Phénomène de société et mouvement représentatif de notre temps, l'action humanitaire devait subir une sorte de récupération par le pouvoir politique en Europe et particulièrement par la Communauté Européenne à tel point que l'on parle de la dimension humanitaire de l'UE. Nous allons ainsi étudier comment et dans quelles mesures l'humanitaire est, peu à peu, devenu un facteur déterminant de la politique extérieure de la Communauté Européenne.
L'idée de « dimension » implique non seulement une exigence de taille, de volume, d'extension quantitative et géographique de l'aide humanitaire mais aussi une exigence d'autonomie du champ humanitaire. Bref, il convient de savoir si l'humanitaire constitue un domaine d'intervention spécifique avec ses règles et ses objectifs propres comme pour les dimensions économique ou diplomatique. Pour cela, nous nous proposons d'étudier dans un premier temps les relations organiques existant entre l'esprit européen et celui de l'humanitaire. Nous étudierons ensuite la politique et les modalités d'action de l'Union Européenne en matière d'humanitaire, puis en quoi ce dernier est devenu un élément déterminant et révélateur de la diplomatie et quels en sont les enjeux.
[...] Or l'action humanitaire ne doit pas être autre chose qu'une morale individuelle en actes. Comme l'explique R. Braumann[1], l'« indiscutable fin de l'action humanitaire ne justifie pas toujours les moyens et il est nécessaire de substituer aux fausses évidences de l'action et du spectacle une réflexion, bref de risquer une définition de ce nouveau phénomène de société. Ainsi, l'action humanitaire vise, pacifiquement et sans discrimination, à préserver la vie dans le respect de la dignité et à restaurer l'homme dans ses capacités Ainsi, elle se différencie de l'aide au développement puisque elle n'a pas pour ambition de transformer une société mais d'aider ses membres. [...]
[...] A)ECHO : aboutissement ou nouveau départ ? a)une aide humanitaire diffuse et incohérente Au départ, la politique d ‘aide humanitaire était en fait divisée sous deux rubriques tant au niveau du contenu qu'au niveau du fondement juridique et des administrations compétentes. Il existait d'un côté l'aide d'urgence, qui trouvait son origine dans l'élargissement des relations avec les pays dans le cadre de la coopération au développement et qui regroupait l'aide en cas de catastrophes naturelles et l'aide aux réfugiés. Elle était financée par le Fond Européen de Développement et s'adressait quasi exclusivement aux pays ACP(Afrique, Caraïbes, Pacifique), partenaires économiques de l'UE. [...]
[...] Ainsi, la Commission Européenne fournit 30% du volume total d'aide humanitaire tandis que les Etats Membres sont responsables de le gestion de 25% de l'aide humanitaire publique distribuée dans le monde[20]. De plus, l'UE travaille en coopération avec d'autres organisations. L'Albanie est un exemple : pendant qu'ECHO fournit de l'aide humanitaire et économique, l'OSCE se focalise sur le rétablissement de la démocratie et l'Italie gère la force de protection multilatérale. Un autre exemple du travail d'ECHO se trouve en Serbie, un pays qui, après le retour de la démocratie en Octobre 2000, a reçu une enveloppe d'assistance d'urgence de 200 millions d'euros. [...]
[...] Ensuite, l'ingérence humanitaire est, pour des raisons de rapport de force bien comprises, le fait d'Etats puissants, rassemblés entre autres sous le sigle de l'Union Européenne, à l'encontre d'Etats plus faibles. A l'ingérence est associée la capacité des Grands à imposer leurs règles aux Petits, et exprime en conséquence une relation à sens unique. Il paraît donc aujourd'hui difficile d'agir en invoquant ce principe en Russie ou en Chine et impensable en France et aux Etats-Unis . De plus ,on peut rappeler que la Communauté n'a établi de partenariats qu'avec des ONG européennes ou américaines, ce qui exclut les pratiques et valeurs autochtones au sein de l'action et accroît la sensation d'assistanat. [...]
[...] Kouchner, Le devoir d'ingérence, Denoël M.C Delpal, Politique extérieure et diplomatie morale : le droit d'ingérence humanitaire en question, FEDN dossier La documentation Française Ouvrage de science politique technique mais très intéressant par le problème qu'il soulève (l'ingérence humanitaire est-elle un progrès des relations internationales ou un facteur de désordre planétaire Une étude approfondie dont la rigueur de la démonstration et l'étendue des renseignements fournis en font un très bon outil de travail. Articles : 13. P. Ricoeur, Ethique et politique, Esprit, n°101, mai 1985, p R. Brauman, article publié dans Le Monde du 28 Septembre E. Goemaere, Une ONG au ministère, in Utopies sanitaires, Médecins sans frontières, Editions Le Pommier R. Brauman, entretien accordé à l'hebdomadaire La vie janvier 2002 Sites Internet : 17. Site officiel de l'Union Européenne : www. [...]
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