finie. Que peuvent faire face aux Etats-Unis et à l'URSS une France discréditée par la défaite de 1940 et la collaboration et affaiblie après quatre ans d'occupation, une Italie détruite et soumise à une semi-occupation, une Allemagne exsangue et une Grande Bretagne qui a l'illusion de pouvoir jouer encore un rôle ?
La donne a en effet changé et deux Grands, l'URSS et les EU, émergent des ruines de la seconde guerre mondiale. Des tensions Est-Ouest se développent dès la fin de la guerre pour aboutir à la guerre froide à partir de 1947. L'Europe se retrouve tiraillée entre deux blocs idéologiques et devient un enjeu politique et économique conséquent pour ces deux blocs qui sont en train de se constituer. Or c'est précisément à ce moment que les premiers rapprochements entre pays européens ont lieu.
Peut-on établir une filiation entre la guerre froide et la construction européenne ? Le paradoxe qui veut que l'unité du continent européen soit née de la rupture entre EU et URSS est-elle justifiée (expression de Hamon et Keller)? Cette thèse n'exclut-elle pas certaines réalités qui ne sont pas imputables au conflit entre les blocs américain et soviétique ? Comportent-elles des limites ? En effet on est fille de deux personnes et même de plus dans le cas qui nous intéresse...
[...] Un Message aux Européens est rédigé, un Mouvement européen est créé pour coordonner l'action des différents mouvements et surtout un Conseil de l'Europe est institué (Comité des ministres ; Assemblée consultative ; Secrétariat), fruit d'un compromis entre thèses fédéralistes et unionistes, ces derniers pouvant être satisfaits étant donné le poids limité du Conseil dans les domaines politique, militaire et économique. En tous les cas ce Conseil marque la naissance d'une volonté européenne Conclusion Il semble donc évident que la guerre froide a eu une grande incidence sur la construction de l'Europe. [...]
[...] L'idée d'une unité des Etats européens ne naît donc pas uniquement de la guerre froide mais puise dans un passé très riche. Un moyen pour l'Europe d'assurer la paix sur le continent : l'Europe, fille de la Seconde guerre mondiale ? Au sortir de la guerre, les Européens doivent faire face à un véritable traumatisme moral : L'Europe a en effet été témoin d'un déchaînement de barbarie sans précédent : la découverte des camps d'extermination et de concentration, l'usage systématique de la torture, les souffrances terribles qu'ont endurées les populations civiles. [...]
[...] Une organisation, l'OECE, est crée le 16 avril 1948 et regroupe 16 pays d'Europe occidentale, l'URSS et huit pays d'Europe orientale ayant refusé l'offre américaine, refus qui cristallise la rupture Est-Ouest. Cette organisation engage les européens sur la voie de la coopération et incite à lancer d'autres projets d'unification économique : L'OECE va en effet efficacement renforcer la solidarité des Etats européens dans leur relèvement. - La politique de containment offre également un volet militaire à l'Europe qui se sent menacée au moment où les tensions Est-Ouest s'exacerbent avec la création du Kominform et le coup de Prague. [...]
[...] L'Europe de l'Est se retrouve dans la sphère d'influence soviétique. La menace soviétique se trouve alors aux portes de l'Europe et les Européens se tournent vers les EU dont on va étudier le rôle. De plus le poids des communistes dans la vie politique de pays d'Europe occidentale comme la France et l'Italie où les partis communistes obtiennent 20% des voix et participent au gouvernement inquiètent une partie de l'opinion mais aussi les dirigeants européens et américains. Ceux-ci se refusent à rebâtir l'Europe avec l'aide d'une cinquième colonne : Cette crainte de l'expansion soviétique par l'intérieur est palpable dans le discours que fait Paul-Henri Spaak devant l'assemblée générale des Nations unies en s'adressant au représentant soviétique en 1947 : il annonce : Vous nous inquiétez parce que dans chacun des pays ici représentés vous entretenez une cinquième colonne auprès de laquelle la cinquième colonne hitlérienne n'était qu'une organisation de boy-scouts. [...]
[...] Quelle influence la fin de la guerre froide a-t-elle eu sur la construction européenne ? La fin de la menace soviétique qui fédérait l'Europe place l'Europe devant de nouveaux défis comme la définition d'une identité qui ne peut plus être définie négativement par rapport au bolchevisme, et la nécessité de franchir la porte sacrée du politique selon une expression de J.L. Bourlanges. Pour conclure on peut dire que oui l'Europe est fille de la guerre froide mais ne saurait se limiter à cette filiation. [...]
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