Seul un jeune français sur quatre croit en son propre avenir. Encore plus parlant, seulement 4 % des Français pensent que l'avenir de la société dans laquelle ils vivent est prometteur. Autrement dit, 4 % des Français croient au modèle républicain. C'est ce qui ressort d'une vaste enquête menée par la fondation pour l'innovation des politiques, en collaboration avec l'institut Kairos Future. Toutefois, il semble que tous les pays d'Europe ne soient pas atteints d'un tel pessimisme.
Pour comprendre ce décalage, la question posée au départ était de savoir sur quelle conception de la jeunesse, les politiques sociales étaient construites. Cependant, les comparaisons en la matière sont d'autant plus difficiles à établir, qu'il n'y a pas dans l'ensemble des pays européens, une véritable définition de la jeunesse.
En effet, la jeunesse comme catégorie à part entière s'est construite autour de l'idée d'enfance. Avec les mutations économiques et l'allongement des études, la jeunesse apparaît progressivement comme une période particulière de la vie et devient par là même un enjeu politique. Comme toute catégorie qui se distingue, États et institutions religieuses cherchent à encadrer et orienter la jeunesse, en respectant ce qui relève de la sphère familiale. Ainsi, en définissant une catégorie à part entière, les pouvoirs publics participent à la modification des représentations.
De fait, l'âge ne correspond plus simplement à une réalité sociodémographique. À chaque tranche d'âge correspond une identité différente de la personne, et cette identité constitue le socle sur lequel vont se former les attitudes et les opinions. Ainsi, « Avec plus d'un milliard deux cent mille personnes ayant entre 15 et 25 ans, la jeunesse est une réalité incontestablement importante ». Les jeunes représentent donc une force démographique, et de fait, doivent avoir leur place dans l'élaboration des politiques sociales.
[...] D'ailleurs, cette demande permanente d'autonomie et de mobilité est reprise par le capitalisme, qui exige de plus en plus aujourd'hui des salariés autonomes, mobiles, créatifs. En effet, La jeunesse n'échappe pas à ce mouvement général de valorisation de l'indépendance et de l'autonomie. C'est ce que montre cette enquête de la Fondation pour l'innovation politique, réalisée en partenariat avec l'institut Kairos Future. Dans la plupart des pays européens, la définition de la jeunesse comme catégorie d'action publique apparait très liée à la nature des régimes d'État providence. [...]
[...] Or, force est de constater que cette vision consacre une vision d'un âge à part, d'un âge où les jeunes sont considérés non pas comme citoyens, mais encore à charge, encore en préparation. Un paradoxe existe donc: La solidarité familiale est favorisée dans les politiques publiques, mais elle est dévalorisée culturellement. Il semblerait que la jeunesse reste un angle mort de la protection sociale. Mais cela ne règle pas le cœur du problème, car rien n'est fait pour ceux qui entrent sur le marché de l'emploi et qui vont devoir trouver un travail sans ressource. [...]
[...] Cela favorise donc une meilleure mobilité au sein des trajectoires. La formation professionnelle tient une place dominante au sein des cursus de formation initiale, socialisant de façon précoce les jeunes Danois au marché du travail. Notons également que les entreprises sont impliquées dans la formation des jeunes et facilitent ainsi l'intégration des futurs entrants sur le marché du travail. Cependant tout cela n'est pas sans compter le rôle accru des politiques de financement de la vie étudiante. En effet, en donnant aux jeunes Danois les moyens d'un retour tardif aux études, la politique étatique permet l'extension d'un temps long marqué par la mobilité. [...]
[...] Au Danemark, les trajectoires de jeunesse s'envisagent autrement. A cet effet, la flexibilité du système n'est pas appréhendée comme en France, comme un temps de l'urgence. En effet, il est d'usage soit d'alterner soit de cumuler études et expériences professionnelles. De fait, la formation détient une place certes importante, mais non exclusive. Mais pour pouvoir faire sa recherche de soi légitime, la jeunesse Danoise détient le soutien de l'État. Ainsi, le premier cycle d'études n'est pas forcement vécu comme labellisant les trajectoires, mais au contraire valorise des trajectoires plutôt mobiles. [...]
[...] En effet, l'âge moyen des études supérieures en France est de 20 ans, âge le plus jeunes de toute l'Europe occidentale. Au-delà de l'âge, les trajectoires des français sont les plus linéaires et très peu cumulées a l'emploi. Une des particularités françaises est que l'on considère les emplois étudiants comme des emplois alimentaires, et non comme un moyen permettant un accès à l'emploi stable. De plus les politiques accentuent ce phénomène, en pensant que l'âge de la jeunesse est l'âge de la formation. [...]
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