Force est de constater qu'à l'heure actuelle le postulat selon lequel « la politique extérieure commence là où s'arrête la politique interne » est de moins en moins probant. En effet, les politiques d'un État, qu'elles soient extérieures ou internes, semblent désormais de plus en plus imbriquées. Le principal phénomène à l'origine de ce lien croissant est sans doute l'établissement d'un monde hyperglobalisé.
En effet, la mondialisation conduit à l'effacement des frontières étatiques favorisant la libre circulation des capitaux, des biens, et des personnes. L'accélération de ce phénomène, accentuée par le développement très rapide des nouvelles technologies et la révolution de l'information, confirme la mutation de notre monde en un « village planétaire ».
La mondialisation entraîne donc au niveau même de l'État, une redéfinition des frontières externes, qui impacte par conséquent sur le niveau interne. La distinction entre le domaine de la politique intérieure (celui de la sécurité des citoyens sur le territoire même de l'Etat) et celui de la politique extérieure (celui de la préservation de l'intégrité et l'autonomie de l'ordre intérieur de l'Etat) s'estompant fortement, les limites entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure sont par conséquent de plus en plus floues et ambigües, en raison de menaces et risques plus nombreux, plus diversifiés et à forte composante transnationale.
[...] L'inefficacité de l'Etat face aux réseaux financiers globaux Le raisonnement dual en termes d'interne et d'externe devient même complètement inopérant lorsque l'on traite de problématiques telles que celles du blanchiment d'argent : l'échelle étatique n'est pas pertinente, la question doit être traitée au niveau mondial. Plus encore les souverainetés nationales, particulièrement importantes dans les domaines de la police et de la justice, constituent même un obstacle, comme le souligne le juge Halphen : il faut cinq minutes pour déposer un million de francs aux Pays-Bas, cinq autres minutes pour le transférer sur un compte britannique, cinq de plus pour le transférer une nouvelle fois sur un compte en Suisse. [...]
[...] Cette gestion multilatérale des problématiques migratoires traduit ainsi une volonté de sécurisation des frontières nationales. Si le continuum sécurité intérieure / sécurité extérieure est aujourd'hui particulièrement pertinent en raison de la perte de sens de la notion de frontière liée à une facilitation des déplacements et d'une plus grande porosité entre les problématiques internes et externes, sa réalité a également été accentuée par un phénomène récent, la volatilité et la dématérialisation des menaces, à travers les TIC, notamment Internet. II. [...]
[...] Le continuum sécurité intérieure / sécurité extérieure comme conséquence de la perte de sens de la notion de frontière L'internationalisation des échanges a induit également un changement des atteintes économiques, criminelles mais aussi migratoires à la sécurité des Etats, au point de disqualifier la notion même de frontière. Désormais, nous remarquons à la fois une assimilation de l'ennemi intérieur et de l'ennemi extérieur et une gestion à distance de certains problèmes de sécurité intérieure, tels que l'immigration A. Assimilation de l'ennemi intérieur et de l'ennemi extérieur Les enjeux sécuritaires du système international sont aujourd'hui caractérisés par la diminution des menaces immédiates aux frontières. Désormais, une partie importante des risques concernent des conflits asymétriques comportant une dimension internationale. [...]
[...] Il n'est désormais plus possible de situer cette dernière dans la seule perspective interétatique. Aujourd'hui le continuum sécurité intérieure / sécurité extérieure est plus pertinent que jamais, la notion de frontière se perd (qu'elle soit physique ou virtuelle), c'est une réalité tellement présente, que la société civile ne la perçoit plus à cause notamment de phénomènes tels qu'Internet ou de menaces telles que le terrorisme (le dernier rempart a cette notion étant la nationalité). La circulation des informations, des biens, des personnes, des menaces et des capitaux n'a plus de limite spatio-temporelle, ce qui conduit les gouvernants des différents pays à appliquer la même politique au niveau international qu'au niveau national, la politique extérieure étant de nos jours devenue la continuité logique de la politique intérieure (le meilleur exemple étant le combat contre le terrorisme ou les politiques sur l'immigration). [...]
[...] De la stratégie de puissance et d'influence de l'État français à l'intelligence économique défensive d'entreprise Sujet 23 : En vous appuyant sur des exemples, expliquez en quoi le continuum sécurité intérieure sécurité extérieure traduit par Alexis de TOCQUEVILLE Les démocraties mènent leur politique du dehors avec les raisons du dedans est-il une réalité ? Force est de constater qu'à l'heure actuelle le postulat selon lequel la politique extérieure commence là où s'arrête la politique interne est de moins en moins probant. [...]
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