Les politiques économiques des Trente Glorieuses sont-elles condamnées ?

Résumé du document

Les « Trente Glorieuses », ainsi nommées par l'économiste Jean Fourastié, caractérisent la période marquée par de grands taux de croissance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 70 et le premier choc pétrolier, notamment pour la France, l'Allemagne, l'Italie et surtout le Japon. Cette époque est marquée dans les politiques mises en place par le paradigme keynésien, qui avait d'ailleurs déjà commencé à s'imposer dans les politiques de relance post-crise de 29 (avec le New Deal aux USA et la politique du Front Populaire en France), et une montée de l'État comme organisateur et régulateur de l'activité économique dans plusieurs pays de l'OCDE.

Extraits

[...] Ces politiques semblent d'abord difficilement applicables avec un capitalisme en constante mutation. Tout d'abord, les politiques de stop-and- go qui permettent de lisser le trend en temps de croissance pour l'accompagner, et en temps de récession pour relancer l'activité, sont relatives aux cycles notamment les cycles courts. Or, depuis plusieurs années, il n'y a pas de véritable retour vers une vraie période de croissance, donc il semble difficile de mener des politiques de stop-and- go. De plus, les politiques économiques des Trente Glorieuses sont portées par le dynamisme de la reconstruction, du rattrapage et de la transition vers un capitalisme hédoniste qui est plus en crise aujourd'hui, car basé sur la consommation et une économie de la demande. [...]

[...] Les politiques économiques des Trente Glorieuses sont-elles condamnées ? Les Trente Glorieuses ainsi nommées par l'économiste Jean Fourastié, caractérisent la période marquée par de grands taux de croissance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 70 et le premier choc pétrolier, notamment pour la France, l'Allemagne, l'Italie et surtout le Japon. Cette époque est marquée dans les politiques mises en place par le paradigme keynésien, qui avait d'ailleurs déjà commencé à s'imposer dans les politiques de relance postcrise de 29 (avec le New Deal aux USA et la politique du Front populaire en France), et une montée de l'État comme organisateur et régulateur de l'activité économique dans plusieurs pays de l'OCDE. [...]

[...] Ce d'autant que le tournant des années 80 et la globalisation financière, puis l'intégration de la France à la zone euro, ont modifié les modalités de financement des déficits publics, avec par exemple la fin du droit de seigneuriage en 1994. Les politiques économiques ayant fonctionné durant les Trente Glorieuses semblent donc complexes à mettre en place aujourd'hui du fait notamment d'un capitalisme en constante mutation. Ces politiques conservent pourtant encore un intérêt certain qui pourrait s'adapter à des structures économiques modernes. [...]

[...] Ce tournant de la rigueur et changement de paradigme va véritablement marginaliser les politiques des Trente Glorieuses qui paraissent, à ce moment-là, obsolètes. Il est symbolisé par la nomination à la tête de la Réserve Fédérale américaine de Paul Volcker, de confession plus libérale. Il privilégie une politique de forte hausse des taux d'intérêts américains et une politique monétaire restrictive qui s'accompagne, suite à l'élection de Ronald Reagan, d'une politique budgétaire elle aussi restrictive, malgré une baisse des impôts qui accroit le déficit budgétaire. [...]

[...] Face à l'échec des politiques néolibérales depuis déjà plusieurs années, qui n'ont pas su limiter le développement des travailleurs pauvres du chômage . dans les PDEM, on assiste déjà au retour à un certain keynésianisme, par exemple avec l'intervention des États pour sauver des banques de la faillite en 2008 (USA, France). Cette socialisation des pertes marque un relatif changement et un réengagement de l'État qui pourrait s'apparenter aux politiques de stop-and-go valables durant les Trente Glorieuses : soutien de l'État à l'investissement privé en période de récession pour rassurer les investisseurs, la consommation, et donc la demande effective. [...]