Du premier élargissement de la Communauté européenne des Six, l'histoire n'a avant tout retenu que la difficile et tumultueuse adhésion de la Grande-Bretagne. Telles un feuilleton à rebondissements, les dates des grands moments de cette candidature ont scandé l'histoire de la construction européenne : 1963 et le premier veto du Général de Gaulle ; 1967 et le second veto ; 1969 et la relance de La Haye ouvrant la voie à de nouvelles négociations entre les Six et la Grande-Bretagne ; et enfin l'épilogue de 1972 et la ratification du traité d'adhésion aux Communautés européennes par la Chambre des Communes.
Or, à l'ombre de cette candidature tant commentée , ceux qu'il était coutume de nommer les « petits candidats » ont subi les soubresauts de l'adhésion du grand frère britannique sans susciter une véritable attention de la part des opinions publiques et des autorités européennes. En dehors de leurs communautés nationales respectives, l'adhésion de l'Irlande, du Danemark et de la Norvège était souvent perçue comme une formalité inspirant au mieux un vague sentiment de sympathie. A l'évidence, la perception de ces pays comme des membres de l'AELE inquiets de voir leur principal partenaire commercial britannique se marier à la C.E.E.
[...] Refusant de décider l'ouverture d'une onzième session ministérielle, la Communauté fait l'ultime proposition d'une garantie politique sur la prise en compte de la situation particulière (conditions géographiques et climatiques) de la pêche côtière norvégienne lors du réexamen du régime dérogatoire sur la pêche en 1982. Face à cette proposition devant figurer en préambule de l'annexe sur les arrangements spéciaux accordés à la Norvège, Bratteli est pressé par les Six de répondre rapidement. Une dépêche AFP datée du 13 janvier 1972 stipule alors qu'Oslo n'est nullement résignée à un échec et que le premier ministre norvégien estime que les négociations ne sont pas encore terminées. [...]
[...] Ainsi, dans l'article du Monde du 26 janvier 1971, un spécialiste des questions nordiques déclare à propos du problème de la pêche norvégienne : Que décideront les Six ? Tout occupés par la candidature anglaise, ils ne se sont pas encore prononcés au fond sur la requête norvégienne. Par ailleurs, on constate qu'entre septembre 1970 et mars 1971 il existe une véritable entente implicite entre les autorités norvégiennes et celles des Six pour ne pas aborder les questions fâcheuses. Quelques articles du quotidien Le Monde pour la période du mois de février 1971 évoquent brièvement les séries de rencontres prévues entre une délégation parlementaire norvégienne et les Six ainsi qu'un voyage du président de la Commission européenne à Oslo. [...]
[...] Bjerkholt, quant à lui, évoque le 25 février dans Le Monde la visite officielle du président de la Commission européenne, M. Malfatti, en Norvège du 24 au 27 février. Le correspondant perçoit alors très bien l'embarras de M. Malfatti qui doit exprimer le soutien de la Commission aux petits pays tout en restant ferme sur le traité de Rome La question de la pêche et de l'agriculture norvégienne reste sous-entendue. Durant cette période de six mois (septembre 1970 à mars 1971), la Norvège négocie sans négocier. [...]
[...] Pour une approche constructiviste remarquable de l'identité nordique voir : SØRESEN Øystein & STRATH Bo, The cultural construction of Norden, Oslo Boston, Scandinavian University Press 315p. L'ouvrage d'Hilary ALLEN, op. cit., analyse le rôle fondamental de ces organisations dans le referendum de 1972. A propos de son rôle dans ces négociations voir : DENIAU Jean- François, Mémoires de 7 vies Croire et Oser, Paris, Pocket 490p. Sur la question du compromis et de son rôle décisif dans les négociations d'adhésion voir : FROLAND Hans-Otto, "Choosing the Periphery : The Political Economy of Norway's European Integration Policy, 1948-73." Revue d'Histoire De l'Intégration Européenne,2001, vol p.77-103. [...]
[...] On peut effectivement remarquer avec quelle insistance la question de la candidature norvégienne est traitée à travers le prisme du Nordek dans Le Monde Diplomatique. Dans le numéro de Mars 1970, un journaliste, Guy de Faramond, revient sur l'histoire du Nordek et le qualifie d'exemple de pragmatisme nordique mis en danger par les candidatures unilatérales de la Norvège et du Danemark à la C.E.E. Toujours plus remarquable, le numéro de novembre 1972 analyse le refus norvégien à travers la question du Nordek dont l'avenir est jugé incertain. [...]
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