Jonah D. Levy, "Politiques publiques 1", 2008 - chapitre 2 "Les politiques économiques et sociales"

Résumé du document

Une politique publique est le produit de "l'activité d'une autorité investie de la puissance publique et de la légitimité gouvernementale"(Mény & Thoening 1989). Quant à la gouvernance, elle rend compte d'une situation où se mêlent actions publiques et privées, l'État n'étant plus dominant (enchevêtrement de niveaux d'action). Or, l'auteur s'inscrit en porte à faux avec les thèses du dirigisme persistant et de la mondialisation, présentant sa vision de l'évolution du modèle économique et social français.

En quoi et dans quelles les politiques économiques et sociales façonnent-elles la société française dans la gouvernance européenne ?

Extraits

[...] Jonah Levy livre une démonstration selon laquelle l'Etat français est passé en 1983 d'un modèle dirigiste à un modèle d'anesthésie sociale aujourd'hui en crise. Si l'auteur fait quelques omissions pour ne pas parasiter sa thèse, il garde la neutralité axiologique préconisée par Max Weber (Le savant et le politique, 1919). On peut cependant lui reprocher d'avoir vite réfuté la thèse de la mondialisation comme frein aux politiques publiques, car la crise de l'Etat providence touche tous les pays en possédant. [...]

[...] Or, ces chiffres ne sont pas imputables à ces seules politiques, car la difficile insertion des séniors sur le marché du travail y participe. La causalité presque exclusive qu'il établit est donc discutable, d'autres variables entrant en jeu tel le taux d'activité de la population qui traduit un "déficit d'emploi"[11]. Outre le cas des retraites anticipées, les déductions de l'auteur à partir du graphique de la DARES[12] pour étayer sa théorie. Il déduit du graphique le seul fait que le nombre de salariés couverts par ces programmes a été multiplié par 2,5 dans la période post-dirigiste (l'absence de données sur la période dirigiste empêchant de mesurer la significativité de cette évolution). [...]

[...] Levy, "Politiques publiques - chapitre 2 "Les politiques économiques et sociales" Jonah Levy, docteur en Sciences politiques, a écrit ce chapitre du tome I d'un ouvrage collectif (Politique publique, 2008) centré sur "La France dans la gouvernance européenne". Une politique publique est le produit de l'activité d'une autorité investie de la puissance publique et de la légitimité gouvernementale"(Mény & Thoening 1989). Quant à la gouvernance, elle rend compte d'une situation où se mêlent actions publiques et privées, l'État n'étant plus dominant (enchevêtrement de niveaux d'action). [...]

[...] L'absence d'une coalition a entraîné un manque de légitimité du gouvernement, accru par le contraste entre sa politique et le dirigisme demandé. Enfin, l'auteur introduit ses idées de réforme pour sortir de l'Etat anesthésiste, étape nécessaire bien qu'"extrêmement délicate": Un réformisme social démocrate supposant la flexsécurité du marché du travail (allègement des restrictions au licenciement, forte indemnisation du chômage), un affermissement des droits et responsabilités et un remaniement de la dépense de l'Etat (désengagement des politiques inopérantes). Un réformisme néolibéral[5] qui diagnostique un "déficit d'emploi" et trop de dépenses peu efficaces (Rapport Camdessus, 2004) ou une crise nécessitant un Etat fort à l'instar de la Grande-Bretagne des années 1970[6], et engage à alléger les restrictions aux licenciements économiques, revaloriser le SMIC, encourager le temps partiel et couper dans les dépenses publiques. [...]

[...] Constatant l'augmentation des dépenses liées aux interventions sur le marché du travail et à l'Etat providence, il souligne le coût du modèle, avant .de détailler ses "Atouts et faiblesses", liant son inefficacité à la crise de représentation. L'auteur analyse ensuite le libéralisme tempéré, insistant sur le décalage entre les réformes libérales menées et le dirigisme demandé. Le constat de l'impasse de ce gouvernement mène l'auteur à conclure sur deux propositions d'orientations de réforme pour sortir de l'Etat anesthésiste social, étape selon lui nécessaire. [...]