Dans un contexte de développement des échanges financiers, l'économiste néo-keynésien James Tobin a proposé, en 1978, la mise en place d'une taxe sur les transactions de change.
L'idée semble pourtant avoir été depuis lors abandonnée en raison des vives réactions des milieux financiers. Cependant le renforcement considérable des transactions financières depuis le début des années 2000 ne cesse de rendre attrayante une taxe qui même minime apporterait un nombre considérable de fonds et les nombreuses crises financières qui se sont succédé depuis les années 1990 ont relancé l'idée d'une régulation des marchés financiers. Cet espoir peut-être illusoire de profits considérables laisse rêver sur leurs utilisations pour éradiquer les problèmes de pauvreté, de santé ou d'inégalité s de développement dans le monde. Par ailleurs, cette taxe a comme avantage de concerner les spéculateurs traditionnellement mal vus par les populations, d'où un certain succès auprès de l'opinion et de certaines associations. Elle sert aussi de symbole de régulation de la mondialisation économique et financière, qui inquiète les citoyens.
Comment expliquer qu'en dépit d'une apparente simplicité du principe de la taxe Tobin, dont la mise en place a déjà été observée par le passé, celle-ci persiste à être ignorée, contestée?
Faut-il y voir la responsabilité de modalités trop complexes au vu de la situation actuelle des marchés financiers ou de considérations idéologiques, politiquement ou économiquement, greffées sur la proposition de taxe?
[...] Par ailleurs, les questions de la fourchette des taux applicables et de l'assiette des transactions concernées ne sont également pas résolues. Les taux peuvent varier de 0,01% à mais la fourchette la plus envisageable serait de 0,02% à 0,05%. Ce choix d'un taux faible répond à la nécessité de limiter l'impact négatif sur le volume des transactions. De même, la question se pose d'intégrer les transactions interbancaires qui constituent la majeure partie des transactions. résulte de la divergence des objectifs souhaités. [...]
[...] Cependant plusieurs économistes s'opposent à l'analyse monétariste, tel James Tobin, prix Nobel en 1981 pour ses travaux sur la théorie du choix de portefeuille renvoyant en partie à la théorie de la préférence pour la liquidité keynésienne. Ce dernier propose en 1978 l'instauration d'une taxe sur les transactions de change, qu'il réitérera en 1995. En quoi consiste la taxe Tobin ? La diversité des moyens à mettre en œuvre Entre 1978 et aujourd'hui, la taxe Tobin a été réévaluée à maintes reprises en termes d'objectifs et de moyens à mettre en œuvre. [...]
[...] La taxe Tobin ne peut être considérée ni comme une totale idiotie (Mundell), ni comme une panacée. Si ses objectifs la rendent digne d'intérêt, sa mise en œuvre complexe et controversée ainsi que le manque de volonté et de coopération des États persistent à la rendre difficilement crédible, d'autant que certaines alternatives sont apparues (Union monétaire, autres sources de financements). Annexe Alternatives économiques, 32, avril 1997 (extrait) Le triangle des incompatibilités de Robert Mundell (http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/dda/finances/dda4_i2.html) Bibliographie - Damette Quel avenir pour une taxe Tobin? [...]
[...] Quelles alternatives ? Afin de réformer les systèmes monétaire et financier internationaux, les propositions sont aussi nombreuses que controversées. Certaines actions ont déjà été mises en place au travers des divers Accords de Bâle qui imposent aux banques de conserver une part des dépôts reçus ou des crédits consentis afin de parer à des crises de liquidités (ratio Cooke de et souhaitent interdire aux banques de souscrire des crédits si elles ne disposent pas de suffisamment de fonds propres. D'autres taxes ont été proposées, aux objectifs plus modestes, pouvant être instaurées unilatéralement et aux effets plus limités. [...]
[...] Les objectifs de la taxe Tobin sont eux-mêmes controversés. La taxe Tobin a pour objectif économique de restaurer au moins partiellement l'autonomie de la politique monétaire des États face à la totale liberté de circulation des capitaux et de la monnaie. La théorie des incompatibilités de Mundell nous apprend qu‘il est impossible d‘avoir conjointement la liberté des capitaux, la stabilité des taux de change et l‘autonomie des politiques monétaires (voir annexe: Théorie des incompatibilités de R. Mundell). Ainsi afin de restaurer en partie la politique monétaire, il est nécessaire pour Mundell de limiter un autre paramètre et notamment la liberté de circulation des capitaux. [...]
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