Le 31 Juillet 1959, la Turquie a demandé pour la première fois l'association à la CEE Communauté Economique Européenne (devenue ensuite UE).
Après plusieurs années de débats, en novembre 2007 la Commission Européenne déclare que les négociations devraient prendre de dix à quinze ans. En juillet 2009, un seul des 35 chapitres de négociation était clos.
Mais pourquoi cette adhésion est si problématique ? Pour entrer dans l'Union Européenne, il faut satisfaire différents critères : politiques, économiques et d'acquis communautaire.
Pour ce qui concerne le critère politique, le pays candidat doit disposer d'institutions stables garantissant la démocratie, l'Etat de droit, le respect des minorités et leur protection. La Turquie est en train d'avancer vers une majeure liberté d'expression et d'ouvertures vers les religions non-musulmanes, mais elle doit encore faire beaucoup de changements, notamment dans la constitution et le pouvoir judiciaire.
Pour le critère économique, le pays doit être doté d'une économie de marché viable et doit être capable de faire face aux forces du marché et à la pression concurrentielle à l'intérieur de l'Union. La Turquie a une économie viable (elle dépend trop des investisseurs extérieurs), et à moyen terme elle pourrait être en mesure de se confronter au marché européen.
Pour l'acquis communautaire, le pays candidat doit assumer les obligations découlant de l'adhésion, et notamment à souscrire aux objectifs de l'Union politique, économique et monétaire. Pour cet aspect, la Commission Européenne est satisfaite des progrès, mais elle en demande plus, surtout en ce qui concerne le contrôle financier, les capacités administratives, ainsi que les domaines d'activité, la justice, les affaires intérieures et les politiques sociales.
Depuis 2004, l'UE débat sur l'entrée du pays turc, à cause des problématiques géographiques (qu'est-ce que l'UE ?), économiques (fragilité turque), religieuses (même si le pays et laïc, Islam religion d'Etat ?), d'impact sur les institutions européennes (grande population, pourrait devenir plus importante que les « Grands Pays ») et géopolitiques (position stratégique et armée importante).
[...] Analyse : Grâce à cet article, daté d'avril 2009, on peut comprendre les différents enjeux géopolitiques des Etats-Unis de l'adhésion turque à l'Union Européenne, la contrariété que ce support engendre vis-à-vis de la France (représenté par son Président), ainsi que les raisons des positions de chacun. Depuis un an, la situation est inchangée. Le président Obama avait déjà montré son soutien à la Turquie lors du refus de la Turquie à la candidature du premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen au poste de Secrétaire général de l'OTAN. A cette occasion, le président américain avait garanti au premier ministre turc que, si élu, le futur Secrétaire supporterait le dialogue vers le monde musulman. [...]
[...] On imagine la réaction des "petits pays" qui verraient leur poids au Parlement s'affaiblir. Se pose également la question de la pondération des voix au Conseil. Le Traité de Lisbonne prévoit un système de double majorité dans lequel toute décision doit être approuvée par au moins des Etats membres, représentant au moins de la population. Avec sa population, la Turquie disposerait d'un pouvoir politique et de blocage non négligeable. Une population qui en terme de flux migratoires constitue également pour certains une crainte, pour d'autres une opportunité. [...]
[...] Avec seulement d'avis favorables, c'est le plus mauvais chiffre des douze pays proposés pour une éventuelle adhésion par le sondage, l'Ukraine recueillant d'avis favorables, la Macédoine et la Croatie Concernant l'opinion dans chaque Etat membre, l'adhésion de la Turquie est approuvée dans quatorze Etats membres sur les vingt-sept. C'est en Suède que le soutien à l'adhésion est le plus fort avec d'opinions favorables, suivi par les Pays-Bas la Roumanie et le Danemark En revanche, seulement des Autrichiens (le pourcentage le plus bas) et des Français et Allemands soutiennent cet élargissement. Enfin, il est surprenant de voir que l'adhésion de la Turquie recueille plus d'opinions favorables dans certains pays de l'UE qu'en Turquie. [...]
[...] En plus de cela, la situation géographique de la Turquie représente un atout indéniable. En effet, l'adhésion de la Turquie permettrait de se rapprocher et d'augmenter la présence des entreprises européennes sur les marchés de l'Asie Centrale et du Proche-Orient. Mais ce possible intégration de la Turquie à l'Europe représente également un signe fort pour un pays comme le Maroc. En effet, bien que géographiquement non lié à l'Europe et de culture totalement différente, le Maroc présente le même profil que la Turquie, à savoir un pays bénéficiant d'avantages comparatifs dans les secteurs de l'agriculture, de l'industrie et des services. [...]
[...] La Commission européenne a évalué le coût brut d'une éventuelle entrée de ce pays dans l'Union européenne à 33 milliards d'euros sur un budget total dont le montant, encore en débat, pourrait atteindre 140 à 150 milliards d'euros De plus, de par sa taille, la Turquie deviendrait donc le pays le plus puissant au sein des deux institutions de décision de l'Union européenne, avec un poids supérieur de 30% à celui de la France. Pour le Maroc, la possible prochaine adhésion de la Turquie représente un véritable signe fort pour le Maroc. En effet, à l'instar de la Turquie, le Maroc bénéficie d'avantages comparatifs dans les secteurs de l'industrie, de l'agriculture et des services. [...]
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