Ce livre de Joseph E. Stiglitz a pour but de dire où en sont les États aujourd'hui et dans quel sens économique ils devraient s'orienter. En effet, le fondement intellectuel du laisser-faire a été pulvérisé par les faits : non les marchés ne conduisent pas automatiquement à l'efficacité – sans parler de justice. Et aujourd'hui le défi consiste à trouver le juste équilibre entre l'état et le marché, entre l'action collective, nationale et mondiale, entre le gouvernemental et le non gouvernemental.
Les années 1990 ont été marquées par le règne sans partage de la finance. Aujourd'hui la finance a un rôle central dans une économie moderne. Mais bien souvent les marchés financiers non réglementés ne fonctionnent pas bien, c'est pourquoi nous avons besoin de l'Etat et pourquoi ce qui est bon pour Wall Street risque de ne pas l'être et souvent ne l'est pas pour l'ensemble du pays ou pour telle de ses composantes.
Au cours des années 1990 la croissance mondiale atteignit des niveaux que l'on n'avait jamais vu en une génération. Partout le mot d'ordre du « moins d'état » s'imposa tandis que triomphait la mondialisation. Chacun semblait pouvoir bénéficier de ce nouvel ordre mondial.
Au cœur de ce nouveau capitalisme américain, il y avait la « nouvelle économie », symbolisée par des sociétés point-com qui révolutionnaient la façon dont le monde faisait des affaires. La nouvelle économie représentait donc un bouleversement colossal : de la production de biens on passait à la production d'idées qui reposait sur le traitement d'informations et non sur la gestion de main-d'œuvre ou de stock. De plus, avec les nouvelles technologies de l'information les entreprises.
[...] La plupart des banques d'affaires ont été fondées sous la forme du partenariat. Et voici que l'une après l'autre, elles décidaient d'encaisser le pactole en se vendant au public. Transformer leur partenariat en société cotée en Bourse les déchargeait de cette responsabilité pesante et leur offrait la possibilité de faire immédiatement une affaire en or en profitant de la hausse massive des cours. Quand les scandales ont éclaté, celui qui a le plus indigné concernait les analystes. Dans les années 1990 les banques d'affaires des Etats-Unis ont détruit cette confiance. [...]
[...] Quand la Bourse s'est effondrée, les salariés ont ressenti le choc de plein fouet. Les ménages ont alors ressenti le besoin d'épargner davantage pour leur retraite, donc de consommer moins. Quand la bulle a éclaté, les régimes de retraite se sont brusquement trouvés immédiatement sous-financés. Depuis la Seconde Guerre mondiale on gère l'économie infiniment mieux qu'avant elle. Mais il n'a pas été mis fin au cycle des affaires, et les récessions restent très coûteuses. C'est pourquoi il est important de concevoir des systèmes et des politiques économiques qui renforcent la stabilité de l'économie. [...]
[...] Ce fut la crise des caisses d'épargne de 1988-1989 qui eut sur l'économie américaine l'impact le plus profond. L'administration Bush dut imposer de nouvelles réglementations bancaires restrictives qui décourageaient les investissements risqués. Dans le cadre de leurs efforts pour remettre de l'ordre dans leur bilan et se conformer aux nouvelles règlementations, les banques réduisirent leurs prêts. Ce sont les difficultés économiques et l'incapacité de la Fed à y faire face en temps voulu qui ont joué un rôle essentiel dans l'élection de Clinton. [...]
[...] Ce n'est pas à ce seul titre que les crises de la fin des années 1990 sont issues de mauvaises graines semées par le département américain du Trésor. La libéralisation des marchés des capitaux a fonctionné comme une arme à double tranchant. Sur le fond, pratiquement rien n'a été fait. Aujourd'hui avec les crises financières internationales et toujours plus graves la prise de conscience grandit. Le système fonctionnait mal pour les marchés émergents, mais les Etats-Unis et en particulier leurs sociétés financières étaient bien servies. [...]
[...] Mais les mutations économiques des années 1990 ont modifié ces incitations : tout comme les PDG dont elles émettaient les actions elles ont été incitées à donner au marché une information faussée. En dissimulant les problèmes structurels de nombreuses firmes qu'elles introduisaient sur le marché ou qu'elles aidaient à capitaliser par des émissions d'actions, les banques ont érodé la qualité de l'information. De cette manière les techniques modernes de l'ingénierie financière donnaient aux banques des possibilités inattendues de jouer les complices. Et le champ de la déréglementation a élargi le champ des conflits d'intérêts et a intensifié la concurrence. La bulle et la malfaisance se sont donc renforcées mutuellement. [...]
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