L'objectif prioritaire de la Banque Centrale Européenne (BCE) est la stabilité des prix, tandis que le soutien aux politiques économiques générales de l'Union européenne, notamment en matière de croissance et d'emploi, ne constitue que le but secondaire. Or, à l'heure actuelle, les pays industrialisés traversent une crise économique de grande ampleur qui se traduit par un ralentissement brutal, et même dans certains cas par une contraction, de la croissance du PIB et d'une constante augmentation du taux de chômage.
En effet, même si les États-Unis ont connu un net rebond du PIB avec une croissance économique passant de -6,4 % au premier semestre 2009 à 2,8 % au troisième semestre, le taux de chômage américain dépassait les 10 % au cours du troisième semestre, une première depuis 1983.
De même, alors que la zone euro amorçait une timide sortie de la récession enregistrant une croissance de 0,4 % au troisième semestre après un taux de -2,5 % au premier semestre, elle connaissait un taux de chômage de 9,7 % au troisième semestre avec des situations alarmantes comme celle de l'Espagne dont le taux de chômage s'élevait à près de 18 % au cours de cette même période. Certains spécialistes n'excluent d'ailleurs pas la possibilité d'un retour à la récession en 2010.
Ainsi, la priorité donnée à la maîtrise des prix dans la politique monétaire ne constituerait-elle pas une forme d'aveuglement qui contraindrait les objectifs de croissance et de plein-emploi en cette période de crise économique ? L'inflation ne pourrait-elle pas alors s'avérer, sinon une solution, un moindre mal favorisant la croissance économique et limitant la progression du chômage ?
[...] Alors que l'inflation IPCH était de - en octobre ( . elle devrait redevenir positive au cours des prochains mois et rester à des taux modérément positifs à un horizon pertinent du point de vue de la politique monétaire. En cette période de crise où l'inflation n'est plus menaçante, l'objectif est ainsi de favoriser le refinancement afin de lutter contre la récession et de relancer l'activité économique. Cette stratégie de taux directeurs bas menée par la FED et par la BCE semble d'ailleurs porter ses fruits puisque l'OCDE prévoyait une croissance de aux Etats-Unis et de dans la zone euro en 2010. [...]
[...] La politique de désinflation compétitive a ainsi permis d'inverser la tendance à partir de 1983 avec un taux de marge qui passe de en 1984 à en 1989. Ainsi, malgré le tollé que rencontrait la décision de la BCE du 3 juillet 2008 de relever son taux directeur d'un quart de point à alors que la zone euro connaissait un ralentissement brutal et une progression inquiétante du chômage, il semble que la priorité donnée à la lutte contre l'inflation soit légitime. [...]
[...] En effet, alors que les prix à la production enregistraient une baisse record de aux Etats-Unis en octobre 2009, le taux d'inflation annuelle se réduisait à pour l'Union européenne et était même négatif pour la zone euro à cette même période. Cette situation amenait alors le premier ministre britannique Gordon Brown à déclarer le 19 novembre 2009 : l'an dernier et au cours des derniers mois le problème était l'inflation, une inflation combinée à la crise du crédit, l'an prochain le problème sera la déflation Face à cet état de fait, la stabilité des prix désignant une situation où il n'y a ni inflation, ni déflation, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, déclarait à Tokyo le 16 novembre 2009 : la stabilité des prix doit rester l'objectif premier de la politique monétaire Il réaffirmait ainsi la hiérarchisation des objectifs de la politique monétaire menée par la BCE énoncée par l'article 105 du traité de l'Union européenne stipulant que l'objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix. [...]
[...] L'existence d'une politique monétaire unique pour les seize membres de la zone euro paraît être néanmoins un défi ambitieux qui devient dès lors source de controverses. En effet, la zone euro se caractérise par la diversité des situations économiques de ses membres, si bien qu'une politique monétaire favorable à une majorité peut s'avérer à l'inverse néfaste pour une minorité. Un rééquilibrage peut alors être amorcé par le biais de la politique budgétaire qui demeure nationale ce qui peut en contrepartie contrecarrer les desseins de la politique monétaire. [...]
[...] Par conséquent, il semblerait que le maintien d'un certain niveau d'inflation permettrait de réduire le coût de la dette publique qui préoccupe les responsables politiques et les économistes. Cependant, si la hausse des prix diminue le poids de la dette des emprunteurs, il détériore en contrepartie la situation des prêteurs, ce qui peut alors affecter négativement le fonctionnement de l'économie. Par ailleurs, la réduction du coût de la dette par l'inflation permet également d'amplifier par effet de levier les perspectives de rentabilité d'un investissement en recourant à l'endettement. [...]
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