La construction des problèmes publics en Europe : émergence, formulation et mise en instrument, Aurélie Campana, Emmanuel Henry, Jay Rowell, politiques publiques européennes, Union européenne
L'Union européenne, comme espace institutionnel et comme système, est un sujet autour duquel se sont formulés des recherches avec des interprétations différentes, voire même opposées, en partant d'une approche « étatique » pour passer par une approche « fédéraliste ». À ce débat intellectuel, s'ajoute celui analysant les décisions prises en tant que « politiques publiques européennes ».
L'ouvrage est paru en 2007 sous la direction d'Aurélie Campana, Emmanuel Henry et Jay Rowell et porte un nom assez suggestif, en synthétisant le débat qui dirige le livre (« La construction des problèmes publics en Europe. Émergence, formulation et mise en instrument »). Le livre est une preuve d'une reformulation à double portée : penser la problématique énoncée ci-dessus en termes théoriques, mais aussi empiriques. Les auteurs formulent ainsi l'hypothèse que « la compréhension des processus et des transactions politiques au sein de l'espace européen passe par une adaptation des méthodes, des concepts et des outils d'analyse forgés pour étudier les espaces nationaux dans la configuration spécifique de l'espace politique européen » (p. 8)
[...] Dans son article, Rhinard traite la relation qui se trouve entre un problème mis sur l'agenda politique (suite à des événements extérieurs, dans ce cas, le terrorisme et l'action publique intérêts institutions idées sous la notion de cadrage (p.85). Rhinard considère le processus de cadrage comme une question à la marge d'appréciation des entrepreneurs de politiques publiques (organisations gouvernementales ou ONG p.91). De cela dépendent la dynamique des cadres (p.93) et les différentes définitions des problèmes publics (le terrorisme, par exemple, peut être vu comme un problème de sécurité intérieure/extérieure un problème d'urgence sanitaire de gestion des conséquences ou d'aide et de reconstruction »-pp.97-102). [...]
[...] Campana nous indique à la fin du chapitre qu'il faut aborder la théorie de trois I : les éléments cognitifs à l'intégration européenne (faisant référence à l'action collective comme action publique), les institutions et les intérêts qui en découlent (p.41). Les deux articles suivants, Problèmes et solutions pour les politiques publiques en Europe écrit par Guy Peters et Le cadrage de la politique antiterroriste de l'Union européenne écrit par Mark Rhinard analysent la définition d'un problème public soit par les instruments utilisés à son traitement (l'article de Peters), soit par le processus de cadrage frame analysis et frame policy de la politique antiterroriste de l'U.E. [...]
[...] L'article de Claude Gilbert propose une possible reformulation des problèmes publics, définis en tant que risques Gilbert nous dit que le risque n'est pas une question moins disputée que les autres concepts discutés auparavant (p.109, 132). Le chercheur analyse les risques comme problème à gérer (pp.101-116). Ensuite, il passe à une étude des risques comme problèmes construits par des acteurs qui pendulent entre les institutions politiques de l'U.E. (pp.118-120). Les trois derniers chapitres de la seconde partie Légitimation politique et espaces publics européens : la communication comme pratique et ressource écrit par Niilo Kauppi, Un problème communautaire faiblement européen : l'alimentation sous Indication géographique protégée écrit par Andy Smith et Au-delà de l'inter-gouvernementalisme : la communautarisation du Traite de l'Union européenne écrit par Thomas Christiansen) sont une preuve de la collaboration entre les ouvrages théoriques mobilisés pour chaque propos et les données du terrain. [...]
[...] La structure de l'ouvrage est divisée en deux parties par deux variables : la première, analysant les institutions européennes, plus précisément, la modalité de concevoir la construction des problèmes formulée dans l'espace institutionnel de l'U.E. et la deuxième, se penchant sur la construction des problèmes publics, en passant par des processus de formulation dans l'espace institutionnel européen utilisant à ce propos trois politiques publiques européennes (p.30). Premièrement, les auteurs vérifient si la grille d'analyse des problèmes dans les cadres nationaux peut être transposée au cadre européen, étant donnée sa complexité institutionnelle (p.8). [...]
[...] On peut donc parler tant d'une européanisation de politiques publiques (p.25), que d'une européanisation de l'action collective[1] Andy Smith (ch.6) élabore une distinction importante entre les problèmes communautaires problèmes qui sont inscrits dans le droit de l'U.E», qui dès par leur formulation technique, ne sont pas connus au-delà de ceux qui traitent ces sujets (p.27) et celles européennes faisant l'objet d'une politisation et ayant une certaine légitimité sociale (pp.27- 28). Smith lance une question fondamentale : quel est l'intérêt qui se cache derrière une politisation, derrière une technicisation d'un problème public européen ? [...]
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