La République démocratique allemande (R.D.A.) est un État artificiel créé par les Soviétiques et les communistes allemands, le 7 octobre 1949. Sans autre légitimité que le socialisme stalinien, il s'est effondré comme un château de cartes au dernier trimestre de l'année 1989. Le pilier du régime, le Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, S.E.D. (Parti socialiste unifié d'Allemagne), s'est montré incapable de procéder aux réformes demandées par une part croissante de la population, sans se mettre totalement en question. Les révélations sur la corruption et les abus de pouvoir par les plus hauts responsables de l'État ont ruiné la crédibilité déjà très faible du parti.
[...] Au début, pour faire respecter sa souveraineté, la R.D.A. fait passer les convois partis de Prague par son territoire. Mais les passages des trains de la liberté provoquent presque des émeutes dans les gares est-allemandes, car de nombreux candidats au départ veulent prendre ces trains d'assaut pour fuir à l'Ouest. L'exaspération des pays d'Europe de l'Est obligés d'accueillir autant de réfugiés dans des conditions très difficiles pousse la R.D.A., complètement débordée, à ouvrir subitement le Mur de Berlin et la frontière interallemande dans l'espoir que l'exode s'arrêtera. [...]
[...] Avec le soutien de Moscou et des autres pays du pacte de Varsovie, le S.E.D. décide alors de construire le Mur de Berlin à partir du 13 août 1961 et de rendre la frontière interallemande encore plus hermétique. Effectivement, le régime se stabilise, mais sans gagner à sa cause une population souvent résignée. Le niveau de vie est plus élevé que dans les autres pays de l'Est, mais l'écart avec la R.F.A. reste considérable. Le régime se raidit sur le plan idéologique, car il se sent menacé par le rapprochement entre les deux Allemagnes, imposé par les Soviétiques. [...]
[...] Outre l'exode, les manifestations de rue, d'une ampleur et d'une fréquence jamais vues en R.D.A., contribuent à saper l'autorité du pouvoir, incapable de maîtriser de tels mouvements de foule. Parties des Églises, ces manifestations dénoncent au début le refus du pouvoir d'accorder davantage d'autorisations d'émigration légale ou de reconnaître les mouvements d'opposition comme le Nouveau Forum (Neues Forum). Les manifestations changent de caractère lorsque les participants annoncent leur désir de rester en R.D.A. mais en exigeant la réforme du régime. [...]
[...] qui n'obtiennent pas l'autorisation légale d'émigrer en république fédérale d'Allemagne se réfugient dans la représentation permanente de Bonn à Berlin-Est ou dans les ambassades ouest-allemandes en Europe de l'Est. La R.D.A. cède, en général, en s'engageant à traiter rapidement et de façon favorable ces demandes. La nervosité du régime est accentuée par la politique de réformes en U.R.S.S. Les contestataires scandent volontiers le nom de Gorbatchev. Dans un entretien à l'hebdomadaire Stern avril 1987), l'idéologue Kurt Hager exprime en ces termes le refus de la direction du S.E.D. [...]
[...] Le régime n'avait jamais connu une telle forme de contestation. Le 9 octobre, l'effusion de sang est évitée de justesse, la police renonçant au dernier moment à intervenir malgré les ordres reçus. Un million de personnes manifestent à Berlin-Est, le 4 novembre, en faveur des réformes. Le mouvement se poursuit ensuite jusqu'en décembre pour demander l'accélération des réformes et l'élimination de la Stasi. À partir du 20 novembre, des slogans en faveur de la réunification apparaissent. Trop occupés par les réformes politiques et économiques, les responsables de l'opposition auraient souhaité que le débat sur l'unité allemande ait lieu plus tard. [...]
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