Dans L'euro est-il un échec ?, Michel Devoluy s'interroge sur les attentes qu'avait suscité l'euro, sur le bénéfice réel qu'en a tiré l'Union européenne, mais aussi sur les choix qui ont été effectués en la matière et leur pertinence, et enfin les perspectives de survie face à crise des dettes souveraines. Nous pouvons alors nous demander en quoi la crise des dettes souveraines en zone euro a-t-elle révélé les insuffisances et les faiblesses de construction de la monnaie unique.
L'auteur commence son argumentation par évoquer les raisons et les étapes clés de la construction de l'euro. Après trente ans de coopération monétaire, l'euro devient en 2002 la seule monnaie légale de la zone euro. L'intégration monétaire apparaissait alors dans la continuité de l'intégration économique.
[...] Ibid., p.139-145. Michel Aglietta, L'austérité est-elle la solution à la crise Regards croisés sur l'économie, 2012/1 p.79-80. Jean-Paul Fitoussi, loc. cit., p.74. Michel Devoluy, op. cit., p.152-165. Michel Devoluy, p.147. Ibid., p.178. Idem. [...]
[...] A l'époque des travaux préparatoires pour la mise en place de la monnaie unique, le rapport Delors s'assimilait à une contribution technique voulant orienter l'Europe vers une intégration politique. Mais l'interprétation qui en a ensuite été faite à travers le Traité de Maastricht et les traités suivants peut aujourd'hui être remise en question. La crise actuelle que traverse la zone euro met en exergue les insuffisances et les faiblesses de la construction européenne, mettant ainsi en débat la pertinence des choix inspirés d'analyses économiques libérales. [...]
[...] Ainsi, l'Allemagne a pu faire prévaloir ses idées d'inspiration ordolibérale. Depuis les années 1970, la doctrine libérale prédominait, s'inscrivant dans une tradition monétariste très stricte en matière d'inflation et de rigueur budgétaire. Cette doctrine est au centre du modèle allemand, et renvoyait, à l'époque, au miracle allemand d'une économie performante avec un modèle social stable[9]. De plus, la rigueur budgétaire est également en cohérence avec la pensée néoclassique qui conteste l'efficacité des politiques budgétaires stimulantes à la Keynes La zone euro a donc émergé dans un contexte de recul de l'interventionnisme et où la théorie keynésienne paraissait en retard Avec l'adoption d'une politique monétaire unique, toute possibilité de pratiqué un policy mix disparait. [...]
[...] L'auteur parle ainsi d'un fédéralisme monétaire à responsabilité limitée avec cette clause du no bail-out qui interdit à la BCE d'agir en tant que prêteur en dernier ressort pour éviter toute défaillance financière d'un des membres et dissuader la pratique de politiques trop laxistes. Mais ce type de règles a des limites, qui ont été mises en exergue par la crise de la dette, lorsque la défaillance d'un Etat est inévitable et qu'il menace la crédibilité de toute la zone. C'était le cas de la Grèce en 2010. L'Union a ainsi misé sur des convergences nominales (taux d'inflation, taux d'intérêt et état des finances publiques) mais a sous-estimé l'importance que jouent les solidarités entre Etats. [...]
[...] Cette théorie se révèle donc intéressante pour estimer ou du moins se demander si la crise actuelle de la zone euro était réellement imprévisible. En effet, une zone monétaire optimale repose sur une certaine homogénéité des préférences collectives et des institutions. L'Union a manifestement sous-estimé les obstacles que posait cette hétérogénéité des économies nationales dans la gestion d'une monnaie unique. Les conditions théoriques pour la constitution d'une zone monétaire optimale n'étaient donc pas réunies au moment du passage à l'euro, ce qui était d'ailleurs impossible en l'absence d'une intégration politique préalable. [...]
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