Depuis une trentaine d'années, les conditions d'élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques ont connu de profondes transformations. Ces changements contribuent progressivement à modifier la perception que nous pouvons avoir de la place et du rôle de l'Etat dans l'espace public.
A partir de la crise des années 70, le référentiel modernisateur tend à perdre sa capacité d'interprétation du monde. Il perd progressivement de sa force et on se met à penser que l'Etat n'est plus en mesure de faire face aux problèmes : des entreprises apparemment bien installées sont balayées, chômage et inflation croissent ensemble, les systèmes de protection sociale n'empêchent pas la montée de l'exclusion et le service public devient synonyme d'archaïsme.
[...] Cependant, la théorie et la réalité diffèrent bien souvent. On peut se demander si ce nouveau référentiel a permis dans les faits d'apporter des réponses concrètes aux différents problèmes. Plus précisément, il s'agit de se demander ce qu'il en est dans les faits (c'est-à-dire concrètement) de la vision idéologique du libéralisme (notion de gouvernance avec une rationalisation de l'action publique par la multiplication des acteurs non politiques à la prise de décision et l'importation du modèle de gestion des entreprises privées au secteur public). [...]
[...] - la remise en cause des médiations corporatistes c'est-à-dire des instances chargées de représenter auprès des autorités publiques les divers intérêts sociaux, les syndicats principalement. Cette crise de légitimité s'explique largement par une grande difficulté à penser la crise économique autrement que dans les termes classiques de la critique radicale du capitalisme. L'autre élément de cette crise identitaire a été la prise en compte de l'échelon européen et la difficulté à admettre et à mettre en pratique en même temps des stratégies d'action nationale et européenne. Les responsables syndicaux et patronaux ont éprouvé beaucoup de difficultés à se projeter hors du cadre national routinier. [...]
[...] Il faut donc mettre l'accent sur la multiplicité et la diversité des acteurs qui interviennent ou peuvent intervenir dans la gestion des affaires publiques. La crise de la gouvernabilité invite en effet les Etats, les collectivités territoriales, les organismes internationaux ou les différentes régions du monde à se tourner vers des interlocuteurs, tels que les organisations à but non lucratif, les entreprises privées et les citoyens, qui sont en mesure de trouver des solutions aux problèmes collectifs que rencontre la société L'efficacité du référentiel libéral (référentiel de marché) D'un point de vue restrictif, la notion de gouvernance n'est envisagée que sous l'angle des modes de coordination permettant d'améliorer l'efficacité de l'action publique. [...]
[...] -la décentralisation et le développement de politiques publiques locales qui vont s'ajouter aux politiques communautaires pour mettre en question l'Etat central et contester la suprématie des administrations déconcentrées. Le référentiel libéral s'est alors imposé parce qu'il est apparu apte à un moment donné d'apporter des réponses adaptées à une série de problèmes nouveaux que les acteurs publics ne parvenaient pas à surmonter en recourant aux instruments de la machine à outils keynésienne et ne parvenaient pas non plus à se réformer ou à s'adapter. [...]
[...] La gouvernance apparaît alors comme la meilleure réponse possible aux contradictions engendrées par le développement politique et social, comme un moyen de répondre à la crise par de nouvelles formes de régulation. Il ne s'agit pas ici d'un jugement moral vis-à-vis des politiciens mais une analyse du système d'incitations qui oriente leurs comportements. Les dirigeants politiques seraient incapables de résister aux pressions des groupes d'intérêts, aux organisations patronales, aux syndicats ; il faudrait donc les mettre à distance de l'action publique en dépolitisant l'action publique. [...]
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