« Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat ». Par cette affirmation, le Président de la République soulignait récemment l'impact des perturbations financières sur l'économie réelle. En effet, les interactions entre sphère financière et sphère réelle, notamment en temps de crise, sont particulièrement marquées et posent la question de l'efficacité de l'intervention publique.
Aussi, pour prévenir une trop forte interaction entre sphère économique et sphère financière, le rôle des pouvoirs publics, à travers les politiques économiques, semble essentiel. Il concerne les choix stratégiques que l'Etat doit faire et les instruments qu'il peut employer afin de corriger les déséquilibres conjoncturels et structurels qui peuvent exister dans une économie. Les politiques conjoncturelles visent les infléchissements des cycles économiques (croissance, emploi, inflation) tandis que les politiques structurelles ont pour objectif d'augmenter le potentiel de croissance sur un plus long terme. Prévenir l'économie des perturbations financières implique pour les politiques économiques à la fois un rôle de prévention et un rôle de résolution de ces désordres.
[...] La France semble avoir renoncé à une relance par la consommation sur le modèle de 1981, car elle est trop coûteuse pour les finances publiques et pourrait inciter les ménages non pas à consommer, mais à épargner, les entreprises non pas à investir, mais à se désendetter ce qui serait sans effet sur l'activité économique. Les 26 milliards promis par le Président N.Sarkozy visent principalement les aides aux entreprises (remboursement par anticipation des dettes, aides aux PME) et les investissements publics (programmes d'infrastructures). De son côté, la Grande-Bretagne investit plus de 17 milliards d'euros pour une baisse du principal taux de TVA. Les politiques économiques sont donc très diversifiées. [...]
[...] Les moyens de préserver l'économie des perturbations financières sont donc multiples, mais relativement insuffisants. Il s'agit en effet d'assurer une coordination à l'échelle internationale pour à la fois prévenir les désordres financiers et les régler. La nécessité d'une coordination à l'échelle internationale Renforcer la coordination au niveau européen La coordination au niveau européen pour prévenir les perturbations financières n'est pas assurée et (re)lance la question d'un gouvernement économique européen. En effet, suite au sommet du 12 octobre 2008 réunissant les exécutifs des Etats membres dans le but d'adopter une position commune face à la panique financière, l'idée d'institutionnaliser ces sommets pour leur donner une légitimité politique plus forte a été avancée. [...]
[...] La croissance des besoins de financement va de ce fait entraîner une profonde mutation des systèmes financiers théorisée par Henri Bourguinat et la règle des 3 D : décloisonnement de l'économie, déréglementation et désintermédiation. Cependant, si dans la théorie économique orthodoxe, la globalisation financière répond aux besoins d'une économie toujours plus désireuse de mutualiser les risques et de maximiser les rendements, dans la pratique, la finance globalisée est en proie à des crises systémiques de plus en plus graves et dont la fréquence s'est accrue. [...]
[...] De plus, seuls quelques pays, notamment la France ou l'Espagne, font cet effort au prix d'un accroissement de leur déficit budgétaire. C'est pourquoi, pour préserver l'économie des perturbations financières, une politique budgétaire de grande ampleur, engagée dans tous les pays, d'application rapide et portant sur un large champ de l'économie est nécessaire. Si la volonté de préserver l'économie des désordres financiers est un objectif de politique économique vers lequel il faut tendre, il demeure, dans les faits, difficilement réalisable (II). [...]
[...] Avec la crise des subprimes les perturbations financières ont atteint les autres pays plus rapidement qu'en 1929 où il avait fallu deux ans pour qu'elles atteignent l'Europe alors que seulement quelques semaines se sont écoulées entre la faillite de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers et l'appel à l'aide de l'Islande. Les perturbations financières, notamment sous l'effet de panique, accélèrent fortement le ralentissement de l'économie : entre 1929 et 1932, aux Etats-Unis, le Produit National Brut a chuté de plus de le taux de chômage a monté jusqu'à 25% et ces effets réels ont été exacerbés par la baisse de l'offre de monnaie et la rigueur budgétaire (période pré- keynésienne). [...]
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