L'effondrement du système de Bretton Woods et la décision américaine de laisser flotter le dollar en août 1971 engendrent une onde d'instabilité sur les marchés des changes qui remet profondément en question les rapports de parité entre les monnaies européennes. En mars 1972, les Six essaient de relancer la dynamique de l'intégration monétaire en créant le "serpent dans le tunnel": il s'agit d'un mécanisme de flottement concerté des monnaies (le "serpent") à l'intérieur de marges de fluctuation étroites par rapport au dollar (le "tunnel").
Ces pays se rendent compte qu'ils ne veulent plus prendre le risque de laisser leurs échanges commerciaux à la merci d'un mouvement spéculatif qui prendrait l'un d'entre eux pour cible. Par le pacte signé, les pays s'engagent à flotter de conserve en maintenant entre leurs devises des rapports quasi stables (+ ou - 2,5% d'oscillation maximum).
Cependant, la chute du dollar américain continua et de 1972 à 1978, les devises craquèrent les unes après les autres. Le gouvernement américain ne soutient pas sa monnaie et début 1978, l'instabilité monétaire est généralisée et la situation est telle que même les échanges communautaires sont menacés. Les monnaies européennes les uns après les autres doivent quitter le Serpent monétaire européen.
Les efforts en vue de créer une zone de stabilité monétaire reprennent en mars 1979, sous l'impulsion de la France et de l'Allemagne, avec la mise en place du système monétaire européen (SME) basé sur le concept de taux de change fixes, mais ajustables. Les monnaies de tous les États membres, à l'exception du Royaume-Uni, participent au mécanisme de change.
[...] Parallèlement, la France et le Royaume-Uni souhaitaient adopter une politique monétaire plus souple pour soutenir l'activité. Il en résulta un différentiel de taux assez important entre l'Allemagne et les deux autres pays, différentiel qui se soldait par des sorties importantes de capitaux de la France et du Royaume-Uni. En conséquence, les deux pays commencèrent à faire pression sur l'Allemagne pour qu'elle renonce à sa politique monétaire restrictive. Le conflit d'intérêts n'échappa pas aux spéculateurs qui comprirent que les autorités françaises et britanniques étaient tentées de rompre le lien qui rattachait leurs monnaies au mark, c'est-à-dire à sortir du SME pour pouvoir pratiquer une politique monétaire indépendante. [...]
[...] La politique monétaire européenne, grâce à une entité décisionnelle plus forte, serait un avantage indéniable pour l'Union Européenne sur la scène mondiale. Bibliographie Artis, M.J & Zhang, W. [1995], “International Business Cycles and the ERM: Is there a European Business Cycle? CEPR Discussion Paper, nb Barro, R & Gordon, D [1983], “Rules, Discretion and Reputation in a Model of Monetary Policy”, Journal of Monetary Economics, vol 12. Barthe, Marie-Annik [2000], Economie de l'Union européenne, Paris, Economica. Kenen, R. [1969], theory of Optimal Currency Area: An Eclectic in Monetary Problems of the International Economy, ed. par R. Mundell & A. [...]
[...] La même règle prévalait dans le système de Bretton Woods, mais dans les faits, le FMI n'était informé qu'en dernière minute. Dans le SME, les décisions de réalignement, lorsque la défense du cours pivot devenait trop difficile, étaient prises à l'unanimité. Ce dispositif apparemment restrictif n'a pas empêché des réalignements assez nombreux, de 1979 à 1987, puis après1993. Dans la période 1988-1992, la volonté de lutter contre l'inflation a incité les pays membres à limiter les ajustements de parité. Un pays qui adhérait au mécanisme de change s'engageait à défendre la valeur de sa devise par rapport à toutes les autres devises participantes. [...]
[...] Cela a permis aux pays de bien résister à la crise, c'est-à-dire d'éradiquer l'inflation. Cependant, le système monétaire européen est responsable de "l'euro sclérose", qui a fonctionné comme une zone mark, c'est-à-dire que les autres pays devaient fixer leur taux d'intérêt sur le taux d'intérêt de la Bundesbank, élevé à cause de la réunification. De ce fait, la politique de la Bundesbank a consisté à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l'inflation, alors même que la conjoncture du reste de l'Europe nécessitait une détente sur les taux d'intérêt et une dépréciation réelle des devises face au mark pour restaurer la compétitivité. [...]
[...] Les pays sont autorisés à mettre en œuvre des interventions “intra marginales”, c'est-à-dire qu'ils peuvent intervenir sur le marché des changes avant que le taux de change n'ait atteint ses limites. Cependant, avant toute intervention des deux types, une banque centrale a besoin du soutien des autres banques centrales. Par exemple, si le franc français atteint sa limite inférieure par rapport au mark allemand, la Banque de France intervient en vendant du mark et en achetant du franc. Pour ce faire, elle peut utiliser des “Facilités de Financement à Très Court Terme” (FFTCT). Il s'agit d'un système de lignes de crédit entre banques centrales du SME. [...]
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