L'Union européenne peut-elle se passer de l'OTAN ? Cette question renvoie à l'idée très française d'une opposition entre une Europe de la défense et l'Alliance atlantique. Elle amène aussi à s'interroger sur la réalité de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) qui semble à première vue très limitée. Envisager que l'UE puisse se passer de l'OTAN semble donc soit très optimiste soit plutôt ironique. La PESD, qui ne date que de 1999, mérite cependant mieux que le jugement sévère que sa faible visibilité nous conduit souvent à faire. Au vu du chevauchement de leurs compositions étatiques et de la convergence de leurs objectifs, le développement de l'Europe de la défense parallèlement à celui de l'OTAN n'est, en réalité, pas sans soulever des interrogations. Nous verrons dans une première partie que l'idée d'une Europe de la défense, tabou depuis l'échec de la CED, s'est imposée face à la tragédie des Balkans et a abouti à la création de la PESD. Dans la seconde partie, nous observerons que si la défense européenne a connu ses premières réalisations concrètes depuis 1999, l'Union européenne est encore loin de pouvoir se passer de l'OTAN
[...] Le projet français de Communauté européenne de défense, proposé l'année suivante par le président du conseil René Pleven, ne remettait pas en cause l'Alliance atlantique puisqu'il prévoyait la constitution d'une armée européenne participant à la défense occidentale dans le cadre du traité de l'Atlantique Nord (art.2). Son échec a par contre condamné l'Europe de la défense pour près de 45 ans. Certes, l'Union de l'Europe occidentale (UEO) a été constituée en élargissant à la République fédérale d'Allemagne et à l'Italie le traité de Bruxelles de 1948 mais cette organisation est restée dans l'ombre de l'OTAN. [...]
[...] Les sept pays membres se déclaraient résolus à renforcer le pilier européen de l'Alliance atlantique Il n'était donc pas question d'une défense européenne séparée de l'OTAN mais davantage personnalisée en son sein. La dissolution du bloc communiste a considérablement modifié la définition de la notion de défense européenne : d'une défense territoriale face à la menace soviétique, celle-ci est passée à une logique de sécurité collective reposant sur le maintien d'une stabilité mondiale par des moyens économiques, civils ou militaires. [...]
[...] L'Union européenne peut-elle se passer de l'OTAN ? Cette question renvoie à l'idée très française d'une opposition entre une Europe de la défense et l'Alliance atlantique. Elle amène aussi à s'interroger sur la réalité de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) qui semble à première vue très limitée. Envisager que l'UE puisse se passer de l'OTAN semble donc soit très optimiste soit plutôt ironique. La PESD, qui ne date que de 1999, mérite cependant mieux que le jugement sévère que sa faible visibilité nous conduit souvent à faire. [...]
[...] Le développement de la défense européenne n'a pas vocation à se faire contre l'OTAN mais plutôt en coopération avec elle. L'attachement historique de nombreux pays d'Europe occidentale à l'Alliance atlantique se trouve aujourd'hui renforcé par celui plus récent des anciens pays communistes, nouveaux ou futurs entrants dans l'UE, qui ont bataillé pour intégrer l'OTAN (la République Tchèque, la Pologne et la Hongrie en 1999 ; la Slovénie, la Slovaquie, les 3 pays Baltes, la Roumanie et la Bulgarie en 2004). [...]
[...] L'action tardive de l'OTAN débouchant sur les accords de Dayton en 1995 a surtout été le fait des Etats-Unis. Le traité d'Amsterdam a marqué une nouvelle avancée avec l'introduction des missions de Petersberg dans la PESC. Néanmoins, c'est le sommet franco-britannique de Saint-Malo en décembre 1998 qui a donné l'impulsion décisive. Après avoir pris conscience de l'impuissance européenne face au drame des Balkans, le premier ministre Tony Blair et le président Chirac sont parvenus à accorder deux visions très différentes de l'Europe de la défense, celle, britannique d'une Europe au service de l'Alliance atlantique et celle, française, d'une Europe puissance, pour affirmer la légitimité de l'Union européenne à se doter d'une capacité autonome d'action, appuyée sur des forces militaires crédibles [ . [...]
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