Parmi les anciens États fédérés de la Yougoslavie, la Croatie et l'ancienne République yougoslave de Macédoine ont déjà annoncé leur volonté de se joindre à l'Union ; les autres, à l'exception de la Serbie et de la Bosnie-Herzégovine, ont signé un « accord de stabilisation et d'association », prélude déclaré à des négociations d'adhésion.
Une partie des Serbes et de leur classe politique jugent cette condition insupportable. C'est le cas par exemple du politicien Tomislav Nikolic, président du grand parti de droite nationaliste, à l'électorat important, le Parti radical serbe. Dans l'interview qu'il a donnée au journal français "Le Monde" le 20 janvier 2008, il résume la position de son parti vis-à-vis de l'Union européenne et du problème du Kosovo (à l'époque au bord d'une proclamation d'indépendance), de manière particulièrement véhémente, avec à quelques endroits une pointe de mauvaise foi.
Si une partie du peuple serbe et de ses dirigeants sont très critiques sur une adhésion à l'Union européenne dans les conditions actuelles, les Vingt-Sept semblent résolument voir dans l'entrée de la République de Serbie — et plus généralement des autres ex-républiques fédérées de la Yougoslavie — dans l'Union la meilleure voie de progrès pour des pays ravagés par les guerres.
C'est le cas de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'État aux Affaires européennes de la France, ainsi qu'il l'exprime dans un article de son blog paru le 18 janvier 2008, titré « Assurer à la Serbie un avenir européen ». L'intérêt principal du texte s'inscrit dans le même contexte que le premier texte (élection présidentielle et indépendance kosovare), et résume l'enjeu de l'élection, du point de vue de Bruxelles et du gouvernement français : choisir « l'avenir européen » ou le « retour au passé ».
Nous sommes donc en présence de deux textes absolument opposés et inconciliables, publiés à peu près au même moment, dans le même contexte. Ils traitent grosso modo des mêmes sujets, et expriment deux positions, l'une fortement nationaliste, l'autre pro-européenne.
C'est à ce que nous montrent ces deux textes antagonistes des relations actuelles entre la Serbie et l'Union européenne que nous nous intéresserons.
[...] L'unanimité a en revanche été réussie parmi les grands partis serbes pour de refuser toute indépendance, condamnée par le président Tadic, et par le premier ministre Kostunica, pour qui le Kosovo est la Serbie b. Une crise politique majeure Monsieur Nikolic déclare : nous réfléchirons aux mesures à appliquer aux pays qui reconnaîtront le Kosovo. Quoi qu'il en soit, si nous, les radicaux, gagnons, nous demanderons au Parlement de bloquer économiquement tous les échanges avec le Kosovo, nous ne reconnaîtrons pas les passeports du Kosovo, nous interdirons le transit de marchandises via la Serbie vers le Kosovo (l. [...]
[...] Mais qui reste soumis à des conditions spécifiques Mais l'Union européenne a posé dès le début des conditions claires à la mise en œuvre de l'asa, ce que n'admet pas monsieur Nikolic : l'Europe exige de nous des choses qu'elle n'a pas demandées aux autres pays candidats à l'adhésion. Notamment qu'on livre le général Ratko Mladic au tpiy [Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie]. [ ] De toute façon, cette inculpation [ ] est illégale et injuste. Mladic ne faisait qu'appliquer les ordres (l. [...]
[...] Mais cela n'oblitère pas que le Parti radical serbe est une puissance électorale majeure : il est le plus important parti de l'Assemblée nationale (avec quatre-vingt-un sièges sur deux cent cinquante, contre cent trente à la coalition, dont soixante-quatre au Parti démocratique) et son candidat, Tomislav Nikolic, a obtenu au premier tour de la présidentielle le meilleur score avec presque quarante pour cent des voix contre trente-cinq virgule trente-neuf au président sortant Tadic, qui rafle au second tour la première place, mais avec une étroite marge (cinquante-et-un virgule dix-neuf contre quarante-huit virgule quatre-vingt- un, soit cent sept mille voix d'écart seulement, sur quatre millions cinq cent mille suffrages exprimés). Le Parti radical est nationaliste, et contre le rapprochement avec l'Union européenne dans les conditions actuelles sous lesquelles elle se fait. Il est, comme le Parti démocratique et le Parti démocratique de Serbie, opposé à l'indépendance du Kosovo. Le peuple serbe, sur la question européenne, demeure donc divisé, et la victoire des pro-européens, réelle, est courte. [...]
[...] La coalition majoritaire à l'Assemblée nationale a chu avec lui, et de nouvelles organisations sont prévues le 11 mai. Le problème vient de la relation avec l'Union européenne. Pour Vojislav Kostunica, la signature de l'asa doit être suspendue jusqu'à ce que Bruxelles décide s'il reconnaît ou non la Serbie dans ses frontières existantes[9] alors que le président Tadic continue de soutenir la préservation du Kosovo et l'entrée de la Serbie dans l'Union européenne[10] De même, Bozidar Djelic, en charge du dossier, que mentionne monsieur Jouyet, est favorable à la signature des accords, et les deux hommes ont déclaré qu'ils signeraient l'asa quand l'Europe le leur proposera le 28 avril[11]. [...]
[...] La Serbie et l'Union européenne - interview de Tomislav Nikolic, "Le Monde" (20 janvier 2008) et "Assurer à la Serbie un avenir européen", Jean-Pierre Jouyet (18 janvier 2008) Introduction Depuis la chute du mur de Berlin puis de l'Union soviétique (respectivement en 1989 et 1991), l'Europe orientale, autrefois entièrement composée d'États communistes, a vécu d'importants changements économiques et politiques qui, de pays avec un régime de parti unique et une économie centralisée, les ont transformés en démocraties dotée d'une économie de marché. [...]
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