Le couple franco-allemand n'aurait plus de raison d'exister pour certains. Ce constat amer est le résultat d'une perte de souffle et d'un affrontement lors de la guerre en Irak en 2003 qui a coûté la crédibilité de l'Europe à parler d'une voix. Le couple franco-allemand semble pour certains menacer la cohésion de l'Europe. En effet, le point de vue des deux partenaires n'est pas toujours conforme aux attentes des pays européens.
Ainsi, pour Bastien Nivet , « un leadership européen ne peut s'exercer sans remplir des conditions minimales d'efficacité et de légitimité ». Quand les divergences naissent entre les deux, cela peut même être dangereux pour l'Europe. L'Allemagne et la France étant aux antipodes, il a alors été très difficile de définir une position commune, perdant ainsi toute crédibilité du côté de l'international, renforçant ce jugement de « nain politique ». Avec deux « enfants » au caractère fort, l'Union ne peut se permettre de jouer les arbitres.
[...] Je pense que ça, c'est la vieille Europe Le secrétaire d'Etat à la défense défend même son point de vue, en déclaration : Si l'on considère l'ensemble des pays européens qui sont membres de l'OTAN, le centre de gravité s'est déplacé à l'est ( Vous avez raison, l'Allemagne a représenté un problème et la France a représenté un problème, mais ( ) si vous regardez bien, très nombreux sont les pays européens qui ne sont pas d'accord avec la France et l'Allemagne sur ce sujet (Irak), ils le sont avec les Etats-Unis Ce discours reposait bien évidemment sur l'engagement de nombreux pays d'Europe aux côtés des Etats-Unis. En effet, le 30 janvier 2003 est publiée la célèbre Lettre des Huit sous l'initiative de Tony Blair et de Jose Maria Aznar, en réponse à la déclaration de M. Chirac le 22 janvier dernier. [...]
[...] Ces deux textes ont entrainé de vives tensions en Europe. Le terme de vieille Europe est ainsi fort, qualifiant le couple comme étant d'un autre temps, peu adapté aux exigences contemporaines. Un froid glacial s'installe alors entre les Atlantistes et les Non-Atlantistes. Jacques Chirac réagit alors virulemment soulignant que cinq des pays ayant signé sont des candidats à l'Union Européenne et qu'ils ont fait preuve d'une certaine légèreté. Car entrer dans l'Union Européenne, cela suppose tout de même un minimum de considération pour les autres, un minimum de concertation. [...]
[...] La France de Jacques Chirac, l'Allemagne de Gerhard Schröder et la Russie de Vladimir Poutine se sont prononcées assez tôt contre la position des Etats-Unis de mener une guerre en Irak en 2003[2]. Le gouvernement fédéral allemand s'était, dès l'été 2002, déclaré opposer au recours à la guerre contre l'Irak et avait alors fait savoir qu'il ne participerait en aucun cas à une quelconque aventure militaire contre Bagdad, quelle que soit la position du Conseil de sécurité à ce sujet. [...]
[...] Bastien Nivet, Op. cit. Déclaration franco-germano-russe du 10 février 2003 et du 5 mars 2003 A l'approche des élections législatives du 22 septembre 2002, l'opinion publique allemande étant alors très majoritairement opposée à ce conflit. [...]
[...] Pourtant, les divergences seront bien évidemment soulignées par les analystes étrangers, qui n'ont pas hésité à mettre en lumière le manque de cohérence. Une position commune européenne était en effet impossible. L'Europe a perdu une occasion de se faire entendre sur la scène européenne. Face aux difficultés de cohésion entre le couple franco-allemand et l'Union européenne, on peut alors s'intéresser à un élargissement éventuel de cette relation, qui donnerait plus d'importance à leurs propositions. Un ménage à trois pourrait ainsi être la solution à ces blocages qui créent une animosité en Europe actuellement. [...]
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