La France et l'Allemagne au coeur de la construction européenne

Thèmes abordés

Union européenne, France, Allemagne, relation franco-allemande, construction européenne, troisième Reich, Traité de Versailles, Hitler, occupation allemande, Libération française, commerce, diplomatie, de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, Helmut Schmidt, François Mitterrand, Traité de Maastricht

Résumé du document

On peut bien sûr partir des deux dates proposées : 1919, une hégémonie française sur le continent semble possible, au détriment bien sûr de l'Allemagne ; 1992, le Traité de Maastricht met en place une Union européenne, objet politique qui n'est pas nécessairement simple à définir, mais qui est en quelque sorte intermédiaire entre une confédération et une fédération. Or cette union est largement le résultat d'un compromis franco-allemand.
Comment, et selon quelles modalités, la France et l'Allemagne ont-elles pu s'accorder pour devenir, sinon le moteur unique, du moins l'un des principaux agents de la construction européenne ?

Extraits

[...] La France n'est pas selon lui, au contraire de l'URSS, au cœur des préoccupations nazies, d'autant que la puissance française est dans les années 1930, très affaiblie et n'est plus considérée par Hitler comme un obstacle incontournable à ses projets. La France, dans ces conditions, peut théoriquement choisir entre trois options en 1933. La guerre préventive. Mais la dangerosité du nouveau régime est-elle perçue ? De plus, l'opinion, en particulier la gauche, s'y opposerait. Le rapprochement avec l'Allemagne sur fond d'antisoviétisme. La France serait devenue le junior partner de l'Allemagne. Mais un tel choix compromet l'entente avec le Royaume-Uni. Privilégier l'entente avec le Royaume-Uni et une politique d'apaisement. C'est la politique qui est retenue. [...]

[...] Locarno (1925), entrée de l'Allemagne à la SDN en 1926. Suit en 1927 un rapprochement, qui se fonde sur la sidérurgie. La sidérurgie française fait des progrès spectaculaires à partir de 1924, d'autant qu'elle accède désormais au charbon allemand. Les sidérurgistes français et allemands, poussés par les gouvernements, sont conduits à mettre fin à la guerre froide qui les oppose depuis Versailles. En septembre 1926, un accord de cartel est conclu, c'est l'Entente internationale de l'Acier. L'Entente internationale de l'Acier fixe des quotas de production entre les diverses sidérurgies nationales : Allemagne France Belgique Luxembourg Sarre Un énorme problème est donc réglé. [...]

[...] Sur cette question, voir Daniel Lefeuvre, évolution sectorielle du commerce extérieur français des années 1920 aux années 1950 et surtout Jacques Marseille, Empire colonial ou Europe, l'enjeu des années 1950 in le commerce extérieur français de Méline à nos jours, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France Français et Allemands apprennent à travailler ensemble dans le cadre de la CECA. La CED est par contre un échec. Deux explications : le projet d'armée européenne est loin d'être dépourvu de faiblesses. [...]

[...] Il reste certes fidèle à son but ultime, la restauration de la grandeur du Reich. Mais il devient réellement soucieux d'un rapprochement franco-allemand tout en redoutant une catastrophe, qu'il souhaite éviter. Le plan Briand est en partie une réponse à une demande de garanties pour les minorités nationales faites par Stresemann à la SDN : dans l'Europe issue de Versailles, les minorités représentent en effet une quarantaine de millions d'individus, dont dix à douze millions de germanophones. C'est un très gros problème, potentiellement explosif. [...]

[...] Le discours de Bidault devant l'Assemblée nationale le 13 février 1948 indique sans doute le moment où la politique française a nettement changé, même s'il faut noter que ce discours, assez curieusement, passe sur le moment relativement inaperçu. Le trait saillant du discours est une profession de foi européenne : la France doit devenir le fer de lance d'une organisation de l'Europe. Celle-ci est présentée par Bidault comme la solution du problème allemand : il s'agit de troquer une politique de contrainte contre une politique d'intégration de l'Allemagne dans l'Europe. [...]