Le couple Giscard / Schmidt et la construction européenne

Résumé du document

Helmut Schmidt est né le 23 décembre 1918 à Hambourg. Diplômé en sciences politiques et économiques, il devient député au Bundestag en 1953, comme candidat du SPD. Président du groupe parlementaire du SPD au Bundestag entre 1967 et 1969, il est ensuite ministre de la Défense en 1969 puis obtient le portefeuille du ministère de l'Economie et des Finances entre 1972 et 1974. Il devient chancelier en 1974 et obtient le renouvellement de son mandat à deux reprises, en 1976 et 1980. Considéré comme un promoteur infatigable du couple franco-allemand, il cèdera la place à Helmut Kohl en 1982.
Valéry Giscard d'Estaing naît le 2 février 1926 à Coblence en Allemagne. Il est issu d'une famille d'unification européenne, puisque son père fait partie de la Ligue européenne de coopération économique. Diplômé de l'ENA, il est nommé ministre des Finances de 1969 à 1974, sous la présidence de Georges Pompidou. Il est ensuite élu Président de la République française en mai 1974, lors des élections anticipées provoquées par le décès de Georges Pompidou. VGE est donc élu seulement trois jours après l'élection du nouveau Chancelier allemand. Tout au long de son mandat, il va étroitement collaborer avec Helmut Schmidt.
Au début des années 1970, le processus de construction européenne est ébranlé par une crise générale, d'ordre économique, monétaire, institutionnel et politique. Il faut entendre par construction européenne trois aspects : d'abord une étroite concertation politique entre les pays membres, qui s'établit dans le cadre d'institutions communes propres à la Communauté, donc supranationales ; ensuite un long processus de coopération qui doit mener à terme à l'unification économique et monétaire des pays membres de cette Communauté ; enfin une unité et une action commune destinée à représenter l'Europe d'une seule voix dans le monde, notamment pour promouvoir la paix et défendre ses intérêts.
Avec Helmut Schmidt et Giscard d'Estaing, la France et l'Allemagne entament un nouveau rapprochement. Le couple Giscard/Schmidt, décidé à imprimer un nouvel élan aux relations franco-allemandes, redevient moteur de l'intégration européenne.

Extraits

[...] Avec Giscard et Schmidt, la fréquence et l'intensité des contacts au plus haut niveau entre les deux gouvernements sont sans équivalents dans les relations bilatérales avec les autres pays. De 1974 à 1981, Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt ont voulu que la coopération franco-allemande soit à l'image de leurs relations personnelles, caractérisées par la qualité et la constance. Malgré des origines sociales, des formations et des appartenances politiques très différentes, ils se sont découvert de nombreuses affinités personnelles qui ont facilité la coopération entre leurs gouvernements, rendue indispensable par l'ampleur de leurs liens économiques et par la diversité des problèmes qui se posaient aux deux pays. [...]

[...] En premier lieu, il convient d'appréhender les buts communs et le caractère privilégié de la relation qu'entretiennent ces deux grands partisans de la construction européenne ; avant d'apprécier, en deuxième lieu, la relance du processus de construction européenne par le couple Giscard d'Estaing/Schmidt face à la crise ; pour considérer, en dernier lieu, les limites auxquelles se heurtent leurs actions et leurs ambitions dans le cadre européen. I. Deux fervents partisans de la construction européenne 1. Une relation privilégiée propice au consensus Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt ont appris à se connaître et s'apprécier comme ministres des Finances depuis 1972. Ils entretiennent donc déjà entre eux des rapports peu conventionnels. [...]

[...] Les partenaires ont donc eu des difficultés à s'entendre sur le développement de la coopération politique et l'échec du rapport Tindemans en est la parfaite illustration : il préconisait un élargissement des compétences de la Communauté européenne dans les domaines monétaires, énergétiques, sociaux et régionaux, de même qu'une consolidation des institutions existantes et un développement des institutions communes. C'est sans conteste un échec pour le couple Giscard/Schmidt. Ainsi, Elisabeth du REAU s'interroge sur la réforme des institutions européennes opérées sous l'impulsion du couple Giscard/Schmidt : elle se demande si, bien qu'elle procède d'une volonté démocratique, ces initiatives n'ont-elles pas plutôt abouti à ce qu'elle appelle une eurocratie camouflée Avec le couple Giscard/Schmidt, la France et l'Allemagne fédérale se sont rapprochées pour tenter de mieux affermir le rôle de l'Europe entre les deux Grands. [...]

[...] C'est l'image d'un couple qu'on retiendra du duo Giscard d'Estaing/Schmidt dans la construction européenne. La bonne entente de ces deux grands partisans de la construction européenne contrastera ensuite en 1981 avec la médiocrité des rapports qu'entretiendra Schmidt avec le successeur de Giscard à la présidence de la République, c'est-à-dire François Mitterrand. Bibliographie BITSCH Marie-Thérèse [dir.], Le couple franco-allemand et les institutions européennes : une postérité pour le plan Schuman Bruxelles, Bruylant 609p. BITSCH, Marie-Thérèse, Histoire de la construction européenne, Bruxelles, Complexe, nouvelle édition 2004. [...]

[...] Deux artisans de la construction européenne : relance du processus de construction européenne dans un contexte de crise Pour mesurer le nouvel élan que le couple Giscard/Schmidt va donner à la construction européenne, il faut d'abord présenter le contexte général de crise dans lequel se trouve la Communauté européenne au début des années La construction européenne au début des années 1970 : situation bloquée et processus en crise Avec 252 millions d'habitants, l'Europe des Neuf, qui commence à fonctionner le 1er janvier 1973, apparaît comme la deuxième puissance économique du monde après les Etats-Unis. L'Union douanière s'est étendue et l'on envisage pour 1980 la création d'une véritable Union économique et monétaire. Mais depuis 1973, l'économie européenne est rudement malmenée par la crise mondiale. [...]