Europe de la défense, défense européenne, stratégies communes, moyens d’actions militaires, projets de défense européenne, Politique Européenne de Sécurité Commune, PESC
« La défense européenne est une illusion, elle ne verra jamais le jour et c'est tant mieux », disait en 2009 Jean-Dominique Merchet, auteur de Défense européenne, la grande illusion. Il la perçoit alors comme le reliquat d'un espoir de construction des Etats-Unis d'Europe, utopique et irréaliste.
Il est vrai que l'Union Européenne garde en mémoire l'échec cuisant de la communauté européenne de défense, en 1954, ainsi que la très faible effectivité de l'Union de l'Europe Occidentale, instituée en 1948 et modifiée en 1954, qui joua le rôle de « bras armé » de l'Union, sans parvenir à convaincre.
Pourtant, depuis quelques années, une Europe de la défense semble se construire pas à pas, et ce notamment suite aux grandes crises des années 1990 sur le vieux continent, crises auxquelles l'union européenne, pourtant déjà constituée, n'a pas su répondre en raison des divergences des pays qui la constituaient. L'appel à l'ONU ou à l'OTAN avait alors été indispensable, mais s'était révélé peu fructueux. De ce constat d'échec était née une réelle prise de conscience de la nécessité d'une meilleure organisation de sécurité et de défense au sein de l'union.
L'Europe de la défense est-elle apte, aujourd'hui, à jouer un rôle géopolitique majeur ?
[...] Ainsi, il apparait que l'Europe de la défense ne soit pour l'instant pas crédible sur la scène internationale. Il est vrai néanmoins que l'Union européenne semble efficace dans la gestion de crises, notamment grâce à une politique consensuelle globalement partagée par les membres en ce qui concerne l'action humanitaire, mais aussi grâce à des moyens institutionnels, capacitaires et financiers qui peuvent permettre de mener à bien ces missions d'assistance, de gestion des situations d'urgence ou de stabilisation des territoires. En revanche, en ce qui concerne les conflits plus importants, qui dépassent le cadre des missions de Petersberg, l'Europe semble confrontée à de nombreux obstacles matériels. [...]
[...] Les intérêts nationaux et internationaux se chevauchent, se contredisent, et le plus petit dénominateur commun lui fait perdre beaucoup de poids. Aucune politique de défense ne peut être envisageable sans politique étrangère commune et il semble que cette politique étrangère soit en réalité très peu commune : les pays n'ont finalement pas tous la même vision de leurs missions ni la même ambition pour l'Union Européenne. Certains pays souhaiteraient faire de l'Union une organisation au premier rang mondial, comme la France, le Benelux et dans une moindre mesure l'Allemagne. [...]
[...] La crise du Kosovo débouche ainsi, en 1998, sur la relance de l'idée d'une défense européenne au sommet franco-britannique de Saint-Malo. Pour la première fois, le Royaume-Uni, qui s'y était toujours opposé, accepte de voir l'Europe se doter d'une « capacité d'action autonome, appuyée sur des forces militaires crédibles ». (On peut toutefois se demander si ce revirement brutal n'est pas la conséquence d'une volonté du chef du gouvernement, Tony Blair, de reprendre pied dans les projets européens, après avoir refusé l'Euro pour son pays). [...]
[...] C'est alors la première fois qu'on envisage d'avoir recours aux moyens de la PSDC sur le territoire même de l'Union. Il semble que l'Union prenne de l'assurance et soit de plus en plus semblable aux organisations régionales ou internationales de défense. Une culture européenne de la défense : le collège de défense Enfin, s'il semble que les 27 soient capables de trouver un terrain d'entente pour établir une stratégie commune, ils cherchent constamment à renforcer cette union, en tentant de développer une culture européenne de la défense, pour qu'à l'avenir, les visions de l'Europe et de la politique de sécurité et de défense qu'elle devrait mener soient aussi cohérentes que possible. [...]
[...] Ces divergences se traduisent par un agenda politique très variable selon les états. La PSDC n'est donc pas seulement une politique de gestion de crise, qui pourrait apparaitre dérisoire face à la défense à proprement parler, c'est aussi une politique qui divise plus qu'elle n'unit, puisque malgré le caractère en général consensuel des missions à opérer, les vingt-sept ont énormément de mal à s'entendre. L'Irak: contre-exemple de l'Europe de la défense Ces difficultés a été illustrées récemment par la crise de la guerre en Irak, pour laquelle els membres de l'union se sont pas parvenus à s'entendre et ont montré au monde que l'Europe n'était pas encore prête à n'offrir qu'un seul visage en matière de défense. [...]
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