Politiques publiques, acteurs économiques, Public Policy Making, James E. Anderson, lobbies, autorités publiques, reverse lobbying, lobbying inversé
Dans son ouvrage, Public Policy Making, James E. Anderson affirme que « les caractères spécifiques des politiques publiques trouvent leur racine du fait qu'elles sont formulées par des autorités publiques ». Or, la croissance des lobbies dans la vie politique a favorisé le développement d'une sorte de théorie du complot poussant une bonne partie de l'opinion publique à dire que, certes ces politiques publiques sont formulées par des autorités publiques, mais sous la dictée d'acteurs économiques cherchant à défendre leurs intérêts.
On retrouve donc ici l'éternel conflit entre intérêts particuliers des acteurs économiques – c'est-à-dire toutes les entités qui adoptent un comportement économique (consommateurs, entreprises…) – et l'intérêt général que s'engage à promouvoir les politiques publiques – qui peuvent être entendues comme l'ensemble des actions ou inactions choisies par des autorités publiques pour résoudre un problème ou un ensemble de problèmes inter-reliés. On a ainsi un sentiment général, notamment en France, que l'influence – qu'on entendra ici comme le processus par lequel une entité construit, diffuse, maintien ou modifie les modes de pensée et les comportements d'une ou plusieurs autres entités – que cette influence donc ne fonctionne que dans un sens, que seuls les acteurs économiques influencent les politiques publiques et qu'ils le font d'une façon tout à fait négative.
[...] Aujourd'hui, si un acteur économique veut être entendu par l'autorité publique, il doit intégrer ses revendications dans une conception plus large touchant à l'intérêt général. Par exemple, si une loi tend à favoriser les importations de ciment, réduisant ainsi le marché des usines implantées sur le territoire national, les industries cimentières détenant des usines en France, ne vont pas fondé leur argumentation uniquement sur la perte de parts de marché mais parlerons davantage de l'impact social et environnemental que peut engendrer la croissance des importations de ciment produit à l'étranger. [...]
[...] Prenons l'exemple des politiques commer-ciales et notamment de libéralisation étudiées par Woll. Au niveau de l'Europe, la Commission européenne a rapidement cherché à associer les acteurs économiques à ses réflexions afin de légitimer ses choix via leur expertise et pour trouver des solutions pan-européennes et même transatlantiques. Les acteurs économiques se retrouvaient donc face au choix de poursuivre leur lobbying pour leur propre compte au risque de ne pas être entendus ou de coopérer et ainsi de jouir d'une relation privilégiée avec l'autorité publique, même s'ils ne sont pas sûr d'obtenir l'avantage. [...]
[...] En effet, les politiques publiques transforment l'environnement des acteurs économiques les obligeant à s'adapter à ces changements. Le premier effet souvent relevé, est l'effet négatif avec des acteurs économiques qui tentent de contourner les nouvelles contraintes ou qui les intègrent dans leurs calculs économiques ne changeant pas leur comportement selon la direction souhaitée par les pouvoirs publics. On peut par exemple pensé aux nombreuses méthodes proposées pour contourner les lois Hadopi avec, parmi elles, le développement de sites de peer-to-peer cryptant les adresses IP des utilisateurs . [...]
[...] leur influence sur les stratégies économiques et industrielles des entreprises est globalement positive. Cependant, cette influence s'avère positive dans de nombreux cas, les acteurs étant de plus en plus conscients de la nécessité de changer leurs comportements. Les acteurs économiques ont bien compris l'influence des politiques publiques sur leurs activités et ainsi la nécessité de prendre en compte leurs impacts dans la définition de leurs stratégies. En France par exemple, la majorité des entreprises du CAC 40 ont développé des départements ou directions des affaires publiques – notamment chargés de veille juridique et de lobbying – qui sont bien souvent directement rattachées à la direction générale, qui travaillent en étroite collaboration avec la direction de la stratégie et dont le directeur siège au comité exécutif. [...]
[...] La réalité est évidement bien différente et c'est ce que je vais essayer de montrer ici. En m'appuyant sur plusieurs études, je vais tenter de montrer en quoi le rapport politiques publiques, décideurs politiques et acteurs économiques dépasse le point de simple confrontation d'influences pour évoluer vers une coopération de plus en plus constructive qui s'accompagne d'interdépendance et d'influences réciproques, le tout d'une façon globalement positive pour nos démocraties modernes. On verra ainsi d'abord que si les acteurs économiques sont investis dans un jeu d'influence autour des politiques publiques, il s'agit d'une relation de plus en plus souhaitée, encouragée voire instrumentalisée par les autorités publiques et mise au service de la dynamique démocratique. [...]
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