Depuis la création de l'Union européenne, la question de l'élargissement est sujette à la controverse. Rappelons-nous, les célèbres refus du Général de Gaulle concernant l'adhésion du Royaume-Uni. Les années passent, le dessein européen plus fictif que réel continue de se heurter à la dure réalité d'une Europe hétérogène et sans cohésion. C'est dans ce climat de grande incertitude que de nombreux pays poursuivent le rêve de rejoindre la communauté. La stabilité européenne est précaire et ses fondations semblent tenir sur un îlot de sable. Cela n'empêche aucunement l'UE de poursuivre sa politique d'élargissement. On nous explique à l'image de Maurice Guyader, administrateur principal à la Commission européenne et professeur de sciences politiques, que malgré de nombreuses idées reçues, l'UE est toujours arrivée à associer élargissement et approfondissement. Par ailleurs, il soutient la thèse que malgré quelques réformes indispensables à mettre sur pied afin d'accueillir les futurs entrants, il va de la nécessité de l'UE de poursuivre cette politique d'élargissement. Cette position ne fait pourtant pas l'unanimité au sein de l'opinion publique européenne et au sein même des Etats-nations qui la compose. Un débat virulent s'est notamment ouvert au sujet de l'entrée de la Turquie dans l'UE. Sur cette question, la cohésion européenne laisse deviner ses failles et vole en éclats. Les nouveaux entrants, avec comme tête de file le Royaume-Uni et les pays scandinaves sont favorables, quant la France se déclare réticente pour des raisons géographiques. L'Allemagne, l'autre moteur du dynamisme européen, adopte une position plus mesurée : «elle est favorable à l'élargissement, à la condition que l'Union se dote de nouvelles institutions ».
[...] Partant de cette donnée, il va définir, la capacité d'intégration à la fois comme une volonté de vivre ensemble, fondées sur des valeurs partagées[4] et plus encore le désir d'entrer dans un ensemble, dans un groupe, avec une certaine coordination en vue d'un fonctionnement harmonieux.[5] Or, cette volonté de vivre ensemble qui plus est avec une certaine coordination a été pour le moins remise en cause avec l'entrée des dix nouveaux Etats en 2004. L'auteur va donc préciser quelque peu ses propos : oui à l'élargissement, mais celui-ci ne pourra se faire sans certains aménagements. Guyader rappelle aux détracteurs de l'élargissement que les succès économiques contemporains sont liés intimement à cette politique. [...]
[...] Mais l'effort de changement le plus important se trouve au niveau institutionnel. En effet, jusqu'à la vague d'adhésions de 2004, l'organisation européenne était pensée pour un nombre limité d'Etats, avec un équilibre entre gros et petits Etats. La Pologne étant le seul grand Etat à avoir intégré l'UE, il devenait nécessaire de réformer les mécanismes décisionnels. Le Traité de Nice de 2000 fut une réponse à cette problématique. On introduisit par le biais d'un mécanisme complexe la majorité qualifiée au sein du Conseil, une dose de proportionnelle au Parlement et un aménagement du nombre de commissaires. [...]
[...] Raymond Aron disait à propos de l'Algérie que celle-ci ne pouvait pas rester française par le simple fait que la morphologie de sa population (son nombre et sa jeunesse) était aux antipodes de la métropole et cela risquait de déstabiliser l'ordre existant et le jeu politique au Parlement. Si nous transposons cette analyse sur le cas de la Turquie, nous arrivons à la même conclusion. Dans le même ordre d'idée, pourquoi, n'évoque-t-il pas ouvertement la question de la religion musulmane ? L'opinion publique européenne ne souhaite pas dans sa majorité l'entrée de la Turquie par peur de l'Islam. L'hypocrisie ambiante sur cette question autant dans l'opinion que chez les politiques est insupportable. La question de l'Islam réanime le débat sur les origines culturelles de l'UE. [...]
[...] Un débat virulent s'est notamment ouvert au sujet de l'entrée de la Turquie dans l'UE. Sur cette question, la cohésion européenne laisse deviner ses failles et vole en éclats. Les nouveaux entrants, avec comme tête de file le Royaume-Uni et les pays scandinaves sont favorables, quand la France se déclare réticente pour des raisons géographiques. L'Allemagne, l'autre moteur du dynamisme européen, adopte une position plus mesurée : elle est favorable à l'élargissement, à la condition que l'Union se dote de nouvelles institutions Les difficultés récentes et persistantes que rencontre l'UE ne semblent pas vouloir faire infléchir cette politique d'élargissement. [...]
[...] Il faut toujours garder à l'esprit ce débat de fond car sinon on ne peut pas saisir réellement les enjeux de l'élargissement. Ensuite, si l'on revient sur les arguments de l'auteur, de nombreuses imprécisions transparaissent. Tout d'abord et cette idée rejoint un peu celle développée plus haut, il ne dit pas pourquoi il est véritablement nécessaire d'élargir l'Europe, si ce n'est d'un point de vue économique. Cette précision aurait été pour le moins intéressante afin de comprendre l'idéal qu'il se fait de l'Europe. D'autre part, quand il critique la rigidité des frontières à l'est de l'UE, cela veut dire quoi ? [...]
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