Le concept de zone monétaire optimale (ZMO) s'inscrit dans le cadre des débats concernant les vertus et inconvénients des différents régimes de change, fixes ou flexibles. La paternité de ce concept revient à Robert Mundell, économiste canadien, qui publie en 1961 « A theory of optimal currency areas ». Une zone monétaire optimale peut se définir comme une zone géographique réunissant plusieurs pays qui adoptent un régime de change fixe entre eux (ou bien une monnaie unique) et un régime de change flexible avec l'extérieur. La zone est optimale si les avantages qui en sont tirés sont supérieurs au coût d'abandon de la politique monétaire de taux de change.
Une zone monétaire présente de nombreux avantages. Une première série d'avantage concerne les coûts liés au régime de change flottant, qui ici n'existe plus à l'intérieur de la zone. Les coûts de transaction liés à la conversion en devises étrangères est le bénéfice le plus facilement quantifiable d'une zone monétaire possédant une monnaie unique. Par ailleurs, un régime de change fixe permet d'éliminer le risque de change à l'intérieur de la zone et de réduire la volatilité liée à la spéculation. Ensuite, une zone monétaire engendre un accroissement du commerce interne, et par l'effet de taille qu'elle provoque, engendre en théorie une accumulation du capital propice à la croissance économique.
Cependant, les coûts sont lourds : adhérer à une zone monétaire, c'est perdre un instrument efficace pour lutter contre les chocs de demande ; c'est perdre aussi son autonomie monétaire et s'exposer à des fluctuations cycliques trop fortes. C'est pourquoi, pour être optimale et dont viable (les bénéfices tirés sont alors supérieurs aux coûts), une zone monétaire doit remplir certains critères.
Nous nous interrogerons d'abord ici sur les éléments nécessaires à l'établissement d'une zone monétaire optimale (I). Nous étudierons ensuite un exemple concret de tentative de ZMO : l'Union Européenne (II).
[...] L'ouverture des économies est donc un autre critère de la ZMO. Kenen en 1969, va se focaliser sur la diversification des économies. Il sera en effet plus facile pour des économies diversifiées d'intégrer une zone monétaire avec un taux de change fixe. La diversification de la production et de la consommation a pour effet de réduire l'impact d'un choc sur un secteur spécifique. Si tous les pays de la zone sont diversifiés, les chocs seront moins asymétriques, ce qui réduira le besoin de politique de change et donc le coût d'un régime de change fixe. [...]
[...] Mundell est le premier, en 1961, à établir les critères d'existence d'une ZMO : soit il y a une importante mobilité des facteurs de production, soit les chocs macroéconomiques subis par les pays en question sont symétriques (similarité des chocs). Le régime de change étant fixe entre deux pays A et B appartenant à la même zone monétaire, en cas de choc asymétrique, la rigidité impliquée par le régime de change fixe se verra compensée par la mobilité des facteurs. Dans une ZMO, l'équilibre se fait grâce à une réallocation de A vers B des facteurs de production. [...]
[...] Cela rendrait inutile une politique de change. Mais cela suppose une forte intégration politique : ce critère est donc plus difficile à mettre en œuvre. Il est cependant important dans la mesure où c'est un outil de compensation des chocs asymétriques. De la même façon, Fleming montre en 1971 que des rythmes d'inflation similaires sont propices à l'établissement d'une zone monétaire. En effet, des inflations différentes conduiraient à des pouvoirs d'achat divergents, et donc à un besoin de politique de taux de change. [...]
[...] Deux pistes cependant sont évoquées par les économistes pour permettre de rendre la zone Euro plus optimale : - mener une politique budgétaire plus active afin de compenser la perte de politique monétaire (fédéralisation des politiques budgétaires ou plus grande coordination des politiques nationales). De plus, la politique budgétaire est la seule à même de faire face à des chocs asymétriques, par la redistribution des richesses en direction des zones les plus touchées. Les fonds structurels, qui représentent du PIB de l'UE, sont trop faibles pour être qualifiés d'instruments budgétaires. [...]
[...] Ce courant est plutôt d'inspiration néoclassique. Si la théorie des ZMO a eu une influence importante sur la mise en place de l'UEM, elle demeure théorique : des considérations plus politiques qu'économiques gouvernent son élargissement. On peut donc légitimement se poser la question de la portée réelle de cette théorie économique sur les décisions politiques. Bibliographie Cours d'économie générale, Henri Boucharot Economie contemporaine, Flouzat De Boissieu La notion de zone monétaire optimale, survey et application à l'UEM Mémoire ENA, V. [...]
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