L'Europe d'aujourd'hui est paralysée. L'échec du traité de la Constitution européenne en 2005 a montré les insuffisances d'une Europe dont la construction ne serait qu'économique et juridique. Comment dès lors penser la construction de l'Europe ? Faut-il faire prévaloir une évolution institutionnelle, idéologique ou identitaire ? Si la tentation fédéraliste paraît problématique, l'Europe des valeurs démocratiques, humanistes et républicaines peut, elle, redonner sa place au citoyen et éviter l'écueil d'une construction sans passion.
[...] Ils doivent comprendre le sens de cette Europe encore si abstraite à leurs yeux. Si la formation d'une nation européenne semble inévitable pour arriver au stade d'un état fédéral européen, la question de la souveraineté s'oppose à un tel projet. Cela pousse peut-être à penser la relation de façon inverse en envisageant l'état fédéral comme la première étape vers la véritable concrétisation de la nation européenne. Mais l'essentiel semble alors résider dans les valeurs que partagerait une telle nation, valeurs qui doivent être discutées, diffusées, mais aussi rendues effectives par des institutions réellement représentatives. [...]
[...] L'intégration juridique de l'Europe pose aussi la question de la politique que l'on souhaite mener. En tendant vers une politique libérale, qui certes permet de décloisonner l'Europe et de dépasser les frontières, on provoque néanmoins un repli sur le domaine privé en affaiblissant la puissance publique. On voit ainsi que le renforcement de l'Europe du droit implique non seulement la prédominance d'un droit privé, commercial, mais aussi inévitablement la limitation d'une partie de la souveraineté des états membres et par là même leur affaiblissement. [...]
[...] La seule intégration économique ne permet pas de créer un sentiment d'appartenance à l'Europe suffisant. Former le futur citoyen européen ne signifie évidemment pas endoctriner les enfants, mais il faudrait les familiariser avec une certaine culture universelle, des valeurs partagées par le peuple européen dans son ensemble. On pourrait par exemple s'inspirer du modèle des écoles, ou lycées européens qui existent déjà. Une Europe fondatrice de valeurs communes serait le premier pas vers la constitution d'un état fédéral s'appuyant sur le socle nécessaire de la nation européenne en devenir. [...]
[...] Le fonctionnement d'une politique européenne, d'un débat à l'échelle de l'union, passe par le biais des états-nations. Il serait donc dangereux de supprimer cette hétérogénéité constitutive de l'Europe, surtout pour les pays de l'Est dont la nation est récente et fragile. Il faut ajouter que la république ne s'entend pas seulement au sens classique de lieu privilégié du débat politique, c'est aussi un modèle institutionnel, modèle que des pays tels que la Belgique ou l'Espagne n'ont pas adoptés. C'est pourquoi il faut entendre l'idée de république européenne dans son acception la plus large. [...]
[...] En effet, l'état se conçoit difficilement sans cette assise nationale. Pourtant la création d'un état supranational européen, d'une fédération des pays d'Europe donnerait à l'Union une plus grande initiative politique, un budget plus important et des instances exécutives par le biais d'une police, d'une justice, d'une armée commune. Dès lors pour certains l'élargissement de l'Europe, qui s'est intensifié ces dernières années, ne serait qu'un moyen déguisé pour atteindre le rêve fédéraliste. En d'autres termes, on créerait une union si vaste, si complexe que seule l'union fédérale pourrait parvenir à faire fonctionner un tel ensemble. [...]
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