La construction communautaire s'est développée, pendant plus de trente ans dans une Europe coupée en deux : les échanges entre l'Est et l'Ouest étaient réduits au minimum, et l'adhésion de pays de l'Est était impensable. La disparition brutale du rideau de fer a crée un besoin d'échanges de marchandises mais aussi d'une aide accompagnant la transition d'économies socialistes vers l'économie de marché. Elle a fait naître ainsi une logique d'intégration des Pays d'Europe centrale et orientale (PECO) dans l'Union Européenne. Le principe d'élargissement de l'UE, approuvé pour la première fois à l'occasion du sommet européen de Copenhague de juin 1993, constitue donc simultanément un aboutissement logique de ce processus d'intégration et une expérience à bien des égards inédite pour la construction européenne: l'adhésion probable de six pays à l'horizon 2003 - Hongrie, Pologne, République Tchèque, Slovénie, Estonie et Chypre - représente un changement d'échelle sans équivalent depuis l'entrée en 1972 du Danemark, de l'Irlande et du Royaume-Uni. Cet élargissement concerne toutefois des pays dont les économies, anciennement planifiées, sont en cours de transformation structurelle et d'ouverture internationale, et dont les niveaux de richesse sont très en deçà de ceux des membres actuels de l'UE. Cet écart de développement pose dès lors le problème du coût et des avantages pour l'Union Européenne d'un élargissement à l'est.
Si l'élargissement implique de fait des coûts de transition importants, il peut constituer à moyen terme une formidable source de croissance (I) mais devra s'accompagner d'une profonde réforme des politiques communes ce qui risque de pénaliser les États "périphériques" de l'UE (II).
[...] Les conséquences négatives de l'application de la PAC aux PECO doivent pourtant être nuancées - L'agenda 2000 a prévu une réforme complète de la PAC avant tout élargissement: Privilégier le soutien direct des revenus plutôt que le soutien des prix agricoles, par un système d'aides directes au producteur. Baisse générale du niveau des prix et rapprochement progressif vers les prix mondiaux (pour diminuer le montant des restitutions aux exportations). Instauration de compensations partielles. - Le coût de l'élargissement pour la PAC ne doit pas être exagéré: les prix agricoles des PECO sont inférieurs à la moyenne communautaire. [...]
[...] - Mais la réforme des fonds structurels se heurte à l'opposition des pays "périphériques" de l'UE (Grèce, Portugal, Espagne, Irlande) qui se verraient privés des aides du FEDER au titre de l'objectif 1 en raison de la révision des conditions d'attribution des subventions. Conclusion Au total, l'élargissement de l'Union Européenne à l'est soulève des inquiétudes et des incertitudes qui dépassent largement le champ étriqué de l'intérêt économique. Certains soulignent en effet les dangers pour l'Union Européenne d'un élargissement, compte tenu des déséquilibres de développement et du coût prohibitif d'une intégration économique et sociale brutale. [...]
[...] L'intégration des Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) présente pourtant à moyen terme des effets économiques bénéfiques Une intégration problématique du fait des "acquis communautaires" - Les effets bénéfiques de l'élargissement dépendront largement du type d'intégration réalisée: or, l'acquis communautaire tant politique, monétaire, financier, que commercial est aujourd'hui une construction complexe. - Problème majeur: des clauses dérogatoires à cet acquis risque de le dissoudre. Les futurs adhérents ne pourront pas adhérer directement à l'UEM ni respecter dans un premier temps l'ensemble du droit européen de la concurrence (période de transition plus ou moins longue). [...]
[...] Les niveaux de prix sont inférieurs à ceux de l'UE d'où menace pour la production agricole de l'UE qui serait concurrencée par celle des PECO. - La PAC est menacée par l'élargissement: le mécanisme des prix de soutien peut amener à une augmentation de la production agricole à l'est dans des secteurs où l'écoulement des stocks est déjà problématique (lait, bovins La gestion de tels excédents poserait d'énormes problèmes budgétaires (estimés par la commission à 12 milliards d'euros par an). [...]
[...] Les pays de l'UE et notamment les États du sud peuvent être confrontés à un manque de compétitivité pour le textile, la chimie et donc à un chômage sectoriel. Risque de plus de délocalisation des entreprises des quinze vers les nouveaux Etats-membres (aggravation du chômage). - L'élargissement de l'UE présente également un risque en terme de croissance: Dans une perspective keynésienne, la faiblesse des coûts de production à l'est entraînera une pression à la baisse sur les salaires des catégories de main-d'oeuvre les moins qualifiées dans les quinze, catégories qui ont la proportion moyenne à consommer la plus forte. [...]
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