L'identité européenne à l'époque moderne : l'Europe, maîtresse du monde

Résumé du document

[...] Dans les Balkans et dans la région du Danube, le sentiment national se développe en opposition à la domination ottomane : chez les Grecs, avec l'affirmation de l'hellénisme ; chez les peuples slaves, avec l'affirmation des nations serbe, bulgare, hongroise, valaque, moldave, etc.). L'occupation ottomane produit ainsi un double effet : elle favorise l'émergence des nations slaves, mais elle divise l'Europe sur le plan politique.
En effet, dans les régions occupées par les Turcs, l'affirmation des nations ne coïncide pas avec la formation d'un État (au sens moderne) : l'évolution politique des principautés balkaniques et danubiennes est freinée par la soumission à l'empire ottoman.

[...] - Une Europe en guerre
À l'époque moderne, les nations européennes sont en guerre les unes contre les autres de manière quasi permanente. Les conflits sont dus, d'abord, à la volonté de certains États d'imposer leur suprématie en Europe. Ce sont d'abord les Habsbourg (qui contrôlent à la fois le Saint Empire, l'Espagne et les États bourguignons) ; à partir de la seconde moitié du XVIIe s., c'est l'hégémonie française qui provoque une nouvelle série de conflits. Face à ces tentatives, se dresse la volonté d'assurer l'indépendance de chaque État ; chaque État veut conquérir ou défendre le territoire national (théorie des frontières naturelles).

- Les luttes entre nations européennes ont commencé dès la fin du Moyen Âge : après les conflits franco-anglais (guerre de Cent Ans), se déclenchent les premières guerres nationales : Tchèques contre les Habsbourg d'Autriche (en Bohême) ; noblesse hongroise contre les souverains germaniques ; Polonais contre l'ordre teutonique et contre les Turcs ; Danois et Suédois contre l'expansion germanique.

[...] Dans les états des Habsbourg, le droit civil est rassemblé dans le Codex Theresianus (du nom de l'archiduchesse Marie-Thérèse) : projet présenté en 1766, premier des trois titres promulgué en 1786 (par Joseph II) sous le nom d'Allgemeines Bürgerliches Gesetzbuch (= Code civil général), l'ensemble n'entrera en vigueur qu'en 1812. La codification la plus ambitieuse est réalisée en Prusse : le code prussien est préparé sur l'ordre du roi Frédéric II (à partir de 1780) ; il est promulgué en 1794 sous le nom d'Allgemeines Landrecht für die Preussischen Staaten (= Droit général des états prussiens). Ce code est marqué par un souci d'exhaustivité très poussé (codifier le droit public et le droit privé) ? le titre 20 du second livre contient 1577 articles à lui seul. (...)

Extraits

[...] par le mouvement romantique (avec l'idéalisation de l'époque médiévale, l'exaltation des passions sentimentales, etc.) = le nationalisme se fonde aussi bien sur la raison que sur la passion . Le passage de la théorie à la pratique se fait à la fin du XVIIIe s. La Révolution française joue un rôle décisif : au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la France annexe l'Alsace et Avignon ; en application de la théorie des frontières naturelles (du Rhin aux Alpes), elle annexe ensuite la Belgique, la Rhénanie, la Savoie et le comté de Nice. [...]

[...] Soit revenir à la situation antérieure (droit romain interprété par la doctrine et la jurisprudence, combiné aux coutumes locales), soit adopter un code sur le modèle prussien ou autrichien. Anton Thibaut (professeur de droit à l'université de Heidelberg) propose d'adopter un code civil commun à toute l'Allemagne (1814). Karl von Savigny lui répond aussitôt, par un texte fameux (1814) = rejet de la codification imposée par l'État (l'État n'a pas à créer le droit, car le droit est créé par la communauté, par le peuple) ; le droit s'étant compliqué, le peuple est désormais représenté par les juristes ? [...]

[...] Ces expériences médiévales alimentent l'affirmation des nations slaves sous domination ottomane (idéalisation des héros nationaux, dont le souvenir est évoqué par les nationalistes serbes). Remarque : Les résistances au modèle absolutiste Parallèlement au modèle de la monarchie absolue, se mettent en place des modèles divergents en raison du caractère particulier des États concernés (Provinces-Unies, Venise = républiques oligarchiques ? Contre-modèle néerlandais, face à la monarchie espagnole : république fédérale et protestante) ou à cause de l'échec des tentatives absolutistes (Angleterre = monarchie constitutionnelle ; Saint-Empire, Hongrie, Pologne = résistance de l'aristocratie). En outre, le modèle absolutiste suscite l'hostilité de certains penseurs politiques ? [...]

[...] Avec le Consulat (1799), la stabilité politique permet à Napoléon Bonaparte (premier consul de la République) d'imposer la codification du droit français : - Code civil (1804) ; - Code de commerce (1806) ; - Code de procédure civile (1807) ; - Code d'instruction criminelle (1808) ; - Code pénal (1810). La codification française servira de modèle à de nombreux pays européens (Italie, Belgique, Portugal, certains cantons suisses) et même hors d'Europe (notamment en Amérique du Sud). - Cependant, un courant hostile à la codification se développe au XIXe s. - En Allemagne, controverse entre Thibaut et Savigny (1814) : Après l'occupation française, la plupart des états allemands rejettent le code civil français ? [...]

[...] Cette assemblée aurait les pleins pouvoirs en matière de finances et de politique extérieure. Une cour de justice arbitrerait les conflits entre États. Cette union serait réservée aux États chrétiens, car il s'agit de fédérer les Européens contre les Turcs. Le roi de Bohême soumet son projet au roi de France (Louis qui ne donne pas suite (par peur de se brouiller avec le pape, car le projet prévoit de récupérer la dîme au profit de l'union des États). Au XVIe s., la question de l'unité des États européens prend une dimension nouvelle en raison des conflits religieux (division entre catholiques et protestants). [...]