La question d'une politique culturelle européenne est une des plus paradoxales dans l'actuel mouvement de construction de l'Europe.
En effet, alors que ce qui semble pousser les Etats européens s'unir au plan économique et bientôt politique semble être précisément leur sentiment d'appartenance à une même communauté de culture, partageant histoire, idéaux, et intérêts communs, on constate que l'action de l'Europe en terme de politique culturelle supranationale est balbutiante, voire inexistante. Ainsi, alors qu'elle semble avant tout être un « objet culturel », l'Europe est
actuellement marquée par un réel déficit en terme de politique culturelle. Etrange paradoxe.
Il apparaît que toute la difficulté de la création d'une politique culturelle européenne réside dans la conciliation de deux objectifs opposés : promouvoir une culture « européenne », commune, transnationale d'une part, et respecter la diversité des cultures nationales et locales d'autre part. Pourtant, les enjeux d'une réelle politique à l'échelon européen sont de taille : face à le place croissante prise par la culture dans nos sociétés modernes, il s'agit de mettre en valeur son rôle économique et social d'une part, mais également de percevoir l'importance de son poids dans la construction de l'Europe et l'atout qu'elle pourrait représenter face à la mondialisation d'autre part...
[...] Enjeux et limites de la politique culturelle de l'Union Européenne S'il fallait tout refaire, je commencerais par la culture. Jean Monnet. La question d'une politique culturelle européenne est une des plus paradoxales dans l'actuel mouvement de construction de l'Europe. En effet, alors que ce qui semble pousser les Etats européens s'unir au plan économique et bientôt politique semble être précisément leur sentiment d'appartenance à une même communauté de culture, partageant histoire, idéaux, et intérêts communs, on constate que l'action de l'Europe en terme de politique culturelle supranationale est balbutiante, voire inexistante. [...]
[...] Des limites profondes Outre des limites techniques finalement relatives au mode de fonctionnement actuel des institutions européennes, une politique culturelle européenne rencontrerait des limites autrement plus graves à dépasser car relative à la conception de la relation unissant culture et politique. Une politique commune par essence impossible ? La réalisation d'une politique culturelle commune rencontre d'abord une limite évidente : il n'existe pas une culture européenne. L'U.E. c'est d'abord la réunion de plusieurs Etat-nations aux cultures propres qui se sont précisément formées les unes contres les autres. [...]
[...] Le concept d' Europe ne peut se légitimer que par la culture. C'est parce que les européens ont en commun histoire, courants artistiques, courants de pensée, idéaux et modes de vie que la construction d'une union a pu être conçue. C'est sur un sentiment d'identité commune, d'intérêts partagés et de ressemblances profondes que s'est battit l'actuelle Europe. Si bien sûr, l'UE est née d'abord d'une union économique, et qu'elle ne s'achemine que très lentement vers une union politique et sociale, cette dernière n'aurait pu être possible sans des bases culturelles. [...]
[...] L'empreinte de la culture nationale est donc très forte. On se sent encore français, espagnol ou hollandais avant de se sentir européen. Autrement dit, comment concilier les différentes cultures dans une politique européenne commune ? Le Traité de Maastricht tente d'évacuer dès le début le paradoxe d'une politique culturelle commune : la culture commune n'est pas considérée comme incompatible avec la diversité des cultures nationales. Les européens doivent donc savoir accepter dans leur esprit leur double identité. Ainsi, la politique culturelle ferait naître une nouvelle richesse dans cette dualité. [...]
[...] Tout se passait comme si les institutions européennes révélaient que la coopération culturelle était une tradition séculaire spontanée et bien installée qui n'avait pas finalement besoin d'une aide financière démesurée au regard des autres politiques communes à mettre en place. Cette limite met donc indirectement en lumière un aspect très optimiste de la future politique culturelle européenne ! Ensuite, il faut évoquer le risque de saupoudrage c'est-à-dire d'actions politiques ponctuelles sans réel plan d'ensemble et cohérence. Si l'action culturelle à jusqu'à maintenant largement souffert de cette pratique, on peut espérer que le projet Culture 2000 qui s'est doté précisément pour cette raison d'un organisme de financement unique saura remédier à ce problème. [...]
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