L’Europe communautaire face aux Etats-Unis: la construction européenne

Résumé du document

A travers son œuvre « La puissance ou la mort - L'Europe face à l'empire américain », Christian Saint-Etienne s'interroge sur l'évolution et le devenir de la relation particulière qu'entretiennent Europe et Etats-Unis. A la fois frères et ennemis, partenaires et rivaux, cette turbulente relation semble être l'illustration d'un étrange jeu de miroir qui dure depuis longtemps. Et l'expression de Victor Hugo, « les Etats-Unis d'Europe », qui sera reprise par Churchill au moment de la construction européenne, montre l'émergence d'une volonté de s'aligner sur le modèle américain naissant.
« L'Europe communautaire face aux Etats-Unis » amène donc à réfléchir sur l'évolution des rapports entre Américains et Européens depuis 1945, date à laquelle l'idée d'une Europe communautaire se cristallise, sous l'orchestrement américain.

Extraits

[...] L'Europe tente donc d'égaler, de faire face à la toute-puissance américaine. La relation États-Unis/UE peut alors s'apparenter à un véritable duel, où chacun cherche à déstabiliser l'autre, à le défier, en d'autres termes, à en faire, non pas son partenaire privilégié, mais bien son concurrent, pour ne pas dire son rival. Une fois reconstruite, l'Europe cherche à faire face aux États-Unis, ou du moins, à se poser face à la toute-puissance américaine, afin de lui faire contrepoids. C'est d'ailleurs à travers cette volonté accrue de se hisser au même rang que les États-Unis que l'UE tente de se poser en tant que concurrent de ces derniers. [...]

[...] Révélateur enfin du combat virtuel que se livrent les deux puissances. Cependant, s'ils sont concurrents, rivaux, États unis et UE ne sont pas pour autant ennemis. Ils entretiennent une relation certes turbulente, mais stimulante, source d'émulation et de dépassement permanent, véritable compétition les poussant à se livrer à une course à l'excellence. Et ils en redemandent. Ainsi, même s'il existe maints différends, le face à face UE/États unis s'apparente davantage à une compétition constructive, véritable joute où chacun rivalise pour être le meilleur, sans chercher pour autant à détruire l'adversaire, on peut donc penser ce face à face en termes d'interférence, comme un combat où les deux adversaires sont tributaires l'un de l'autre. [...]

[...] C'est donc les États-Unis qui vont fournir à l'Europe les moyens nécessaires à sa reconstruction. Les États-Unis ce sont en effet posés, dès 1945, en premiers partenaires de l'UE en devenir, pour diffuser d'une part leur primauté idéologique, mais surtout pour lutter contre la montée du communisme en Europe. Les aides américaines se sont notamment traduites par des l'affluence de capitaux américain dans le but d'aider à la reconstruction de l'Europe que la guerre a ruinée. Le mode d'administration de l'aide financière américaine à travers le plan Marshall fut l'aiguillon de la construction européenne. [...]

[...] Prenons l'exemple de l'aéronautique : la compétition commerciale entre Airbus et Boeing, les deux groupes aéronautiques qui se partagent le marché mondial des avions de ligne, pose de manière particulièrement exemplaire la question des subventions, dans le contexte de la libéralisation et de la globalisation de l'économie. Simple rivalité entre les constructeurs à l'origine, cette concurrence commerciale s'est peu à peu transformée en différend international où chaque entreprise cherche à renverser l'autre, contestant la légalité des aides publiques directes ou indirectes reçues par l'autre. Il est donc certain que les relations économiques transatlantiques entre l'Europe et les États-Unis sont, de manière récurrente, marquées par de vives tensions. [...]

[...] Quoi qu'il en soit, Europe communautaire et États-Unis ont toujours partagé, et partageront toujours nombre de valeurs et d'ambitions communes. Le rapport entre ces deux entités semble donc ici s'apparenter à un jeu de miroir. Que ce soit par la promotion de la paix, des droits de l'homme et de l'état de droit, ou de la démocratie, du libre échange et de l'insertion économique et commercial des pays en développement, tous deux œuvrent cote à côté, dans le but d'un monde stable, pacifié et unifié. [...]