"Le procès de la mondialisation", Edward Goldsmith et Jerry Mander dir. (2002)

Résumé du document

Le présent ouvrage est une somme d'articles, réunissant un grand nombre de spécialistes de tous les domaines impliqués. Il étudie les différents mécanismes du processus et son impact sur tous les aspects de la vie. Il dénonce aussi les fausses panacées et propose de vraies solutions. En voici une esquisse synthétique, mais fidèle pour l'essentielle à l'esprit de l'ensemble.

La mondialisation ou globalisation est un concept à la mode : très vite tous les problèmes sont devenus globaux. Cependant, le phénomène qui se cache derrière n'est pas nouveau, des voix prophétiques annonçaient depuis plusieurs décennies l'avènement d'un « village planétaire » (le global village du Canadien Marshall McLuhan).

Le mot d'ordre d'une transformation souhaitable pour tous a été lancé dans les années 80 par la firme japonaise Sony autour d'une publicité tapageuse qui se voulait véhiculer une culture globale. Or la mondialisation est en fait un rapport social de domination et d'exploitation à l'échelle planétaire ; les maîtres de cette méga machine sans visage s'appellent G7, le Club de Paris, le complexe FMI-Banque mondiale-OMC…

Mais aussi des institutions moins connues comme le Comité de Bâle sur la supervision bancaire, l'ISO (Industrial Standard Organisation) chargée de définir les normes industrielles ; ou encore les grandes entreprises d'audit et cabinets d'avocats ; et finalement les sociétés comme Price Waterhouse, Peat Marwick, Ernst et Young ou Arthur Andersen.

En faisant croire que ce phénomène, bon ou mauvais, est irrésistible, on se rend complice de son avènement. Ainsi, Bill Clinton déclarait à Genève en mai 1998 : « La mondialisation est un fait et non un choix politique. Nous sommes confrontés à un dilemme : nous atteler à façonner ces forces puissantes de changement dans l'intérêt de nos peuples ou nous retrancher derrière des remparts de protectionnisme » Dans le même sens, son homologue Fidel Castro déclarait : « Crier A bas la mondialisation équivaut à crier A bas la loi de la gravité ».

Extraits

[...] En fait, l'informatique est l'instrument le plus efficace jamais conçu pour accélérer la centralisation du pouvoir. Les opérations que nous y faisons sont également réalisées par les multinationales, mais à l'échelle mondiale et avec des moyens incomparables, qui leur permettent en un clic d'obtenir des résultats concrets : construction d'énormes infrastructures . En termes politiques : les nouvelles techniques de communication assistent bien plus efficacement l'entreprise conservatrice d'industrialisation et de centralisation en faveur des milieux d'affaires et des grosses entreprises que celle, progressiste, de décentralisation au profit des communautés locales, qui subissent une perte nette (p112)». [...]

[...] La plupart des gens croient que les conflits ethniques sont la conséquence inévitable de traditions différentes. Dans le Sud on se rend compte que la modernisation exacerbe les tensions, mais on se hâte de conclure qu'il s'agit seulement d'une étape vers le progrès qui prendra fin lorsque le développement aura gommé les différences culturelles et donné naissance à une société entièrement sécularisée. (p82 Comparaison entre l'ancien et le nouveau Je reste persuadée que les gens étaient plus heureux avant le développement qu'ils ne le sont aujourd'hui. [...]

[...] Les États-Unis et le Japon ne commercent plus entre eux ; ils font partie l'un de l'autre (p221)». Il en va de même en Europe où il n'y a plus d'entreprises nationales, mais seulement des superfirmes européennes. De principes réglementaires et financiers permettant de maximiser les flux ininterrompus de ressources entre nations sont élaborés en permanence. Chaque communauté doit atteindre le coût de production le plus bas possible, même si cela oblige à rompre ce qui reste du contrat social et des traditions séculaires. [...]

[...] Quand les constructeurs automobiles évaluent le niveau de sécurité de certaines normes de production, ils calculent le nombre probable d'accidents et de morts liés à chaque niveau de normes. Les chiffres obtenus sont ensuite comparés au coût des assurances et des procès intentés par les familles des victimes. On chiffre également la question des relations publiques et on fait la balance Cette tendance à La tendance à quantification se manifeste dans tous les aspects de l' activité de l'entreprise. Du côté de la production, on mesure le temps de chaque opération dans le but de les segmenter pour ensuite automatiser et éliminer ainsi toute la main-d'œuvre. [...]

[...] Les technologies de l'énergie, l'automobile, la télévision et les ordinateurs seront de nouveau jaugés sous cet éclairage. Nous nous laissons passivement envahir par les nouvelles technologies, elles font partie intégrante de notre quotidien, mais nous oublions qu'elles ont des implications politiques. Certaines innovations techniques en effet transforment la société plus spectaculairement que ne le ferait n'importe lequel de nos élus. Notre immersion totale dans l'univers de l'informatique par exemple, a révolutionné et révolutionnera encore notre vie que ne peut le faire notre président, qu'il soit de droite ou de gauche ; sans nous avoir consultés par avance. [...]