« Nous sommes désormais tous keynésiens ». Attribuée selon les spécialistes à Nixon, son secrétaire d'Etat au Trésor John Connally, ou même à MILTON FRIEDMAN, cette citation, véritable reconnaissance de dette théorique et pratique (Nixon et Connally proposent ainsi en 1972 un déficit budgétaire prévisionnel de 25 milliards de dollars), sonne aujourd'hui joliment et réconforte nos oreilles apeurées. Elle rappelle d'autres reniements (au cœur du krach boursier de l'Automne 2008, Nicolas Sarkozy ne s'interrogeait-il pas à voix haute devant le Parlement européen : « Suis-je devenu socialiste ? Peut-être »), caractéristiques de cette période où les certitudes vacillent. Surtout, elle invite à se demander pourquoi le retour en grâce de KEYNES est si puissant en 2008/2009 : un vent de panique souffle en fait sur la planète car « l'impensable est arrivé », à savoir les faillites de Lehman Brothers, l'une des meilleures signatures du marché, et celle de l'Islande, l'un des Etats les plus riches de la planète (Matthieu PIGASSE & Gilles FINCHELSTEIN, Le Monde d'Après, une crise sans précédent, Plon, 2009).
Dès lors, on peut se demander si l'on peut compter sur une politique de relance pour résoudre cette crise ? Un détour par l'histoire économique et la pensée même de J.M. Keynes semble nécessaire. La politique de relance peut se définir comme l'action publique visant à faire repartir l'activité. Les politiques de relance sont diverses : on distingue généralement la politique de relance budgétaire (hausse des dépenses publiques ou baisse des impôts) de la politique de relance monétaire (baisse des taux d'intérêt, injections de masse monétaire). Les politiques de relance visent généralement à résorber une crise. La crise peut se définir comme un ralentissement brutal de la croissance économique, qui se mesure par la dégradation des principaux indicateurs macroéconomiques.
Si relancer s'avère nécessaire en cas de crise avérée, quelles sont les conditions de possibilité d'une relance efficace ? Comment concilier résorption de la crise à court terme et régulation de ses déterminants structuraux à long terme ? Peut-on compter réellement sur ces politiques de relance, c'est-à-dire, MESURER l'impact d'une relance et AVOIR CONFIANCE dans le politique pour relancer la machine ?
[...] Il s'agit d'une mise en échec frontal du modèle keynésien qui affirmait que la trappe à liquidité était la situation décrivant l'économie américaine des années 1930. Le Japon a connu dans les années 1990 une crise majeure. Les remèdes keynésiens n'ont pas pu le sortir de l'ornière où son économie était embourbée. Les quatre mises en échecs Ce modèle keynésien est séduisant au point de constituer un guide idoine apparemment adapté à toute situation de crise. Or il est bon de rappeler que les hypothèses mêmes d'IS-LM limitent son champ d'application. [...]
[...] Il s'agit d'une polémique d'ampleur, qui concerne tant le plan d'Obama que les renoncements sarkozystes quant au Grenelle de l'environnement. Toute relance budgétaire est ainsi minorée par un fort taux d'épargne. Ainsi, on peut imaginer que les pays qui épargnent le plus sont ceux qui bénéficieront le moins d'une politique de relance. Les taux d'épargne sont respectivement les suivants : aux Etats-Unis en France, environ 40% en Chine. Une relance budgétaire aurait ainsi un impact beaucoup plus conséquent dans le cas américain que dans le cas français. [...]
[...] Preuves par l'absurde Picorer des exemples dans la réalité ne prouve rien. Mais c'est ce qu'on est obligé de faire dans une copie. Pour nourrir la réflexion, on peut comparer cependant les succès relatifs des différentes politiques face à une crise. Avec la Grande Dépression, on dispose d'une expérience quasi naturelle afin de départager ces politiques. Les succès de politiques expansionnistes comme celles du Front Populaire ou des New Deals de Franklin D. Roosevelt apparaissent très probants quand on les compare aux politiques déflationnistes menées précédemment. [...]
[...] Les politiques de relance peuvent également se révéler efficaces face à un autre symptôme de la crise : le chômage. Selon l'économiste Lipsey, qui reprend en 1958 les travaux du néo-zélandais Phillips, il existe une corrélation négative entre taux d'inflation et taux de chômage, une forte inflation se traduisant par une baisse du chômage et réciproquement. La politique de relance permet de réaliser cet arbitrage, car elle s'accompagne d'une inflation, du fait de l'augmentation du revenu disponible. Si le taux de chômage flambe du fait d'une crise économique, la relance par l'inflation permet de le réduire. [...]
[...] C'est sans compter une autre fuite, celle du commerce international. La deuxième fuite réside en effet dans l'ouverture commerciale. Si le multiplicateur de dépenses est supérieur dans le cas américain, rien de dit que ces dépenses se portent sur des produits fabriqués par des salariés américains. C'est tout l'enjeu de la clause protectionniste contenue dans le plan Obama : Buy American (acier). Or, la mondialisation commerciale a connu un essor spectaculaire depuis 1945. La relance française de 1981- 1982, menée par Pierre Mauroy a ainsi été un échec cuisant. [...]
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