Aux dernières nouvelles, la Banque Centrale Européenne ne baissera pas ses taux. A inflation égale, la BCE maintient son taux REFI à deux pour cent, la FED l'ayant porté à un pour cent. Toute la presse l'a dit « sous pression », ce qui n'a pas empêché l'institution de Francfort de refuser la baisse de son taux directeur à court terme. En cela, elle se conforme à son image qui est celle d'une banque centrale davantage attachée à la stabilité de l'inflation qu'au soutien à la croissance.
La BCE fonctionne depuis 1999. Les banques centrales nationales appliquent la politique décidée par la BCE : l'ensemble forme le Système Européen de Banques Centrales (SEBC). La politique de la BCE se décide au sein du Conseil des Gouverneurs, formé du Directoire de la BCE et des 12 gouverneurs des banques centrales nationales (BCN) de la zone euro. Le Directoire de la BCE applique les décisions du Conseil : il est formé de 6 membres pourvus d'un mandat de huit ans non renouvelable : le néerlandais Wim Duisenberg a cependant laissé sa place de Président du Directoire au français Jean-Claude Trichet en 2003, comme cela avait été convenu lors des négociations. Le Conseil Général, pour sa part, associe les gouverneurs des banques centrales des pays non membres de la zone euro aux travaux de la BCE.
L'indépendance de la BCE est reconnue formellement par les traités européens. Cependant, nombreux sont ceux qui reprochent à la BCE les choix de politique monétaire auxquels elle se livre. La lutte contre l'inflation est-elle toujours d'actualité ? Ne risque t-on pas ainsi d'étouffer toute reprise ? Pourquoi la BCE n'a telle pas plus fait au moment de la forte appréciation de l'Euro face au dollar fin 2003 ? Certes, la BCE fait beaucoup ; mais elle ne fait sans doute pas assez.
[...] La crédibilité joue plus généralement un rôle important dans la détermination des anticipations des agents. Or la BCE souffre d'un problème certain de crédibilité. Non pas que sa politique soit systématiquement incomprise : l'indicateur de transparence mis au point par Gros prouve au contraire de ce que l'on lit souvent que la BCE a ces dernières années plus souvent été correctement comprise que la FED par les agents. Mais certaines de ces décisions (ou indécisions) ont accrédité l'idée d'une BCE timorée et excessivement raidie sur ses principes non inflationnistes, qui finit cependant après un certain délai par suivre les orientations impulsées par la FED. [...]
[...] Il serait donc envisageable de considérer désormais un agrégat plus étendu et plus représentatif des instruments actuellement utilisés, tout en en faisant l'un des indicateurs du pilier économique. Cela voudrait toutefois dire que la BCE rompt au moins symboliquement avec la théorie quantitative de la monnaie Un autre indicateur à revoir est l'output gap. Celui-ci s'évalue en partie sur la base de données passée, dans un contexte de croissance décevante. La BCE doit donc contribuer au relèvement du taux de croissance potentielle de la zone euro, en favorisant notamment l'offre de capitaux. Comment mettre les instruments de la politique monétaire au service de la croissance ? [...]
[...] Pour autant, la BCE a toujours prétendu prendre en compte la stabilisation conjoncturelle dans sa politique. Quatre ans d'existence lui ont-ils donné raison ? A La stabilité des prix, objectif principal, mais pas exclusif L'article 105 du Traité sur l'Union Européenne n'a pas subi de modifications majeures depuis Maastricht. Il y est précisé : L'objectif principal du SEBC (pour Système Européen de Banques Centrales) est de maintenir la stabilité des prix La BCE s'inscrit ainsi dans la lignée de la Bundesbank. [...]
[...] B BCE : Une tactique à revoir La tactique de la BCE peut également être, dans une certaine mesure, améliorée. La BCE pourrait ainsi être amenée à revenir sur l'utilisation qu'elle fait des deux piliers monétaires et économiques. Ces deux piliers sont actuellement liés à la stratégie de la BCE, en ce qu'ils lui permettent d'ajuster sa politique. Une fourchette d'inflation choisie, ces piliers réformés peuvent devenir d'utiles éléments tactiques au service de celle- ci. Le premier pilier est le plus contesté. Le choix de M3 était-il le plus pertinent ? [...]
[...] A BCE : Une stratégie à revoir On l'a dit, la stabilité des prix fait toujours l'objet d'un large consensus. Et ce, alors même que cette stabilité semble depuis longtemps assurée à l'échelle de la zone euro. Cependant, à l'échelle de chaque pays, un fort différentiel d'inflation persiste. La perspective de l'élargissement de l'UE le 01er mai prochain conduit également à s'interroger sur la pertinence de la cible d'inflation choisie par la BCE. Les pays entrants vont en effet se livrer à un rattrapage d'ailleurs largement entamé. [...]
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