Bien que les banques centrales n'aient pas pour objectif principal la stabilisation financière, ce sont ces dernières qui interviennent par le biais de leurs taux directeurs et d'injections de liquidités afin de rétablir la stabilité lors d'une crise financière. Les banques centrales de l'OCDE sont des entités relativement homogènes mais elles n'adoptent pas pour autant les mêmes politiques en temps de crise, comme ce fut le cas de la Fed américaine et de la BCE cette année. Elles concentrent pourtant toutes deux la plupart des critiques de la gestion de la crise dite des « subprimes ». Parmi ces critiques se trouve celle adressée à la Fed qui mènerait une politique monétaire expansionniste génératrice d'aléa moral. Ce type de politique a notamment pour effet de soutenir des investisseurs qui ont pris des risques inconsidérés et les protège ainsi de leurs propres prises de risques (I) car en l'état actuel l'aléa moral ne fait pas ou peu partie des éléments pris en compte par les banques centrales pour gérer les crises financières (II).
[...] Avec cette certitude d'une intervention publique généreuse, la prise de risque est encouragée car l'investisseur sait par avance que ses pertes seront mutualisées. De nombreux comportements à risque ont ainsi été validés par les banques centrales venues au secours des imprudents. On peut évoquer en premier lieu l'intervention de la banque centrale pour sauver LTCM grâce à la mutualisation de fonds venus de plusieurs banques. Plus récemment, on peut évoquer l'intervention de la Fed pour sauver Bear Stearns ou encore Northern Rock au Royaume-Uni, placée sous l'égide de la Bank of England afin d'éviter sa faillite. [...]
[...] L'aléa moral et ses conséquences sur la pérennité des cycles de crises sont peu pris en compte car la stabilité financière ne fait pas partie des missions fondamentales des banques centrales. De plus, les banques centrales se coordonnent peu en dehors du comité de Bâle. Or dans ce contexte d'interconnexion, une meilleure coordination pourrait favoriser une prise en compte plus globale de la stabilité financière. Pour l'heure, elles ont en revanche un rôle de prêteur en dernier ressort qui considère davantage l'intérêt de la liquidité par rapport à celui de l'aléa moral. [...]
[...] Si ce constat paraît moralement injustifiable, il s'explique par la priorité que se donnent les banques centrales : éviter à tout prix la contagion et le risque systémique induit par une faillite isolée, qui semble justifiée, mais au coût trop élevé pour l'économie. Une modification de l'architecture financière pourrait éventuellement accorder plus de place à l'aléa moral, avec une meilleure coordination ou une intervention en amont pour limiter l'attrait de la prise de risque. Ainsi les banques centrales n'interviendraient plus uniquement au moment de socialiser les pertes. [...]
[...] La gestion interne des risques semble s'être considérablement améliorée et une entité ne concentre plus sur elle tous les risques. Ce sentiment de protection est favorable à l'aléa moral et à une prise de risque toujours plus grande pour plus de rendement. La distribution du risque aux acteurs a étendu l'aléa moral à ces acteurs, tout en augmentant le risque systémique : il y a de plus en plus d'entités qui prennent des risques parfois inconsidérés, il sera alors d'autant plus difficile de punir les responsables. [...]
[...] En raison du décloisonnement, une faillite peut avoir des répercussions sur beaucoup d'autres segments du marché. Les banques centrales injectent des liquidités afin d'éviter que le marché interbancaire ne demeure illiquide car cela paralyserait toute l'économie. Il est surtout mis à la charge des banques centrales de baisser les taux directeurs pour envoyer des signaux forts au marché pour rétablir la confiance. Cela fait partie d'une gestion active de la crise qui incombe aux banques centrales afin de rassurer le marché. Seul moyen semble-t-il de rétablir la confiance. [...]
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