Au départ considéré comme un phénomène de contestation passager, aujourd'hui la droite radicale et populiste a atteint une nouvelle dimension et parait s'être solidement ancrée dans la scène politique européenne. Nous entendons beaucoup parlé, notamment à travers les médias, de l'apparition et de l'affermissement de ce nouveau groupe politique souvent dépeint comme une menace, nous ravivant le souvenir douloureux du fascisme européens du 20ème siècle. Toutefois, les partis d'extrême droite présents dans les différents pays européens (Front National français, Parti de la Liberté autrichien, Parti populaire danois, etc.) ne peuvent plus être confondu avec le fascisme. En effet, à l'inverse du fascisme, l'extrême droite européenne souscrit à l'exercice de la démocratie. Et, bien qu'elle puisse désapprouver certains aspects de la démocratie libérale, il n'a jamais été question d'y mettre un terme. Hanz Georg Betz parle ainsi d' « extrême droite électorale » pour distinguer cette nouvelle droite du fascisme. Sur ce sujet, une illustration éloquente peut être celle de Gianfranco Fini qui rompit avec le « Mouvement Social Italien », parti néo fasciste italien dont il était issu, pour bâtir un nouveau parti qu'il nomma l'« Alliance Nationale ». Il épura ainsi le dessein du parti de tout résidu idéologique post-mussolinien, dénonçant le fascisme comme étant « le mal absolu du 20ème siècle » et déclarant que le règne de Mussolini fut « un chapitre honteux de l'Histoire de notre peuple ». Et ce, alors que dans les années 90, il se présentait encore comme un grand défenseur du Duce et de sa doctrine.
[...] Éléments d'explication Si l' autoritarisme des classes inférieures était autrefois centralisé par les partis socialiste et communiste, alors associé à des valeurs égalitaires et solidaires ; aujourd'hui, face à l'individualisation, à l'érosion des valeurs ouvrières et à la pression de libre circulation de la main d'œuvre, de nombreuses personnes sont déroutées et se réfugient dans des ressentiments antilibéraux et d'appartenance nationaliste. Les partis au pouvoir ne répondant pas aux attentes de protection de l'Etat persistent à encourager les échanges internationaux sans prendre en compte les changements sociopolitiques modernes. C'est ainsi que les insatisfaits se tourneraient vers les partis contestataires, extrêmes et populistes qui, contestant la tutelle de l'Etat et la solidarité forcée exigent en même temps que l'Etat protège le peuple des attaques extérieures. I. [...]
[...] Le parti pour la liberté néerlandais prend également source dans l'idéologie libérale. En effet, son fondateur, Geert Wilders appartenait au départ au Parti populaire libéral et démocrate, qu'il quitta en 2004 suite à un désaccord concernant l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne auquel il était défavorable. Le Parti pour la Liberté adopte ainsi des positions fermes antiimmigration et antiislam qui deviendra ces thèmes de prédilection Les partis issus du fascisme Les partis tel que le Front National français l'Union du peuple allemand (Deutshe Volksunion DVU) et le Parti national démocrate d'Allemagne (Nationaldemokratische Partei Deutschlands - NPD), le BNP au Royaume Unis ou l'ancien Mouvement social italien (Movimento Sociale Italiano MSI) sont le fruit de la recomposition de la nébuleuse cryptofasciste survenue au terme de la seconde guerre mondiale. [...]
[...] Les étrangers viennent ainsi mettre en péril une identité nationale homogène chimérique. L'islam, plus spécifiquement, semble polariser cette conception de lutte des civilisations et reste au cœur de nombreuses craintes exploitées au niveau politique. On relève ainsi dans moult slogans ethno-culturaliste de partis de droite extrême et populiste tel l'Autriche d'abord (Parti pour la Liberté autrichien FPO), la France aux français (Front National), Les Pays Bas sont plein (La Liste Pim Fortuyn), Le bateau est plein, mettons un terme au demandeur d'asile (Die Republikaner). [...]
[...] La faiblesse des programmes politique des partis de droit extrême et populiste d'Europe occidentale a souvent résidé dans les questions économiques faiblesse pouvant s'expliquer par la contradiction entre un discours économique, par nature technique, et un discours populiste simplificateur et variable. S'affirme toutefois aujourd'hui une économie composite alliant néolibéralisme et une forme de protectionnisme. Néolibéralisme des années 1980 Ces partis ont longtemps accordé à l'économie une place de moindre importance au sein de leur projet politique, se contentant de reprendre la pensée ultralibérale anglo-saxonne des années 1980. [...]
[...] Sans compter que ce mouvement représenterait, selon ces auteurs, la principale forme de contestation de nos sociétés consensuelles. Ainsi, même si les populistes d'extrême droite échouent lorsqu'ils sont aux pouvoirs, ils constituent une véritable menace, semble-t-il, pour les démocraties libérales, notamment parce qu'ils décident de l'ordre du jour (dans le domaine de la politique identitaire) et font ainsi office de moteur. Même lorsqu'il n'est que passager, le succès de ces mouvements est synonyme de fracture, parce qu'ils rejettent les valeurs centrales qui constituent le fondement de la démocratie représentative à savoir, le pluralisme, l'universalisme, la primauté des droits de l'individu, l'égalité des hommes comme base de l'État de droit et la délégation de la souveraineté populaire par le biais du suffrage universel . [...]
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