Régulation politique de l'économie, internalisation de la notion d'environnement durable sont autant de problématiques à prendre en compte dans un système qui compte à sa base 300 millions d'actionnaires. Le pouvoir décisionnel de spéculation boursière de la moitié de ces actionnaires est confié à des gestionnaires qui eux ne sont plus que quelques milliers.
Aujourd'hui le capitalisme, car il offre l'espoir et la possibilité de réussite ou de profit à tous, est communément accepté. Au-delà de l'inexistence d'alternative, ce système a produit de façon durable une croissance dont les retombées ont été sur le long terme bénéfiques pour tous. Mais actuellement la croissance secrétée par le capitalisme est unique et atypique en ce sens que l'augmentation des richesses s'accompagne d'un développement disproportionné et d'inégalités croissantes sous le signe de la mondialisation.
En premier lieu, les États ont perdu toute emprise et tout pouvoir de régulation sur l'économie. Brettons Woods dissociait commerce et finance et fixait l'économie au cadre national. Mais la mondialisation permise par la liberté des capitaux a conduit à un déplacement d'échelle : les États n'ont plus d'emprise sur le territoire, car il est marginal aux yeux d'un mouvement mondial de flux. Parallèlement, les classes sociales n'existent plus au sens marxiste du terme, il n'y a donc plus de conflits de classe, le capitalisme est accepté unanimement et l'État perd son rôle régulateur.
Dans un second temps, la volatilité des capitaux sur les places financières conduit à renforcer la logique de spéculation à outrance. Ce phénomène d'opinion est d'autant plus effectif que renforcé par le rôle des analystes financiers qui tiennent lieu de prophète pour les actionnaires.
[...] [ ] Le capitalisme moderne est à la fois désintermédié et institutionnalisé. 49) Globalement de New York à Tokyo et de Stockholm à Johannesburg, près de la moitié des actions détenues dans le monde le sont de manière indirecte. Là est le changement décisif : alors que la détention directe d'actions par les individus s'accompagnait le plus souvent d'une dilution du contrôle exercé par les apporteurs de capital et laissait le pouvoir à la direction de l'entreprise, la concentration des titres dans les mains d'une nouvelle catégorie d'institutions, les gestionnaires de fonds, soumis par la concurrence et la réglementation à un devoir de bonne gestion des intérêts des épargnants (les futurs retraités), a transformé profondément la nature des relations entre mandants et mandataires dans un capitalisme anglo-saxon dont les bases financières se sont simultanément beaucoup élargies. [...]
[...] Parallèlement, les actionnaires sont fondus dans des groupes d'investisseurs institutionnels ou de fonds de pension. Mais l'augmentation de la taille des entreprises ne signifie pas pour autant une augmentation de l'efficacité industrielle. Celle-ci ne repose que sur une augmentation de la capitalisation boursière qui leur permet à leur tour de s'agrandir à coût de rachats pour satisfaire l'actionnariat et faire gonfler la valeur boursière indépendamment d'une efficacité industrielle. Le capitalisme financier pousse à ce que, dans chaque grand métier, il n'y ait plus à l'échelle mondiale qu'un tout petit nombre d'opérateurs dominants. [...]
[...] L'harmonie d'intérêts entre dirigeants et actionnaires était ainsi, depuis fort longtemps, diversement affirmée : par le mythe de la démocratie actionnariale aux États-Unis, par le despotisme éclairé des gestionnaires des structures d'intermédiation en Europe. Dans les deux cas, elle était érigée en dogme. 28) Très vite donc les actionnaires se sont rendu compte qu'ils avaient moyen de ne concourir qu'à leur intérêt propre : en spéculant à court terme pour sanctionner l'inefficacité des dirigeants. L'harmonie présupposée entre gestionnaire et pourvoyeur de fonds n'est donc plus. [...]
[...] Il faut noter que le revenu des actions est supérieur à celui de tout autre placement. Le revenu des mêmes actionnaires n'a cessé de croître rapidement au point dans chaque pays de doubler tous les vingt-cinq ans par rapport au revenu national. [ ] Dans une économie équilibrée, aucune composante ne peut croître durablement plus vite que la production tout entière. 44) Le vieillissement démographique est en outre une composante à inclure dans cette accumulation de pouvoir entre les mains des actionnaires. [...]
[...] De plus, les tâches sont désormais divisées dans l'entreprise entre dirigeants, dirigeants indépendants dont la tâche est de surveiller et les actionnaires = Corporate gouvernance. Le capitalisme est donc devenu dissocié. Si le capitalisme et partout, il est partout dissocié. Le capitalisme n'est plus directement saisissable [ ce qui suffit à rompre avec l'idéal révolutionnaire. Rompre avec le capitalisme, c'est rompre avec qui ? 37) [ ] La règle du jeu est sans ambiguïté : le succès personnel du manager, la pérennité de sa situation dépendent de la bonne exécution d'un devoir impérieux, la création de valeur au profit des détenteurs de capital. [...]
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