Il faudra se pencher tout d'abord sur les fondements du rôle de l'Etat et les principes théoriques qui sous-tendent ses relations avec la culture ; puis nous verrons précisément comme se déclinent aujourd'hui les politiques culturelles en Europe ; enfin il s'agira de présenter le défi d'une Europe culturelle
[...] Pour André Malraux, premier ministre des Affaires culturelles, la culture devait être la religion laïque de la France, en un culte populaire du patrimoine de chefs d'œuvre universels dont la France était héritière. Les Maisons de la Culture devaient être les “cathédrales du Xxe siècle”. Ce “grand élan culturel”, comme l'appelle Fumaroli, a trouvé un second souffle en 1981, avec la politique culturelle socialiste. Fumaroli exprime la question de l'Etat culturel avec humour: Exupéry accusa en 1938 la IIIeme République bourgeoise d'assassiner ses petits Mozarts enfants par indifférence et incurie. [...]
[...] L'Etat, ne serait-ce que comme mécène et promoteur de l'art, joue un rôle culturel majeur, et encore plus dans une Europe où l'héritage historique et la notion de patrimoine sont mises en valeur. A côté des structures publiques de la culture, il y a les acteurs privés : les artistes et autres créateurs individuels, mais aussi les industries culturelles : édition, cinéma, etc. Dans de nombreux pays en Europe, on constate que les responsables de grandes institutions culturelles souhaitent acquérir une certaine autonomie par rapport au pouvoir politique et à la tutelle administrative. [...]
[...] La culture semble le parent pauvre de l'intégration européenne. Il est vrai que dans les textes il faut attendre Maastricht pour voir insérer un titre sur le culture qui énonce les principes suivants : Communauté contribue à l'épanouissement des cultures des Etats membres dans le respect de leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l'héritage culturel commun.” (art. 128) L'Europe dispose de quelques instruments, mis en oeuvre par le Conseil de l'Europe et l'Union européenne : le programme Eureka audiovisuel, dont le but est de promouvoir la production européenne et de développer la coopération en matière audiovisuelle entre les 28 pays qui y participent. [...]
[...] On peut se demander alors si il y a une spécificité de la gestion de la culture en Europe. En fait, pas vraiment, les seuls points de convergence venant à la fois du fort héritage et patrimoine de ces pays et du processus de démocratisation culturelle dont ils témoignent. En revanche la question d'une “culture européenne” soulève à nouveau aujourd'hui de multiples interrogations quant au rôle des Etats, et il est vrai que l'on constate une tendance à davantage de flux transnationaux, d'échanges culturels plus ou moins formalisés à travers l'Europe. [...]
[...] C'est donc l'idée d'un service public de la culture qui prend forme. On verra donc dans une deuxième partie que ce rôle culturel de l'Etat prend diverses formes selon les caractéristiques administratives du pays, la tradition artistique, etc. Le patrimoine culturel se trouve également au cœur de la recherche identitaire et des phénomènes d'intolérance et d'exclusion qui accompagnent nos sociétés. La question des minorités, dans certains cas, et surtout celui du démantèlement de l'Empire soviétique divisé en de multiples Etats pose un double problème : celui de la volonté d'appropriation ou de réappropriation d'œuvres de patrimoines nationaux ; et celui du refus de prise en compte d'autres oeuvres que celles purement nationales, par exemple dans le cadre d'expositions d'art d'avant-garde à Moscou qui se limitent aux oeuvres russes et exclue les oeuvres ukrainiennes ou géorgiennes. [...]
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