En 1937, John Hicks réalisait la synthèse des théories classique et keynésienne au travers du modèle IS-LM (affiné ensuite avec la prise en compte de la balance des paiements). Cette approche permet de comprendre les rôles respectifs des politiques budgétaire et monétaire. En effet, ces deux instruments n'agissent pas sur les mêmes variables et par conséquent une coordination s'avère nécessaire pour répondre à des situations économiques complexes. Globalement, la politique économique doit répondre à trois objectifs que sont le plein emploi, la stimulation de la croissance et la stabilité des prix. La difficulté vient de ce que la recherche de ces objectifs crée des contradictions qui peuvent être néanmoins surmontées par le biais de la coordination des instruments.
La justification théorique d'une coordination des instruments plutôt que d'une utilisation séparée repose sur la théorie des jeux et l'équilibre de Nash (équilibre sous-optimal). Transposée à la politique économique, cette théorie prend le nom de « chicken game » (in Y. Echinard, La zone euro et les enjeux de la politique budgétaire, 1999, PUG) et décrit le jeu destructeur issu d'une mauvaise coordination. Il s'agit donc de combiner les deux instruments en suivant la règle de Mundell selon laquelle chaque instrument doit être affecté à la poursuite de l'objectif pour lequel il a l'efficacité relative la plus forte. Ainsi, la politique monétaire doit être affectée à la recherche de l'équilibre externe et la politique budgétaire à celle de l'interne.
Mais ces règles théoriques sont par définition trop statiques pour éclairer les enjeux de policy mix. L'étude du policy mix de base (politique budgétaire et politique monétaire) doit donc être abordée de façon empirique. L'analyse du policy mix américain depuis 1980 (I) permettra de comprendre quelles sont les possibilités de coordination, leurs avantages et leurs inconvénients. Puis le cas européen (II) éclairera les débats plus récents et les problématiques plus complexes liées à la mise en place d'une politique monétaire unique. En effet, l'Union Européenne constitue désormais un cas particulier puisqu'il faut d'une part coordonner une politique monétaire avec des politiques budgétaires et d'autre part coordonner les politiques budgétaires entre elles.
[...] Echinard, La zone euro et les enjeux de la politique budgétaire, PUG. J. Généreux, Economie politique, t.3, Les Fondamentaux. Rapports du CAE et La Documentation française. des éléments sur le policy mix japonais, The Economist, 16/22 fev 2002 R. Boyer, Le gouvernement économique de la zone euro, La Documentation française. chiffres rapport RAMSES 2002 (source OCDE), Dunod Annexe : points théoriques sur les politiques économiques La politique budgétaire Une politique budgétaire expansionniste déplace la courbe IS vers la droite. En effet, cette politique, en injectant des dépenses ou des revenus supplémentaires dans le circuit économique, exerce un effet multiplicateur = 1 / sur la production, dont l'ampleur est mesurée par le déplacement latéral de IS. [...]
[...] La politique monétaire Une politique monétaire expansionniste déplace LM vers la droite. Sur le marché monétaire, l'offre de monnaie supplémentaire fait baisser le taux d'intérêt, ce qui stimule l'investissement privé, qui a à son tour un effet multiplicateur sur le revenu. Inversement pour une politique monétaire restrictive. On résume ainsi l'enchaînement des effets : Politique( baisse du taux d'intérêt (fort)( hausse de l'investissement (forte)( effet multiplicateur (fort) On remarque d'une part que les conditions d'efficacité des deux instruments ne sont pas identiques et d'autre part qu'ils n'ont pas les mêmes effets. [...]
[...] Mais les Etats membres peuvent attendre une diminution de la charge de leur dette par une baisse des taux d'intérêt avant d'entamer un retour à l'équilibre. Une absence de coordination des politiques budgétaires et de la politique monétaire conduit à une situation caractéristique du dilemme du prisonnier (jeu non-coopératif). Il y a un risque de jeu destructeur entre une politique monétaire restrictive et une politique budgétaire expansionniste. Chacun se lance dans une surenchère pour compenser la politique de l'autre : la politique monétaire tente de contenir les tensions inflationnistes et la politique budgétaire de contrer la hausse du taux d'intérêt. [...]
[...] II - La coordination des politiques budgétaire et monétaire s'avère être beaucoup plus complexe au sein de la zone euro La particularité de la zone euro est de combiner une politique monétaire unique avec un ensemble de politiques budgétaires nationales. La coordination des deux instruments de politique économique passe au préalable par une coordination des politiques budgétaires entre elles (CAE, Questions européennes, n°27). Une coordination nécessaire mais délicate à mettre en œuvre La coordination des instruments de politiques économiques dans la zone euro est plus complexe mais aussi plus nécessaire que dans le cas d'une situation classique. [...]
[...] L'effet d'éviction financière est limité par l'afflux de capitaux étrangers, mais il laisse la place à un effet d'éviction par le taux de change. L'expansion monétaire, pour sa part, se traduit par une baisse du taux d'intérêt, par des sorties de capitaux et par une dépréciation du taux de change. Celle-ci exerce un effet stimulant sur la demande étrangère, effet qui vient renforcer celui de la politique monétaire. [...]
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