Depuis 1979, les élections européennes ont lieu au suffrage universel dans tous les pays membres. Censée offrir plus de légitimité démocratique aux institutions européennes, cette mesure s'accompagne d'un pouvoir croissant du parlement européen. Pourtant, on a coutume de dire que les élections européennes soulèvent peu l'enthousiasme des foules qu'elles constituent plus un enjeu national qu'européen. L'exemple du référendum de 2005 est assez frappant ; l'essentiel de la campagne des partisans du non s'est cristallisée sur la personne de Jacques Chirac dont on a voulu sanctionner la politique.
On le voit : toutes les élections, tous les référendums qui touchent à la question européenne semblent se porter sur des enjeux nationaux ; on peut alors se demander si les enjeux européens ont été prégnants lors des Européennes de 2009. De prime abord, on relève un certain désintérêt pour la campagne des élections européennes qui a porté essentiellement sur des enjeux nationaux ; mais cette apparence est à nuancer car elle masque un véritable vote sur enjeux d'une part non négligeable de l'électorat.
[...] Sarkozy, tentant de se dresser ainsi comme son opposant principal à la présidentielle de 2012, bien loin des enjeux européens du moment. Cette logique du vote-sanction n'est pas une exception française (graphe) Transition : vidéo débat animé par Arlette Chabot, A vous de juger Cet affrontement entre Bayrou et Cohn Bendit, dans lequel le nom de Sarkozy apparaît d'ailleurs, montre la personnalisation de la campagne qui se cristallise ainsi souvent sur des polémiques entre personnes. Il affiche également la difficulté à poser et à fixer un débat véritable sur les enjeux pour l'Europe Une campagne plébiscitaire de la majorité Si l'UMP a fait campagne sur les enjeux européens, c'est surtout par le prisme d'une défense de son bilan en France. [...]
[...] Perrineau : cette campagne des élections européennes de juin 2009 s'inscrit dans la longue période de déstructuration d'un comportement électoral qui devient intermittent et labile, particulièrement chez les jeunes. À quelques jours du scrutin, interrogés par la SOFRES juin) des sondés déclarent qu'ils peuvent encore changer d'avis. Plus d'un jeune électeur sur deux est dans cet état d'esprit. Surtout dans l'électorat pour lequel l'idéal européen n'est pas ancré, l'absence de campagne longue et constructive provoque une indécision jusqu'au dernier moment. A ceci s'ajoute l'ignorance des institutions européennes par les Français, du processus électif et parlementaire. [...]
[...] Voici les quelques enseignements essentiels que l'on peut tirer : Une poussée importante des écologistes : même si les élections européennes sont traditionnellement favorables aux courants écologistes, celles de 2009 montrent une poussée irrésistible d' Europe écologie qui augmente son score de par rapport à 2004. Près de 20% des électeurs franciliens ont voté pour Europe écologie. Graphe. Par ailleurs des électeurs d'EE disent avoir pris leur décision en se basant sur les enjeux de la construction européenne. Un électorat très européen. [...]
[...] Pour des personnes interrogées, la campagne des listes Europe Écologie est bonne ( seulement la jugent mauvaise); des personnes interrogées considèrent que la campagne de l'UMP et du Nouveau Centre est bonne ( la jugent mauvaise). L'appréciation devient négative pour les listes du MoDem ( bonne mauvaise) et surtout pour celles du PS ( bonne mauvaise). Il est frappant de constater que les listes les plus européennes», celles d'Europe Écologie, sont les mieux placées dans l'opinion. Les électeurs semblent donc dans l'attente de ce que Dominique Reynié appelle une mise en musique de leur espoir européen. [...]
[...] Deux particularités à cette abstention : elle touche tous les électorats (de gauche comme de droite) mais dans à des niveaux vertigineux (Pascal Perrineau) chez les jeunes (18-34ans) : 70% des 18-24 ans et 72% des 25-30 ans se sont abstenus. Ceci fixe bien le désintérêt sensible des nouvelles générations n'ont pas connu la grande époque de la construction européenne- pour les enjeux de l'Europe. Autre électorat qui s'est abstenu massivement : les employés les ouvriers les artisans On constate enfin, selon Perrineau, un surabstentionnisme de l'électorat du non de droite de 2005 (principalement le FN). [...]
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