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Les Européens de l'Ouest font, dès le commencement de la guerre froide, un effort pour organiser leur défense, mais cet effort est dès le début conçu dans un cadre atlantique. Avec son discours de janvier 1948 sur la nécessité de sauvegarder l'Europe démocratique, Ernest Bevin prend une initiative importante. Ce premier effort d'organisation de la défense aboutit au traité de Bruxelles (17 mars 1948) qui associe le Royaume-Uni, la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le traité prévoit une assistance mutuelle contre une attaque survenant en Europe et une consultation en cas de tension ou d'agression en-dehors de l'Europe.
Ce traité institue :
Un conseil consultatif sans véritable pouvoir propre.
Une commission permanente à Londres formée par les ambassadeurs des pays membres qui assure le suivi du travail du conseil.
Un comité militaire permanent qui prépare aussitôt des plans de défense et élabore une stratégie.
Un état-major est établi à Fontainebleau, mais ses travaux ne vont pas très loin.
Ses moyens sont nettement insuffisants. Il faudrait trente-six divisions pour défendre la ligne du Rhin. [Rappel : une division est une grande formation militaire rassemblant des formations de toutes armes ou services.] Les Français et les Britanniques sont loin de les avoir.
Il y a de plus des dissensions entre la France et le Royaume-Uni. Les militaires français ne veulent pas être subordonnés aux Britanniques. Il n'y a qu'entre les aviateurs que la coopération soit satisfaisante, la RAF ayant apporté un appui considérable à la reconstitution de l'aviation française après la Libération. Les Français pensent en outre que les forces correspondant au traité de Bruxelles risquent d'être utilisées pour des combats de retardement, afin de concentrer l'essentiel de l'effort sur la défense des îles britanniques. Les Français croient peu aux assurances des Britanniques qui affirment vouloir combattre sur le continent.
Les Français, enfin, ne veulent pas être les seconds des Britanniques. Ils souhaitent en fait l'intervention des Américains et un commandant en chef américain plutôt que britannique (...)
[...] Le traité instituant la CED est signé le 27 mai 1952. Techniquement, il est complexe : l'intégration des troupes pose un problème. Les militaires, en particulier les Américains, estiment que l'idée de mélanger des soldats de différentes nationalités est impraticable. Ceci conduit, pour des raisons techniques, à l'adoption de groupements homogènes de 13000 à 15000 hommes, l'équivalent de petites divisions. La CED comporte une série d'organismes intégrés à l'échelle européenne : un commissariat à la défense, chargé de l'administration des troupes. [...]
[...] A partir de 1983, le traité de l'Elysée redevient l'instrument de la coopération franco-allemande dans le domaine de la sécurité. En juin 1987, le chancelier Kohl propose la création d'une brigade franco-allemande de 5250 hommes, opérationnelle en 1990. B. Les dispositions du traité de Maastricht. La situation se transforme avec l'effondrement de l'empire soviétique et la conclusion du traité de Maastricht, le 07 février 1992. Le titre V du traité prévoit en effet une politique étrangère et de sécurité commune. Elle ouvre la perspective d'une défense commune. Dans ce domaine, la coopération franco-allemande joue à nouveau un rôle moteur. [...]
[...] De toute façon, l'Allemagne et la France doivent tenir compte du Royaume- Uni et de l'Italie qui insistent sur l'importance de l'OTAN et insistent sur le fait que le nouveau rôle de l'UEO doit être pleinement compatible avec l'alliance atlantique. Cette position conduit aussi l'Italie à manifester un évident scepticisme à l'égard de l'Eurocorps. L'Italie refuse d'y participer car elle y voit une structure trop nettement franco- allemande. Le traité de Maastricht prévoit donc une politique étrangère et de sécurité commune, la PESC. [...]
[...] Les Français, enfin, ne veulent pas être les seconds des Britanniques. Ils souhaitent en fait l'intervention des Américains et un commandant en chef américain plutôt que britannique. B. L'alliance atlantique. Pratiquement dès l'origine, le traité de Bruxelles apparaît insuffisant et le concours américain indispensable. Se produit donc ce que l'on a appelé la fuite vers l'atlantisme. Les Européens, et en particulier les Français souhaitent l'adhésion des Etats-Unis au traité de Bruxelles, de façon à assurer aux cinq l'intervention automatique des Américains. [...]
[...] Mais la France, en fait, hésite entre deux politiques. Participer en tant que grande puissance à la direction de l'alliance atlantique. Créer une défense européenne où la France puisse jouer un rôle de leader. Les gouvernements français cherchent à plusieurs reprises à pratiquer la première de ces politiques. Il s'agit d'obtenir des Américains d'être sur un pied d'égalité avec eux et les Britanniques pour diriger ensemble l'OTAN. C'est la proposition de Georges Bidault, en avril 1950, visant à donner à la France un rôle directeur aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni. [...]
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