Alors que pendant les Trente Glorieuses la politique monétaire française s'inscrivait dans la perspective keynésienne d'un arbitrage entre inflation et chômage pour réguler la conjoncture, au détour des années 1980, les objectifs assignés à la politique monétaire ont connu une profonde mutation. Désormais sous les feux des critiques des libéraux devant leur inefficacité apparente à réguler la stagflation dans un contexte économique nouveau de globalisation et de financiarisation, les politiques monétaires conjoncturelles se sont vues assigner un nouvel objectif perçu comme condition nécessaire et préalable au retour de la croissance : combattre l'inflation. Il convient alors de donner une définition plus précise de la politique monétaire. Elle est un instrument de politique économique à travers lequel les autorités monétaires en agissant sur des variables comme le taux d'intérêt, le crédit, le change influencent l'offre et la demande de monnaie mais aussi le comportement des agents en matière de financement et de détention d'encaisse. Quant au terme de régulation conjoncturelle on entendra des politiques menées sur le court terme ou des politiques agissant sur des variables économiques (croissance de PIB, niveau de prix/de l'emploi) à court terme. C'est cette définition même de politique monétaire conjoncturelle qui est devenue problématique avec le tournant des années 1980. En effet, dans les principales économies développées, la politique monétaire conjoncturelle semble avoir pris un tournant durable, structurel, celui de la stabilité des prix. Comment l'expliquer, qu'en est-il réellement et surtout peut-on encore accorder une place aux politiques monétaires dans la régulation conjoncturelle des pays développés ? C'est dans cette optique que l'on s'intéressera tout d'abord au rôle important qu'a tenu la politique monétaire dans la régulation conjoncturelle des principales économies développées de 1945 au début des années 1980 avant de nous intéresser au tournant structurel adopté par ces politiques monétaires et de l'analyser.
[...] On reconnaît bien là l'influence des libéraux ; les politiques monétaires conjoncturelles ont pris un caractère structurel et sont parfois même presque des politiques de règles. Une illustration de ce phénomène est celle de la politique de désinflation compétitive. Prenons le cas de la France qui l'a mise en place après la grande relance de 1981-1982 ; elle s'apparente alors beaucoup à une politique de régulation de la conjoncture puisque son but est de stopper l'inflation, mais se transforme progressivement en politique structurelle en modifiant progressivement l'appareil productif (on donne la priorité aux actions économiques qui peuvent améliorer leur compétitivité sans soutien par la fiscalité /le taux de change). [...]
[...] C'est le cas par exemple lorsque des entrepreneurs considèrent que la demande effective est déprimée ; les actions sur les taux d'intérêt restent alors inefficaces/sans conséquence. La hausse des investissements peut n'avoir également que des effets limités dans le temps/en intensité ; on fait ici référence au multiplicateur d'investissement : plus la propension marginale à épargner est faible et plus la hausse des investissements aura des effets durables et importants. Enfin, l'efficacité de la politique monétaire dans la régulation conjoncturelle dépend de l'existence de capacités de production inutilisées et du taux de chômage initial. [...]
[...] La découverte coll. Repères. - Dictionnaire d'analyse économique- microéconomie, macroéconomie, théorie des jeux, etc. Bernard GUERRIEN, ed.La découverte, collection Repères. [...]
[...] Ainsi, la politique monétaire de la FED a connu deux périodes distinctes depuis 2001 : face à la menace d'explosion de la bulle Internet, la FED a diminué à douze reprises son principal taux d'intérêt directeur qui est passé de à 1%. A contrario, la forte croissance américaine et la crainte d'un retour de l'inflation ont conduit la FED à relever ses taux d'intérêt à sept reprises. La politique monétaire est donc relativement accommodante : en cas de choc conjoncturel, elle n'hésite pas à soutenir la croissance économique. Les objectifs de stabilité des prix et de croissance économique ne sont donc pas incompatibles et les performances sont là. [...]
[...] Pour ces derniers, la politique monétaire est une action structurelle, définie par rapport à une règle relative aux variations de la masse monétaire et non un réglage conjoncturel : elle ne doit pas être soumise aux aléas de la conjoncture ni à l'appréciation des décideurs. On peut enfin percevoir l'influence des nouveaux classiques pour qui, du fait des anticipations rationnelles des agents économiques, la politique monétaire n'aura au final aucun effet positif, mais créera de l'inflation voire de la stagflation. [...]
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