En 1950, cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman affirme que l'unification de l'Europe passe nécessairement par la réconciliation de la France et de l'Allemagne. Quarante ans plus tard, le ministre allemand des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher réaffirme le rôle moteur de la France et de l'Allemagne dans la construction européenne. Deux ans plus tard, le couple franco-allemand donne l'impulsion qui débouche sur la signature du Traité de Maastricht.
Le couple franco-allemand est constitué pour chaque période du chancelier allemand et du président de la République française. Néanmoins, deux ministres peuvent également faire figure de couple franco-allemand ; ce fut le cas de Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmitt qui ont œuvré à la coopération franco-allemande dès 1973, alors qu'ils n'étaient encore que ministres des Finances de leurs gouvernements respectifs. Si le couple franco-allemand apparaît moteur de la construction européenne, le terme « Europe » utilisé dans le sujet suggère une interprétation plus large. Le couple franco-allemand ne s'est pas contenté d'avoir une influence sur la mise en place des instituions de l'Union européenne : il a donné une impulsion décisive à l'idée de l'Europe, celle-ci se définissant au premier chef autour des pays de l'Europe de l'Ouest, mais également, dans un second temps avec les débuts de l'Ostpolitik puis le processus de réunification de l'Allemagne, autour de l'Europe de l'Est.
[...] Suite à ce discours est signé en 1951 le traité créant la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), qui entre en vigueur en 1952. La production de charbon et d'acier des pays signataires, à savoir, en 1951, France, Allemagne de l'Ouest, Italie, Belgique, Luxembourg et Pays- Bas, est placée sous l'égide d'une Haute Autorité indépendante. C'est un succès pour le fédéralisme. Dès 1954 apparaissent les premières limites de la construction européenne naissante avec le problème du réarmement allemand et l'idée de Communauté européenne de Défense (CED). Ces limites ont pour origine les positions françaises par rapport à l'Allemagne. [...]
[...] Le couple franco-allemand relance la construction européenne en pesant dans les négociations des Traités de Rome. La conférence de Messine qui se tient en 1955 a pour objectif de relancer la construction européenne, mais il faut près de deux ans pour faire converger les vues des six membres de la CECA. De nombreuses divergences bloquent en effet les négociations. Le gouvernement italien voudrait inclure davantage la Grande-Bretagne dans le projet européen afin d'alléger le poids du couple franco-allemand. Surtout, la France souhaite développer une communauté atomique européenne, conçue comme un moyen de contrôler les activités nucléaires de l'Allemagne. [...]
[...] Malgré les tensions, les relations franco-allemandes se développent grâce au cadre contraignant du Traité. Le Bundestag, craignant qu'un axe franco-allemand trop exclusif ne compromette le lien transatlantique, vide le traité de sa substance en y ajoutant un préambule réaffirmant la fidélité de la RFA à l'Alliance atlantique. Cela ne manque pas de refroidir les relations franco- allemandes, d'autant que Erhard, bien moins acquis à la politique gaulliste que son prédécesseur, arrive au pouvoir en Allemagne dès l'automne 1983. Néanmoins, le traité étant signé, les deux dirigeants n'ont d'autre choix que d'instaurer des contacts réguliers entre les deux pays. [...]
[...] Le couple franco-allemand ne s'est pas contenté d'avoir une influence sur la mise en place des instituions de l'Union européenne : il a donné une impulsion décisive à l'idée de l'Europe, celle-ci se définissant au premier chef autour des pays de l'Europe de l'Ouest, mais également, dans un second temps avec les débuts de l'Ostpolitik puis le processus de réunification de l'Allemagne, autour de l'Europe de l'Est. De quelle manière le couple franco-allemand a-t-il influencé la construction et l'affirmation de l'Europe ? Quel a été l'impact du contexte de la guerre froide et de la puissance des deux blocs sur le développement de ce couple moteur ? [...]
[...] Le couple franco-allemand donne l'impulsion au traité de Maastricht. La Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) devient alors un objectif commun. La coopération franco-allemande entretient alors avec la construction européenne un rapport ambigu, puisque l'une et l'autre sont complémentaires, mais en même temps, plus l'Europe progresse grâce à l'impulsion franco-allemande, plus le couple franco-allemand semble devoir être dépassé pour faire place à un multilatéralisme européen. De quelle manière le couple franco-allemand a-t-il influencé la construction et l'affirmation de l'Europe ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture